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D I M A N C H E 8 - L U N D I 9 S E P T E M B R E 2 0 1 9
Tonton, pourquoi
tu coupes?
A quel moment le viticulteur
décide-t-il de vendanger? Règle des
cent jours, raisin assez mûr mais pas
trop. Un calcul encore compliqué
par le réchauffement climatique
Ophélie Neiman
A
ttention, ça va couper chérie! » La Cité de la peur est
sorti en salle voilà vingtcinq ans, mais dans les vignes
la répliqueculte du film des Nuls fonctionne tou
jours. Car c’est bien ce que font les vendangeurs,
armés de leur sécateur, en cette période de rentrée. Ils
coupent les grappes de raisin. Ce que ne fait pas la
machine à vendanger, puisqu’elle secoue les pieds pour faire tomber
les baies. A chacun sa méthode préférée. La machine s’occupe désor
mais des trois quarts des vignes du pays, notamment dans le Langue
doc, le Cognac ou le Bordelais. Mais elle reste inutilisable sur les ter
roirs trop pentus, les vignes trop basses. Et est interdite dans certaines
appellations, comme en Champagne ou dans le Beaujolais.
Mais quel que soit le « comment », il ne répond pas à la ques
tion préliminaire du « quand? ». Quand et pourquoi, en effet, un viti
culteur décidetil qu’il a assez vu son raisin traîner dehors, et qu’il est
temps de le ramener à la maison pour passer aux choses sérieuses?
Traditionnellement, le vigneron peut compter sur la règle des cent
jours. Miracle de Dame Nature, cent jours après la floraison de la vigne,
le raisin est prêt pour la vendange. En fait, et pour apporter la rigueur
exigée dans ces colonnes, il s’agit de quatrevingtdix à cent dix jours
après que 50 % des fleurs se sont ouvertes.
Le vigneron s’appuie aussi sur la levée du ban des vendanges,
date déterminée par arrêté préfectoral en accord avec chaque appella
tion et qui fixe le premier jour à partir duquel la vendange est autori
sée. Si votre raisin est mûr avant, il faut demander une dérogation.
Voilà pour la théorie. Historiquement, quand les producteurs privilé
giaient la quantité avant la qualité, mieux valait ne pas attendre cette
date, au risque de perdre la récolte avec l’arrivée du froid ou d’un orage.
Mais, en pratique, une seule chose importe désormais : que le
raisin soit assez mûr, mais pas trop. Ce qui recouvre différents aspects.
Sa maturité physiologique, soit un taux de sucre suffisant pour obte
nir assez d’alcool avec une acidité optimale, et sa maturité phénolique,
qui détermine la qualité des tanins. Or, les deux n’arrivent pas au
même moment. Le vigneron doit alors faire le meilleur compromis
possible en fonction du type de vin souhaité.
Les contrôles à la vigne évoluent, la courbe des températures
aussi, et cela change un peu la donne. A priori, c’est assez simple :
pourvu qu’il fasse beau et chaud, le raisin est mûr. Ce qui, depuis plus
de dix ans, est presque devenu la norme en France. Laissons de côté le
gel, la grêle et autres accidents climatiques de plus en plus fréquents
qui font baisser la production globale. Juste un point pour préciser à ce
propos que, cette année, les études du ministère de l’agriculture
parient sur une chute de 12 % de la production française par rapport à
- Les choses se compliquent encore avec l’influence de l’évolution
des températures sur la date des vendanges.
Une étude conduite par France Télévisions en 2018 a montré
que, avec le réchauffement climatique, les vendanges avaient lieu en
moyenne quinze jours plus tôt qu’il y a quarante ans. En Alsace, le phé
nomène est plus intense encore, avec un décalage de vingt jours sur la
même période. Ce qui ne se fait pas sans heurts. La fleur éclôt plus tôt,
elle est par conséquent plus vulnérable aux gelées de printemps. Une
maturité trop rapide n’est pas non plus idéale pour la qualité finale.
Personne n’aime grandir trop vite. Si la maturité physiologique est
précoce, cela ne signifie pas que la maturité phénolique le soit aussi. Et
le temps que les tanins soient à point, le raisin aura gagné trop de sucre
et perdu trop d’acidité. Rude dilemme.
Et puis il y a les bizarreries. Audessus de 35 degrés Celsius, la
vigne stoppe sa photosynthèse. Autrement dit, la croissance du raisin.
Donc, paradoxalement, s’il fait très chaud, le raisin n’est pas mûr. Tout
cela pèse encore sur la date des vendanges. Et explique pourquoi, cette
année, elle est moins précoce que l’an dernier. Il faut toujours tourner
son sécateur sept fois dans sa poche avant de couper.
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Lily Savey