musiques
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DéborDer
Chanson
boucan
Jazz, fanfare, chanson française... Ou le cocktail bien frappé d’un premier
album « néo alterno », parfaitement orchestré par le John Parish de PJ Harvey.
Aux côtés de
Mathias Imbert
(à gauche), Brunoï
Zarn et Piero Pépin,
experts en
débordements.
n’attendait pas : le jazz, l’expérimental,
le rock, la chanson. Voyage musical
gorgé de longs instrus, où le banjo et la
trompette s’envolent. Au sein du trio,
on se réjouit de la présence de Mathias
Imbert, musicien impétueux qui nous
avait marqués dès 2007 (sous le nom
d’Imbert Imbert). Et, à la réalisation,
de l’Anglais John Parish, connu pour
son travail avec PJ Harvey. Il a su ordon-
ner ce joyeux bazar, débordant (d’où le
titre) d’élans tendres ou rageurs. Sans
le rendre sage. — Valérie Lehoux
| L’autre Distribution/Popatex.
z
L’angoisse, d’abord : serait-ce un nou-
veau « groupe fanfare » comme on en a
trop entendu au tournant des années
2000? Le fait qu’il s’appelle Boucan
n’arrange rien au pressentiment. Et la
phrase d’ouverture ne nous rassure
guère sur la finesse de l’ensemble (« les
hommes naissent cons, aucune raison
que ça change »)... Pourtant, ce premier
album restera l’un des plus étonnants
de l’été français. En dépit de son esprit
« néo alterno » lesté de quelques cli-
chés, il s’ouvre sur des territoires qu’on
enza
MonDe
Throes + The shine
z
Dans les années 2000, le collectif lis-
boète Buraka Som Sistema a converti
les dancefloors européens au fréné-
tique kuduro angolais. Dix ans plus
tard, Throes + The Shine, autre groupe
portugais, continue de faire muter ce
rythme né dans les ghettos de Luanda :
un mélange de miami bass, de hip-hop,
de semba et de kizomba, et que le trio
de Porto attise aujourd’hui à coups de
saturations rock et de vibrations élec-
troniques. Les invités de ce quatrième
album, lissé par le producteur hollan-
dais Jori Collignon (Skip&Die, Nobody
Beats The Drum), éclatent un peu plus
leur pop fiévreuse entre les Caraïbes et
l’océan Indien, du duo mexicain Soto-
mayor à la chanteuse mozambicaine
Selma Uamusse, en passant par les
Capverdiens de Cachupa Psicadélica
sur l’excellent Paraíso. Mais s’il fallait
ne retenir qu’un titre, ce serait Balança :
du kuduro électro méchamment entê-
tant, imparable. — Anne Berthod
| sony.
everyThing in beTween
Jazz
huw warren Trio
z
Accompagnateur depuis une vingtaine
d’années de la chanteuse de folk June
Tabor, le pianiste gallois Huw Warren a
aussi un nom au sein du jazz européen.
Dans cet album enregistré avec son fils
Zoot à la batterie et Dudley Phillips à la
contrebasse, il arpente d’autres clartés,
celles du Brésil de Hermeto Pascoal, de
Pixinguinha, de Chico Buarque et d’Eg-
berto Gismonti. Dans ces reprises ma-
gistrales, où affleurent des nostalgies
rythmées et des chatoiements de sen-
sibilité intérieure, et dans ses propres
compositions, passe une vaste respira-
tion de ciels clairs, de vents calmes et
de lumière vive. Alors qu’il emprunte
des voies diverses, le disque y trouve
une splendide homogénéité qui donne
raison à son titre : tout se joue dans
l’intervalle. — Louis-Julien Nicolaou
| Cam Jazz.
e On aime un peu... z ... beaucoup a ... passionnément r ... pas du tout
AnnA
MAnO
Télérama 3632 21 / 08 / 19