Le Monde - 19.09.2019

(Ron) #1
0123
JEUDI 19 SEPTEMBRE 2019

ÉCONOMIE  &  ENTREPRISE


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Macron veut muscler la « start­up nation »


L’Elysée a annoncé plusieurs mesures pour favoriser le financement des futures licornes françaises


P


our Olivier Pomel et
Alexis Lê­Quôc, c’est un
aboutissement. Leur so­
ciété Datadog, un édi­
teur de logiciel fondé en 2010 qui
a déménagé son siège social
outre­Atlantique en 2016, devrait
faire son entrée au Nasdaq, aux
Etats­Unis, d’ici au vendredi
20 septembre. Après avoir levé
92 millions de dollars (83,4 mil­
lions d’euros) en une petite dé­
cennie, l’entreprise espère que
son introduction en Bourse lui
rapportera 100 millions de dol­
lars. Une jolie histoire..., qui s’écrit
désormais en anglais.
Tel est le genre de cas que la
France ne souhaite pas voir se ré­
péter. A cette fin, le président de
la République Emmanuel Ma­
cron a fait une série d’annonces,
depuis l’Elysée, mardi 17 septem­
bre, en amont du France Digitale
Day, un événement qui doit ras­
sembler plus de 3 000 entrepre­
neurs et 200 investisseurs à Paris,
mercredi 18 septembre. Et il a fixé
un objectif : que l’Hexagone
accouche de vingt­cinq licornes
(des jeunes start­up valorisées
à plus de 1 milliard de dollars)
d’ici à 2025.
Certes, les start­up tricolores
parviennent à lever des fonds
plus facilement que par le passé :
au premier trimestre, elles ont ré­
colté 2,79 milliards d’euros, et
2019 devrait sans peine faire
mieux que 2018, année record,
avec 3,62 milliards amassés. En
six mois, les opérations de plus

de 50 millions d’euros ont été
plus nombreuses que sur l’en­
semble de 2017.
En revanche, les très gros tours
de table, au­delà de 100 millions
d’euros, restent très rares et sont
généralement menés par des
fonds étrangers, américains ou
anglais. Depuis le début de l’an­
née, ils se comptent sur le doigt
d’une seule main : Meero
(205 millions d’euros), Doctolib
(150 millions), ManoMano et
Ynsect (110 millions chacun).

Des placements jugés risqués
Pourtant, de plus en plus de socié­
tés françaises arrivent à un ni­
veau de maturité suffisant pour
se rêver un destin mondial,
d’autant que les mentalités évo­
luent. « Pendant des années, les
entrepreneurs français ne son­
geaient même pas à faire des
mega tours de table, explique
Jean­David Chamboredon, prési­
dent exécutif du fonds d’investis­
sement ISAI et coprésident de
France Digitale. Ce n’est plus le cas.
Mais encore faut­il maintenant
mettre en face les investisseurs
pour le permettre. »
C’est là que le bât blesse. Les plus
gros fonds français gèrent à peine
plus de 300 millions d’euros,
quand, en traversant la Manche,
on trouve des concurrents nette­
ment mieux dotés, comme
Atomico (765 millions de dollars)
ou Index Ventures (1 milliard).
Cette faiblesse tient notam­
ment au peu d’appétence des

investisseurs institutionnels – as­
sis sur une manne de 3 200 mil­
liards d’euros, notamment grâce
à la gestion de l’assurance­vie –
pour les nouvelles technologies.
Ils y voient des placements trop
risqués. La Bourse de Paris n’est
guère plus accueillante pour
les start­up. La dernière introduc­
tion majeure, celle de Dassault
Systèmes pour une valorisa­
tion de plus de 1 milliard d’euros,
date de... 1996.
Dans ces conditions, la question
se pose rapidement pour des en­
trepreneurs de se tourner vers
des fonds étrangers, et bien sou­
vent de transférer leur activité
hors de nos frontières.
Un sujet majeur pour le gouver­
nement. « Si nous ne sommes pas
capables de faire émerger des
champions en France, c’est un pro­
blème de productivité, de souve­
raineté et, finalement, d’emplois
pour nos enfants. Il en va pour
partie de la survie de l’économie
française », explique le secrétaire
d’Etat au numérique, Cédric O.
Et celui­ci de rappeler qu’« aux
Etats­Unis, entre un tiers et la moi­
tié des créations nettes d’emplois
sont liées au secteur technolo­
gique », contre seulement 10 % en
France. « L’écosystème techno­
logique français devrait créer
25 000 emplois en 2020 », se félici­
te­t­il. Et il ne s’agit pas seulement
de métiers hautement qualifiés
(ingénieurs, data scientists), mais
aussi de profils moins diplômés
(techniciens, téléconseillers...).

D’où les mesures annoncées
mardi. « La bataille des capitaux
est essentielle », a souligné Emma­
nuel Macron. L’Etat a réussi à ob­
tenir des investisseurs institu­
tionnels qu’ils consacrent 5 mil­
liards d’euros supplémentaires au
secteur de la tech d’ici à trois ans ;
2 milliards devront permettre de
faciliter les tours de « late stage »,
ceux qui exigent souvent plus de
100 millions d’euros pour per­
mettre à une société d’accélérer
ses prises de parts de marché, de
réaliser des acquisitions ou
d’ouvrir des antennes à l’étranger ;
les 3 autres milliards serviront à
créer des fonds d’investissement
spécialisés dans la technologie
dont la mission sera d’investir
massivement dans des sociétés
cotées partout dans le monde.
Situés à Paris, dotés d’équipes
d’analystes, ils doivent, au fur et à
mesure, diffuser sur la place pari­
sienne les bons réflexes pour in­

vestir dans ce type de valeurs.
Avec l’ambition, dans les pro­
chaines années, de faire de la capi­
tale française la principale place
boursière européenne en matière
de tech – en saisissant l’aubaine
du Brexit pour éclipser Londres.
Un argument essentiel pour
les investisseurs, la mise en
Bourse devant leur permettre de
sortir des entreprises et ainsi ré­
cupérer leurs billes.

« L’intention est bonne »
Même si Emmanuel Macron a in­
cité ses interlocuteurs, investis­
seurs en premier lieu, d’« aller
plus vite plus fort », le plan pro­
posé par le président de la Répu­
blique est toutefois loin des ambi­
tions fixées par le « rapport Tibi ».
L’ancien président de l’Associa­
tion française des marchés finan­
ciers et de UBS investment Bank
en France, Philippe Tibi, préconi­
sait la mobilisation de pas moins
de 20 milliards d’euros pour sou­
tenir la tech française. « Les 5 mil­
liards ne signent pas la fin de l’his­
toire », promet Cédric O, pour qui
cette mise de départ est appelée à
gonfler : de la part d’investisseurs
à qui « on aura mis le pied à
l’étrier » et d’investisseurs étran­
gers qui gagneraient en confiance
sur le marché français.
Du côté des institutionnels, ap­
pelés à investir davantage dans la
tech, la réaction est plus mesurée.
« L’intention est bonne », admet
Jean­François Boulier, président
de l’Association française des in­

vestisseurs institutionnels, mais
les contraintes réglementaires
qui pèsent sur ces acteurs, sou­
vent obligés de garantir un rende­
ment à leurs clients, rendent diffi­
cile leur exposition à des valeurs à
risque. « Il y a besoin d’un travail
supplémentaire après les annon­
ces [de M. Macron] pour rendre
leur mise en œuvre plus efficace »,
plaide­t­il, en appelant à une
poursuite du dialogue.
vincent fagot

Téléphonie mobile : la difficile


attribution des fréquences 5G


Le gendarme des télécommunications, l’Arcep, doit jongler entre
les attentes des opérateurs, de l’Etat et des collectivités

C’


est l’un des gros dos­
siers de la rentrée pour
les opérateurs télé­
coms. Alors que les premiers dé­
ploiements de la 5G, la prochaine
génération de téléphonie mobile,
sont attendus à partir de 2020
en France, l’Etat doit lever le voile,
début octobre, sur les modalités
d’attribution des fréquences 5G,
indispensables à Orange, SFR,
Free et Bouygues Telecom pour
lancer leurs réseaux.
La procédure est un brin techni­
que, mais elle est capitale pour les
opérateurs, qui mettront sur la ta­
ble des centaines de millions
d’euros – voire des milliards – pour
acquérir ces précieuses fréquen­
ces. Et pour les consommateurs
qui, selon les obligations qu’impo­
sera l’Etat aux opérateurs, verront
la 5G et ses débits prometteurs
(jusqu’à dix fois plus rapides que la
4G) arriver avec plus ou moins de
diligence dans leur quotidien.
Un casse­tête pour le gendarme
des télécoms. Chargée de fixer, au
cours des deux prochaines semai­
nes, les règles du jeu définitives
de la vente des fréquences, l’Auto­
rité de régulation des communi­
cations électroniques et des pos­
tes (Arcep) va devoir jongler entre
les attentes des opérateurs, de
l’Etat et des collectivités.
Une première ébauche de ces rè­
gles a été présentée à la mi­juillet.
Elle prévoit un mécanisme en
deux parties avec, d’un côté, la
vente de quatre blocs de fréquen­
ces identiques à prix fixe et, de
l’autre, des blocs de fréquences
mis aux enchères. Le tout assorti
d’obligations fortes de couverture
en 5G des villes et des campagnes
pour les années à venir.
Seulement, les détails de la pro­
cédure sont loin de faire l’unani­

mité. L’un des points de friction
porte sur la taille des blocs de fré­
quences. Cette dernière est cru­
ciale : plus un opérateur dispo­
sera de spectre, plus il sera en me­
sure de proposer à ses clients des
débits élevés et, partant, une 5G
de meilleure qualité. Craignant
d’être lésés lors des enchères
faute d’avoir les poches aussi pro­
fondes que leurs concurrents,
Bouygues Telecom et Free mili­
tent pour un socle de spectre ga­
ranti de 60 mégahertz par opéra­
teur, tandis qu’Orange et SFR ju­
gent 40 mégahertz suffisants,
préférant se laisser plus de lati­
tude lors des enchères pour rafler
un maximum de spectre au nez et
à la barbe de leurs rivaux.

« Dérives marketing »
Une autre pomme de discorde
concerne les obligations de cou­
verture proposées par le régu­
lateur. L’Etat et les collectivités
veulent à tout prix éviter le désas­
tre de la 3G, qui avait privilégié le
déploiement dans les grandes vil­
les, au détriment des campagnes.
Les opérateurs sont d’accord,
mais estiment que les fréquences
mises en vente, dont la portée est
limitée, ne sont pas les plus
adaptées pour offrir une 5G de
qualité dans les territoires ruraux.

Orange s’inquiète aussi de
l’obligation faite aux opérateurs
d’ouvrir leurs réseaux 5G aux in­
dustriels qui le souhaiteraient.
« Nous voulons surtout éviter
d’ouvrir une brèche pour les GAFA
[les géants américains du numé­
rique Google, Amazon, Facebook
et Apple], qui pourraient alors
ouvrir leurs propres services » et,
au bout du compte, remettre en
cause « le rôle des opérateurs » en
les commercialisant directement,
explique Fabienne Dulac, direc­
trice générale d’Orange France.
A ces critiques s’ajoutent celles
de l’association de consomma­
teurs UFC­Que choisir et du syn­
dicat CFE­CGC d’Orange. La pre­
mière, redoutant « des dérives
marketing » lors du futur lance­
ment de la 5G, plaide pour que
l’Arcep interdise « aux opérateurs
de prétendre offrir de la 5G si cel­
le­ci ne garantit pas, en pratique,
des débits supérieurs à ceux de la
4G », tandis que le second réclame
qu’une obligation sur l’emploi,
« par exemple sur la base du nom­
bre d’emplois directs créés », soit
intégrée au cahier des charges.
Dans cette cacophonie, un point
semble faire consensus : le prix
des fréquences. « Ce qui est impor­
tant, c’est d’avoir des enchères qui
ne nous emmènent pas sur des prix
comme en Allemagne ou en Italie »,
note Mme Dulac. Dans ces pays, la
vente des fréquences 5G a dépassé
6 milliards d’euros. Un montant
jugé exorbitant par tous les obser­
vateurs. Saisie le 12 septembre par
un courrier d’Agnès Pannier­Ru­
nacher, la secrétaire d’Etat chargée
des télécoms, la Commission des
participations et des transferts a
jusqu’au 30 septembre pour lui
rendre un avis à ce sujet.
zeliha chaffin

L’Etat a réussi
à obtenir des
investisseurs
institutionnels
qu’ils consacrent
5 milliards
d’euros en plus
au secteur
de la tech

LES  CHIFFRES


2,79  MILLIARDS
C’est, en euros, le montant levé
en France par les start-up
au premier semestre, à travers
387 opérations.

12
C’est le nombre de levées de
fonds excédant les 50 millions
en France au premier semestre,
contre seulement quatre sur les
six premiers mois de 2018.

5
C’est le nombre de licornes – ces
jeunes sociétés valorisées à plus
de 1 milliard de dollars (900 mil-
lions d’euros) – françaises.
L’Europe en compte 45 au total,
les Etats-Unis, 182, la Chine, 94.

« Nous voulons
surtout éviter
d’ouvrir
une brèche pour
les GAFA »
FABIENNE DULAC
directrice générale
d’Orange France

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