No 864 septembre 2019 - La Revue nationale de la chasse 73
l’isolement géographique de l’archi-
pel nippon. La première séparation
entre la forme elegans et les autres fai-
sans communs Phasianus colchicus se
serait produite voici approximative-
ment 3 millions d’années, avant que
des divergences ultérieures n’appa-
raissent au sein du groupe des faisans
chinois aux alentours de – 2,5 mil-
lions d’années. De la Chine, les fai-
sans communs se sont ensuite disper-
sés dans l’ensemble du Paléarctique,
atteignant le Paléarctique occidental
entre – 1,8 et – 1 million d’années. Les
auteurs remarquent que les change-
ments climatiques cycliques observés
durant tout le Pléistocène (– 2,58 mil-
lions d'années, à – 11 700 ans) ont sû-
rement exercé un rôle majeur dans
la distribution géographique, la dé-
mographie et la génétique des faisans
communs comme chez toutes les es-
pèces animales et végétales.
Plusieurs routes de
dispersion, d’Est en Ouest
D’un point de vue génétique, des si-
militudes étroites ont aussi été mises
en évidence parmi les sous-espèces
du Paléarctique occidental, entre des
faisans du 1er groupe, notamment le
faisan du nord Caucase (Phasianus
colchicus colchicus), le Faisan de Khiva
(Phasianus colchicus chrysomelas) qui
appartient au 2e groupe et le faisan
kirghize (Phasianus colchicus mongo-
licus) du 3e groupe.
Les auteurs proposent plusieurs routes
de dispersion d’Est en Ouest à partir
du berceau originel de l’espèce, vers
l’Asie centrale et le Caucase dont l’une
serait d’abord passée par le bassin
du Tarim avant de rejoindre la dé-
pression Tadjike méridionale. L’autre
aurait rejoint la dépression du Tian
Shan oriental avant de parvenir à la
mer Noire. La colonisation se serait
ensuite poursuivie le long des rivages
de la Caspienne et des collines du
Caucase.
Grâce aux analyses ADN, les rédac-
teurs considèrent que le simple exa-
men de la morphologie d’un oiseau ne
constituerait pas toujours un critère
fiable d’identification. Or la méthode
jusqu’alors utilisée pour désigner les
sous-espèces était uniquement basée
sur des caractères morphologiques
tels que le poids, la couleur du plu-
mage et la présence ou non d’anneau
blanc au cou. L’étude prouve que des
individus présentant des plumages
différents peuvent appartenir à une
même sous-espèce selon l’emplace-
ment géographique, le type d’habi-
tat occupé ainsi que la nourriture
consommée. Une chose est sûre en
tout cas : chez nous en France, où les
hybridations sont si fréquentes entre
les différentes souches pour répondre
aux attentes des chasseurs, c'est qu’il
est bien difficile de s’y retrouver!
Le faisan obscur (Phasianus colchicus
mut tenebrosus) Hachisuka, 1927
Il fut décrit pour
la première fois
en 1927 par
Hachisuka, un
naturaliste
japonais, qui
prouva que ce
faisan très
sombre était un mutant
de faisan commun
au sens génétique du
terme, les parents
transmettant l’intégralité
de leurs caractères à leur
descendance, ceci sur
plusieurs générations. Il
est intéressant de noter que
ce type
"tenebrosus" a également
été retrouvé au sein de
populations naturelles de
faisans versicolores, au
Japon. La mutation n’affecte
donc pas seulement notre
faisan de Colchide. Le
spécialiste Jean Delacour
(1890-1985), auteur de
l’ouvrage Tous les faisans du
monde, considère que cette
mutation ne constitue
pas une forme de
dégénérescence,
mais bien au contraire la
preuve d’une grande vitalité
chez l’oiseau.
...
Faisan
d'Ijima
Faisan
scintillant
Faisan de
Soemmerring
Faisan
de Shikoku
Faisan obscur
famille du vénéré
Faisans à longue queue