Le Monde - 07.09.2019

(Barré) #1

MLemagazine du Monde —7septembre 2019


A

68 ans, MichaelJang vit
unconte de fées.Le
27 septembre, il inau-
gurera sa toute pre-
mière rétrospective, à
la McEvoyFoundation
for the Arts,àSan
Francisco. Elle sera
accompagnée de la parution d’une monographie com-
pilant diverses séries réalisées ilyaprès d’un demi-
siècle. Un succès tardif, certes, maisàlahauteur de
l’originalité du parcours de l’artiste. En 1971, ce fils
d’émigrés chinois venu de Marysville, patelin de la
région de San Francisco, est étudiant en design au pres-
tigieux California Institute of the Arts,àLos Angeles.
Un peu par hasard, il s’inscritàuncours de photo.«J’ai
grandi dans une petite ville, très loin des feux de la
rampe,raconte-t-il aujourd’hui.J’étais un outsider;la
télévision et le cinéma étaient mes seuls liens avec

Hollywood.Après le bac, me retrouveràlafac à
Los Angeles et voir passer toutes ces stars en vrai, c’était
incroyablement excitant.»
Son appareil photo devient un sésame. Dans l’intimité
de sa chambre d’étudiant, l’apprenti photographe se
fabrique de fausses accréditations duNew York Times,
deRolling Stoneou duSan Francisco Chronicle,ets’in-
vite ainsi dans la ronde des fêtes hollywoodiennes. Au
Beverly Hilton, l’hôtel qui accueille toute l’année des
soirées de gala où se pressent stars, groupies et paparaz-
zis, il mitraille des célébrités ainsi qu’une foule d’ano-
nymes, employés, serveurs, vieux couples endimanchés
et jeunes loups aux dents très longues.«Jang était
comme un photographe animalier, saisissant ces animaux
humainsdans leur habitatnaturel,pointe le curateur
néerlandais Erik Kessels dans le catalogue de l’exposi-
tion.Il aime regarder les gens se comporter comme tels,
particulièrement dans cesmomentsoù ils pensent queper-
sonne ne les regarde.»Vo yeur candide et anthropologue

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Michael Jang

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