La Revue Nationale De La Chasse N°864 – Septembre 2019

(Wang) #1

Dossier


Aux chiens courants,
à tir ou en petite vènerie
Pour ses pratiquants, avec un brin
de chauvinisme, la chasse aux
chiens courants est la seule qui
mérite d’être citée. Il est certain,
que c’est la méthode de chasse
qui permet le mieux au lièvre de
démontrer sa valeur défensive et
d’exprimer toute l’étendue de ses
ruses face à ses poursuivants. C’est
aussi une chasse très physique, dès
lors qu’elle est suivie à pied et non
en voiture comme c’est (hélas) le
cas de plus en plus fréquemment...
La petite vènerie – qui n’a de petit
que la taille du gibier en compa-
raison aux cerfs, sangliers ou che-
vreuils – ne se pratique qu’à pied
ou à cheval, voire à vélo, mais sans
fusil, puisqu'il n’y a pas de coup de
fusil pour abréger la traque. Elle

reste une discipline excessivement
physique, qui demande beaucoup
d'endurance et qui est destinée aux
chasseurs en excellente condition
sportive. Il faut en effet une sacrée
force de caractère, un mental et
des jambes de fer pour faire fi du
relief, autant que de la météo, et
courir sans s’arrêter à travers bois,
plaines et friches, derrière l’infati-
gable capucin...
Le travail des chiens en petit
groupe, ou en plus grande meute,
et le plaisir d’observer cette quête
sont les mêmes que pour la grande
vènerie. Sans oublier l'attrait de la
recherche méticuleuse, parmi les
nombreuses voies entremêlées de
la nuit, de la plus chaude et de la
plus fiable ; du suivi patient du ca-
pucin interrompu de brefs coups
de gueule, comme pour dire que
« ça sent bon » ; du lancé en fan-
fare par une meute homogène ; et
enfin celui de la poursuite d’un sen-
timent des plus légers que le lièvre
n’a de cesse de vouloir semer par
un jeu de ruses fascinant.
Pour entreprendre ce gibier qui se
forlonge, tape au change, n’hésite
pas à emprunter les routes gou-
dronnées, marche sur la "pointe"
des pattes, longe, voire même, tra-
verse les cours d’eau, se mélange
aux bêtes domestiques pour perdre
son odeur, s’adonne au "hourvari"
(c’est-à-dire revient sur sa voie),
se tape ensuite pour laisser passer
ses poursuivants, il faut des chiens
d’une finesse de nez à toute épreuve
qui collent littéralement à la voie.
Ils doivent également être endu-
rants, requérants, puissants et tenir
la cadence soutenue qu’impose
l’oreillard. Les amateurs les aiment
également bien gorgés. Nos régions
sont à ce titre bien dotées avec de
nombreuses races ou briquets qui
ont prouvé leur valeur dans la quête
du capucin. Parmi elles, citons sans
exhaustivité : l’ariégeois, le petit
bleu de Gascogne, le griffon ven-
déen, le porcelaine, le bruno du
Jura, le basset d’Artois, le gascon
saintongeois, l’anglo français, le
griffon fauve de Bretagne...
Quant au chasseur qui les accom-
pagne, outre ses qualités physiques,
il doit avoir une solide connais-

sance de son gibier et doit savoir
anticiper ses réactions s’il chasse
à tir pour se placer correctement
auprès d’un point de repère stra-
tégique à proximité duquel les
lièvres aiment passer, prendre des
raccourcis et surveiller le travail
des chiens lorsqu’il chasse à courre.
La prise, elle, reste secondaire. De
nombreux équipages à tir ont d’ail-
leurs conservé, des périodes où le
lièvre était devenu rare, le réflexe
de ne pas tirer et même de ne pas
utiliser de fusil. On parle alors de
chasse "au bâton".

à l’arc
Elle peut être en ligne marchante,
mais le plus souvent elle se pratique
en chaudron exactement selon les
mêmes principes que ceux enca-
drant la chasse à tir. Le chaudron
à l’avantage de pousser les lièvres
à tourner dans la traque, permet-
tant aux archers de multiplier les
occasions de tirs qui ne peuvent ex-
céder les 15-20 m. Et ceci n’est pas
du luxe, car il faut une moyenne de
150 à 200 flèches décochées pour
pouvoir prélever 1 lièvre! Les arcs
maniables, à double courbure qui
permettent un tir instinctif et la
mise en place rapide de la flèche
sont à privilégier même si des
arcs courts à poulies (compound)

36 La Revue nationale de la chasse - No 864 septembre 2019


...


Une chasse qui
demande une
bonne condition
physique.

Les prises sont
plus rares mais
constituent
une vraie
récompense
pour les chiens.

S. Levoye

A. Guillaume

150 à 200 flèches
pour un lièvre!
A. Guillaume

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