Cerveau et Psycho N°113 – Septembre 2019

(Ron) #1

S


ouvenez-vous de la dernière fois
où vous êtes passé devant une
boulangerie. Essayez de vous
rappeler l’odeur chaude et alléchante
qui s’en exhalait. Maintenant,
faites un pronostic : combien
y avait-il de croissants?
Une telle prouesse est impossible,
bien sûr. Du moins pour un humain.
Mais peut-être pas pour les

Compter


avec sa trompe


éléphants! Ceux-ci sont beaucoup
plus doués pour estimer les quantités
sur la base d’une odeur, comme
le montre une expérience menée
par l’éthologue américain Joshua
Plotnik et ses collègues. Les animaux
devaient renifler deux sceaux
opaques contenant des graines
de tournesol et estimer lequel
en renfermait le plus. Ils y sont
parvenus avec une bonne précision.
Une finesse olfactive qui serait
précieuse dans la nature, notamment
pour se diriger vers les sources de
nourriture les plus abondantes. £ G. J.

40 %
des questions
sont posées
par des femmes
dans les congrès
de génétique,
même lorsqu’elles
représentent 70 %
du public.
American Journal of Human Genetics

DÉCOUVERTES Actualités

Mathew P. White et al., Scientific Reports,
publicaion en ligne du 13 juin 2019

Deux heures de


nature, sinon rien!


BIEN-ÊTRE


© Poprotskiy Alexey /shuttertstock.com© Lena Ivanova/shutterstock.com

Pour une bonne santé du corps et de l’esprit, on
sait aujourd’hui, avec toujours plus de certitude, que le contact
avec la nature est primordial. Par exemple, ces dernières
années, plusieurs études ont montré que le risque de dévelop-
per des maladies psychiatriques (anxiété, dépression, schizo-
phrénie) est supérieur en ville qu’à la campagne, et que ce
risque augmente avec la taille de l’agglomération où l’on vit.
Même certains facteurs comme la distance au parc le plus
proche ou le temps de trajet nécessaire pour se rendre dans
un espace vert sont associés au bien-être général. Alors, que
faire lorsqu’on n’habite pas dans une zone arborée. Quelle
stratégie employer lorsqu’on vit, comme des centaines de mil-
lions de personnes de par le monde, dans des centres urbains
où parfois pas une feuille n’est visible à l’horizon?
Une possibilité est de faire des sorties régulières en forêt,
quitte à se prendre une journée entière pour cela. Mais évi-
demment, on peut alors se demander si un contact épisodique
suffit à compenser l’absence de verdure pendant toute la
semaine. Dans un domaine un peu différent, celui du sport,
on sait en effet qu’une séance hebdomadaire ne remplace
pas une activité régulière.
Pour répondre à cette question, Mathew White et ses collè-
gues de l’université d’Exeter, en Angleterre, ont comparé le niveau


de santé et de bien-être de 90 000 urbains avec le temps passé
par semaine dans un environnement naturel, indépendamment
de la proximité de cet environnement, qu’il s’agisse de parcs, de
forêts, de rivières ou de plages. Ils ont constaté qu’en dessous
de deux heures hebdomadaires, aucun effet positif n’est constaté.
En revanche, au-dessus de ce seuil, les niveaux de santé phy-
sique et de bien-être psychologique s’envolent. Les personnes
ont moins de pépins cardiovasculaires, de diabète, de dépression,
d’anxiété... Au-delà de deux heures, le bénéfice sur la santé cor-
porelle semble stagner, mais celui sur la santé mentale continue
de progresser jusqu’à 6 ou 7 heures de dose hebdomadaire.
Que tirer de cette étude de grande ampleur? Principalement
que si vous n’avez pas la chance de vivre à côté de la nature,
vous pouvez aller à elle. Et vous constaterez que, au-delà des
bienfaits pour votre santé, vous redécouvrirez peut-être votre
propre... nature. £ S. B.
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