2019-08-09_50_Yam (1)

(Ben Green) #1
Stephen Roberts, un Américain à Saint-Trop’

Entre la Grande Bleue et le village de Ramatuelle,
ce vigneron pilote le domaine Fondugues-Pradugues avec beaucoup d’inspiration.

Il n’a pas vraiment l’accent du cru... Américain installé
en France depuis vingt ans, ce vigneron à la carrure
de deuxième ligne de rugby vécut d’abord à Paris où il
travaillait notamment aux Nations Unies. Et puis, un gros
ras-le-bol de la capitale le décida à changer de vie pour se
rapprocher de la terre et de la vigne. Après sa formation,
qui le vit par exemple user les bancs de l’université du vin de
Suze-la-Rousse, dans le Vaucluse, il poussa un peu plus au
sud pour s’enraciner sur le domaine Fondugues-Pradugues.
Créée en 1964 par le regroupement de ces deux lieux-dits
situés dans la presqu’île de Saint-Tropez, le domaine s’étend
aujourd’hui sur une quinzaine d’hectares d’un seul tenant,
posé sur une petite plaine à un kilomètre de la célèbre plage
de Pampelonne et à peine plus du village de Ramatuelle,
là-haut en surplomb sur la colline. Un terroir intéressant
et singulier à plus d’un titre : pour ses sols sableux – un peu
d’argile aussi à Fondugues –, pour la présence d’un ruisseau
bordé de haies qui hébergent une riche biodiversité en
interaction avec la vigne, et pour ce micro-climat caractérisé
par des nuits fraîches en été – environ cinq degrés de moins
qu’à Saint-Tropez. Ce dernier phénomène favorise une
maturation idéale des raisins qui peuvent donc préserver leur
équilibre et donner des vins dotés d’une vivacité précieuse


en ces parages méridionaux. Ici, Stephen Roberts applique
ce qu’il a appris à l’école ou de ses échanges avec les figures
locales comme Régine Sumeire, la célèbre vigneronne
créatrice du fameux rosé Pétale de rose. Surtout, il s’est vite
orienté vers une démarche biologique et biodynamique. Une
partie des parcelles de la propriété est même travaillée sous
le sabot du cheval Byzance. Cette philosophie lui permet
de tirer le meilleur de son terroir pour inventer des vins
classés en IGP et non en AOC, les assemblages n’entrant pas
toujours dans les clous du cahier des charges de l’appellation.
Grenache, cinsault, cabernet sauvignon, merlot, mourvèdre,
syrah, chardonnay, rolle – ou vermentino –, Stephen joue en
effet sur une large gamme de cépages. Pour l’instant, il ne
produit que du rosé et du rouge, mais compte bien consacré
le rolle à une prochaine cuvée de blanc. On a hâte de voir le
résultat... En attendant, si vous êtes de passage dans le coin,
n’hésitez pas à pousser la porte du domaine : sous les pins,
est installé un vieux camion Citroën transformé en cuisine-
comptoir. Sur les tables en bois, on se régale des vins du
domaine escortés de délicieuses tapas. La prochaine étape :
la construction d’une cave et d’un caveau de dégustation
prolongé d’une terrasse. À suivre donc, et de très très près!

Carnet vin 135
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