Les Echos Lundi 7 octobre 2019 ENTREPRISES// 23
n
Données de santé&Big Data
Pourquoi le Big Databouleverseautant le
monde de la santé?Médecine prédictive,
pharmacovigilance, épidémiologie. Quels
défistechniques, humains, éthiques et
réglementaires?Aucours de la journée :
un exemple détaillé deprojet Big DataSanté mené dansun hôpital.
Comment intégrer les clés deréussite d’un projet Big DataSanté?
Rendez-vous le 14novembre2019àParis
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LESECHOS
FORMATION
Dominique Chapuis
[email protected]
Une capacité de 5 millions de pièces,
plus de 35.000 entrées et sorties cha-
que jour. Le centre logistique flam-
bant neuf de Kering Eyewear, près de
Padoue en Italie, monte rapidement
en régime. Inauguré en septembre
après quelques mois d’activité, ce
bâtiment ultramoderne témoigne
du chemin parcouru par le groupe
de luxe français dans la lunette.
Cinq ans après la décision de
François-Henri Pinault d’internali-
ser la création des montures de ses
griffes, Kering est devenu un acteur
majeur du marché. « Nous sommes
désormais deuxième sur le segment
du luxe derrière Luxottica, avec près
de 20 % de parts de marché, annonce
tout sourire Roberto Vedovotto, le
PDG de la filiale. De zéro à héros. »
Le marché de la monture de luxe
est estimé à 3 milliards d’euros sur
un total de 13 milliards pour les
lunettes premium. En 2018, Kering
EyeWear, avec 15 marques (Gucci,
Saint Laurent, Balenciaga...) avait
ainsi atteint 500 millions d’euros de
chiffre d’affaires, soit un bond de
45 % comparé à 2017. Sur le premier
semestre, les ventes ont encore pro-
gressé à 321 millions d’euros. « Nous
avons été profitables dès la troisième
année, c’est une formidable réussite »,
affirme le dirigeant.
Partenariat avec Richemont
Après dix ans à la tête de Safilo
(l’autre géant italien des montures),
c’est ce dernier qui a eu l’idée de met-
tre en place ce modèle d’intégration.
Jusque-là, l’activité était développée
via des licences partagées entre
5 groupes (Luxottica, Safilo, Mar-
chon, Marcolin, Charmant) en
échange de royalties. Pas assez ren-
table selon Kering. En plus d’un rap-
prochement avec les marques et
leurs identités, cette reprise en main a
permis de réduire de 20 à 10 semaines
le temps entre la conception des col-
lections et leur mise en production.
LUXE
En cinq ans, Kering
est devenu le numéro
deux du marché
des montures de luxe.
Dans l’affaire, le partenariat avec
Richemont a été déterminant. En
2017, le groupe de luxe suisse est
devenu actionnaire de Kering
EyeWear à hauteur de 30 %. Avec
dans la corbeille Cartier et ses lunet-
tes très haut de gamme, qui ont fait
bondir les volumes du pôle. De
4,5 millions de pièces par an, ils sont
passés 5,7 millions.
Après les montures Gucci, Cartier
est désormais la seconde griffe de la
filiale devant Saint Laurent. « C’est
une marque iconique sur ce marché.
L’intégrer a été un moyen de progres-
ser et de se renforcer », reprend
Roberto Vedovotto. Les marques
Alaïa et Montblanc, également dans
le portefeuille de Richemont, ont
aussi rejoint cet ensemble. D’autres
marques du groupe suisse pour-
raient les suivre, au terme de leurs
contrats de licences.
C’est cette alliance qui a accéléré le
projet de construction du centre
logistique en Italie − aux Etats-Unis
et en Chine, Kering EyeWear conti-
nue de s’appuyer sur des prestatai-
res. L’entité a aussi renforcé son
poids vis-à-vis de la distribution. Ses
modèles sont vendus dans plus de
30.000 points de vente dans le
monde (45 % en Europe, 30 % aux
Etats-Unis, le reste en Asie). Les pre-
miers clients sont les opticiens,
devant les chaînes d’optique et les
boutiques des aéroports. « Nous
avons réduit de 30 % le nombre d e pas-
de-porte en misant sur les plus sélec-
tifs, précise le PDG. Cette sélection a
fait monter les ventes par magasin. »
Contrairement à LVMH, qui a inté-
gré la production de ses montures,
Kering fait appel à des sous-traitants
pour la fabrication. Le géant du luxe
compte une quarantaine de fournis-
monter au capital, selon une
source. Aryzta indique que les
43 % qui seront cédés, si les autori-
tés de régulation donnent leur
accord, sont valorisés 156 millions
d’euros. Il avait acquis ses 49 % en
2015 pour... 446 millions. Ses diri-
geants camouflent leur moins-va-
lue par l’addition au prix de vente
des 91 millions de dividendes que
Picard leur a versés et de la valeur
des 4,5 % qu’ils conservent. Au
total, le groupe suisse estime que
les surgelés leur ont rapporté
380 millions d’euros.
Vendeur en souffrance
Aryzta a vendu en mauvaise pos-
ture. Le Groupe Zouari en a pro-
fité. Le boulanger industriel de
Zurich, coté en Bourse, a grossi
par acquisitions dans de nom-
breux pays. Ses activités aux
Etats-Unis ont périclité. Le cours
de l’action a perdu 77 % en six
mois début 2018. A cette époque,
Aryzta a levé 800 millions d’euros
et mis sur le marché sa participa-
tion dans Picard. La Bourse de
Zurich a salué l’annonce ven-
dredi. Le titre Aryzta a pris plus de
9 % à l’ouverture.
Dans une note, Moody’s souligne
que « la valorisation de Picard a
baissé de 2,3 milliards d’euros à
1,9 milliard d’euros entre mars 2015
et octobre 2019 ». « La vente inter-
vient après un exercice 2019 difficile,
durant lequel l’Ebitda a baissé de 4 %
à 193 millions d’euros. Le groupe a
souffert des « gilets jaunes” », ana-
lyse l’agence de notation. « Nous
pensons que la baisse de la valorisa-
tion reflète également un potentiel de
croissance moindre. Les consomma-
teurs aisés préfèrent de plus en plus
les produits frais », diagnostique
Moody’s.
Avec cette opération, les Zouari
souhaitent « confirmer leur place de
référent sur le marché du commerce
premium en France ». Ce groupe
familial sort de l’ombre. Il exploite
environ 400 magasins sous les
marques Franprix, Monop’ et
Monoprix. Mais l’e ntreprise de
Moez-Alexandre et Soraya Zouari,
seurs, dont 65 % sont installés en Ita-
lie. Les autres sont au Japon (25 %),
en France (5 %) et en Chine (5 %).
« Nous avons fait le choix de la flexibi-
lité, reprend Roberto Vedovotto. Cela
nous permet de travailler avec les
meilleurs dans leur domaine. »
Pas question donc de racheter
Safilo et ses usines, comme la
rumeur a couru la semaine der-
nière, assure-t-il. Mais le deuxième
lunetier mondial va continuer de
fabriquer pour Kering. Depuis la
reprise en interne par le groupe de
luxe de la gestion de Gucci en 2017,
Safilo a continué la production, mais
comme simple sous-traitant. « Nous
sommes très satisfaits. Il n’y a pas de
raison que notre contrat avec eux
s’interrompe après 2020 », a soufflé l e
PDG. Pour preuve, Kering EyeWear
vient de resigner avec Safilo pour
trois ans, jusqu’en 2024.n
Kering s’installe sur le marché
des lunettes de luxe
qui a été construite depuis 1998 à
partir d’une supérette de Ménil-
montant, ne réalise que 60 % de
son activité dans le commerce. Elle
possède en effet une branche
immobilière qui est investie dans
des baux commerciaux et des
bureaux.
Une pépite
L’arrivée des Zouari dans son capi-
tal ramène Picard à ses racines
françaises. L’enseigne fabriquait
des pains de glace en 1906 à Fontai-
nebleau. Elle a été rachetée en 1920
par la famille Picard, qui l’a revendu
en 1973 aux Decelle. Ces derniers
ont cédé le contrôle en 1994 à Carre-
four qui est sorti en 2001 par le biais
d’un LBO. Puis les fonds se sont suc-
cédé, de l’anglais Candover à Lion
capital en passant par BC Partners,
chacun empochant à chaque fois
une belle plus-value.
Il faut dire que Picard est une
pépite qui donne du résultat sans
coup férir. Classé parmi les ensei-
gnes préférées d es Français,
le réseau de magasins de surgelés
affiche des performances rares.
En 2017, il a dégagé un excédent
brut d’exploitation de plus de
200 millions d’euros pour 1,4 mil-
liard de chiffres d’affaires. Fitch
estime que sur la période 2018-2021,
sa marge opérationnelle restera
stable à 14,3 %.n
Philippe Bertrand
@Bertra1Philippe
Picard renoue avec un actionnaire
français. La famille Zouari a
annoncé vendredi avoir remis une
offre pour acquisition de 43,3 % de
la chaîne de magasins de surgelés.
Le boulanger industriel suisse
Aryzta lui cédera la plus grande
partie de sa participation de 49 %.
Le fonds d’investissement Lion
Capital demeurera l’actionnaire
majoritaire, avec 51 % des actions.
Les Zouari n’ont pas a cheté
d’option sur le paquet de Lion
Capital, mais auraient vocation à
DISTRIBUTION
Le groupe familial,
principal franchisé de
Casino pour les ensei-
gnes Monoprix et
Franprix, propose au
suisse Aryzta le rachat
de 43 % du capital de
la chaîne de surgelés.
Il pourrait, à terme,
reprendre tout ou
partie de la participa-
tion majoritaire du
fonds Lion Capital.
La famille Zouari prend pied chez Picard
Cinq ans après la décision de François-Henri Pinault d’internaliser la création des montures
de ses griffes, Kering est devenu un acteur majeur du marché. Illustration Kering Eyewear
« La vente
intervient après
un exercice 2019
difficile
pour Picard,
qui a souffert
de la crise des
« gilets jaunes”. »
MOODY’S
Nicolas Madelaine
@NLMadelaine
—Envoyé spécial
au Royaume-Uni
Eviter les drames. Le ministère
de l a Santé britannique a
décidé d’interdire la revente en
gros à l’étranger de 24 médica-
ments importants pour se pré-
munir d’éventuelles pénuries
post-Brexit. Londres a néan-
moins assuré au « Financial
Times » que ces restrictions ne
sont pas liées au Brexit et qu’il
n’y a pas de preuve de tensions
d’approvisionnement liées à la
sortie du pays de l’Union euro-
péenne.
La décision a été saluée par
l’Association of the British
Pharmaceutical Industry
(ABPI), représentant la filière
pharmaceutique. Celle-ci
craint qu’un Brexit sans accord
n’incite des grossistes à profiter
de la baisse de la livre qu’il
entraînerait pour encaisser les
profits d’une revente de ces
médicaments à l’étranger. Sont
concernés 19 thérapies hormo-
nales de substitution, des auto-
injecteurs d’adrénaline et des
vaccins contre l’hépatite B. Les
sociétés titulaires de licences de
revente en gros et faisant ce
type d’exportation dite « paral-
lèle » sur des médicaments
interdits feront face à des sanc-
tions, dit le ministère.
PHARMACIE
Le ministère de la
Santé veut interdire
la revente à l’étran-
ger de certains
médicaments.
Brexit : Londres veut
éviter des pénuries
de médicaments
Valérie Pécresse se plaint des retards
d’Alstom dans la rénovation de RER
TRANSPORTS La présidente de la région Ile-de-France et d’Ile-
de-France Mobilités ( IDFM), Valérie Pécresse, a mis e n garde ven-
dredi le constructeur ferroviaire Alstom – dont elle est une très
grosse cliente – q ui a un an de retard dans un programme de réno-
vation de rames de RER. « Ils sont en retard d’un an! » a regretté
Valérie Pécresse, « mais ça ne peut pas être plus d’un an ». La
patronne des transports franciliens était venue visiter l’usine de
Reichshoffen (Bas-Rhin) où Alstom est chargée de la rénovation
de 31 rames du RER B. « Les trains Alstom sont plébiscités en Ile-de-
France. On a passé 5,5 milliards d’euros de commandes à Alstom »,
a-t-elle déclaré, ajoutant : « Les contrats de rénovation de matériel
ne sont pas des petits contrats. Il ne faut pas les prendre à la légère. »
à suivre
Europacity : une marche d’opposants
à Matignon
DISTRIBUTION Ils étaient une centaine au départ de leur marche
vendredi et ont terminé à plusieurs centaines près de Matignon
samedi : les opposants au projet de mégacomplexe Europacity
ont fait entendre leur voix, autour du CPTG, un collectif d’oppo-
sants. Une délégation a demandé à être reçue à Matignon, sans
succès. « On nous a renvoyés vers la ministre de l’Environnement »,
Elisabeth Borne, explique aux manifestants, Bernard Loup, chef
de file des opposants. La ministre a mené ces dernières semaines
une vaste consultation, en recevant tous les acteurs de ce projet
controversé, dont les opposants. Outre l’abandon d’Europacity,
les opposants réclament aussi le report du chantier de la gare de
métro qui doit desservir la zone.
L’European Association of
Euro-Pharmaceutical Compa-
nies (EAEPC), le lobby européen
de la distribution parallèle, qui
se targue d’encourager la con-
currence dans le secteur au
bénéfice des patients, estime que
beaucoup de ces produits n’ont
en fait pas été exportés par le
Royaume-Uni et accuse les
groupes pharmaceutiques de
mal gérer leur production.
Mais Londres assure que les
24 médicaments en question ont
bien été revendus à l’étranger ou
étaient en risque de l’être. La ner-
vosité est grande dans le secteur
de la santé au Royaume-Uni
alors que l’hypothèse d’un « no-
deal » au 31 octobre n’est tou-
jours pas totalement exclue. Le
gouvernement a sommé les
sociétés pharmaceutiques de
stocker l’équivalent de six s emai-
nes de demande en cas de « no-
deal ».
Le Bureau de l’audit national
(NAO), dépendant du Parle-
ment, a fait savoir récemment
qu’au 20 septembre 72 % des
lignes de produits pharma-
ceutiques comptaient bien six
semaines de stocks. Tout en
relayant les inquiétudes de la
présidente du NAO, Bloomberg
note q ue le chiffre é tait de 91 % à
la mi-février, avant l’échéance
d’une sortie possible de l’Union
le 29 mars dernier...n
24
MÉDICAMENTS
sont interdits de revente
en gros à l’étranger
par le ministère de la Santé
britannique.