L’offre à emporter comprend un menu complet : des produits
frais, une cuisine simple mais délicieuse et très appréciée.
CASSEROLES SOLIDAIRES
SAVEURS No^256 - 17
O
riginaire de Côte d’Ivoire, Madoussou a débarqué
seule en France à l’âge de 16 ans. Seule, s’étonne-t-
on? « Mon père voulait me marier de force alors, avec
l’aide de ma mère, je me suis enfuie », explique-t-elle.
Arrivée à Paris, elle se rend chez son oncle qui, apprenant la raison
de son départ de Côte d’Ivoire, la met à la porte. Étant mineure,
les services sociaux la placent en famille d’accueil. Aujourd’hui,
Madoussou va bientôt avoir 21 ans, elle est mère d’un garçon de
3 ans et vit dans un foyer social. Elle a exercé comme vendeuse
dans le prêt-à-porter et en boulangerie, mais les horaires étaient
difficiles à respecter pour cette mère isolée. Aussi, en février 2019,
elle rejoint l’association Food2rue qui a précisément pour objectif
d’aider les femmes à se réinsérer dans le monde du travail.
Les créateurs, Agathe Cousin, la présidente, et Gauthier Hauchart,
le directeur, font le constat que beaucoup de chantiers de réin-
sertion s’adressent à des hommes et sont peu adaptés aux mères
qui ont des contraintes liées à la garde des enfants. L’un comme
l’autre ont une longue expérience dans le domaine social. Gauthier
Hauchart cumule vingt-cinq ans dans le champ de l’insertion, de
l’emploi et du soutien au développement d’activités économiques.
Agathe Cousin est coordonnatrice d’un fonds de dotation au Gret
(Professionnels du développement solidaire). Ils sont donc tous
deux rompus aux questions économiques et sociales.
Douzes femmes au comptoir
En 2017, l’association s’installe dans le 14e arrondissement de la
capitale et ouvre une halle alimentaire baptisée La Panaméenne,
proposant des produits frais locaux ainsi que des produits d’épi-
cerie fine, comme des terrines, des bières locales, des tisanes...
« Promouvoir un modèle d’alimentation durable est un des objec-
tifs de l’association », explique Gauthier Hauchart. Au sein de La
Panaméenne se trouve Le Comptoir, où douze femmes en chantier
d’insertion apprennent à cuisiner mais aussi la vente, la comptabi-
lité, à tenir une caisse, à mettre en place les rayonnages.
Haouawa, d’origine malienne, est arrivée en France début 2017.
Bien que bénéficiant d’un statut de réfugiée, impossible pour elle
de trouver un travail à l’exception d’une expérience comme agent
de service qui ne s’est pas bien passée. En septembre 2018, elle
rejoint Food2rue. « Au début, j’ai pensé que je n’arriverais pas à
travailler ici mais, avec l’aide de Caroline, j’ai appris. À présent,
je sais tenir la caisse et me débrouiller seule sans problème », se
réjouit la jeune femme de 28 ans tout en s’excusant de son français
qu’elle juge approximatif. Mais une parfaite maîtrise de la langue
ne devrait pas tarder à venir car, comme l’explique Caroline, coor-
dinatrice et responsable de la boutique, l’association offre des cours
de langue aux femmes qui le souhaitent.
Caroline a longtemps travaillé dans le secteur de la restauration et
de l’épicerie fine de luxe. Elle met cette expérience au service de
l’association tout en s’adaptant à la réalité : « On fait les plannings
en fonction des enfants de chacune, les cours de langue sont
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