PAULE THOMAS ; JAN THIJS ; COLIN.22 ELLE.FR
LE QUINTETTE VOCAL CINQ DE CŒUR NOUS ÉBLOUIT AVEC
SON SPECTACLE « OH LA BELLE VIE! ». DÉJANTÉ!VELVET NEGRONI, NOUVEL
ARTISTE R’N’B, FAIT LE BUZZ
AVEC UN DEUXIÈME ALBUM
DÉLICAT ET ENVOÛTANT.GARÇON À SUIVRE
SCÈNESÉRIEMISTER
CO CK TA I L
TOUCHE PAS
À MA FÉE
VOIX DE TRAVERSE
À la base, le Velvet Negroni
est un coktail, fait de gin,
vermouth et Campari. En s’emparant
du nom de cette boisson, Jeremy
Nutzman a aussi repris sa formule,
tout en suavité. Dans son R’n’B’ expé-
rimental, le chanteur originaire de
Minneapolis fait infuser des nappes
de synthé et de brumeux riffs de
guitare électrique, au point de sonner
parfois comme Radiohead ou Peter
Gabriel. Une mixture étonnante qui
reste longtemps, sinon en bouche, du
moins dans les oreilles. Tout, chez
Velvet Negroni, sort de l’ordinaire.
Enfant noir adopté par une famille
blanche évangélique, il a passé son
enfance à apprendre le piano clas-
sique et à remporter des compéti-
tions de patinage artistique. L’ado-
lescence venue, il fait le mur pour
aller jouer de la guitare dans un
groupe et se lance dans une série
de projets musicaux allant de pair
avec la découverte des drogues. Le
salut vient de son premier album, qui
lui vaut d’être invité par Bon Iver en
première partie de sa tournée, et
d’ être samplé par Kid Cudi et Kanye
West. Depuis, Velvet Negroni ne vit
plus dans un squat et a arrêté de
couper des arbres pour le compte
d’un pote bûcheron. Gageons qu’il
ne sera plus underground.
« NEON BROWN » (Beggars).Ils chantent, ils dansent, et surtout... ils s’aiment! C’est ce qui saute aux yeux quand
on découvre les Cinq de Cœur, un groupe chantant qui compose avec trois bouts de ficelle mille
saynètes d’une folle créativité, arborant pyjamas, robes de star ou déguisements de fantômes
pour nous faire rire. Formé au chant classique, ce quintette (trois femmes pour deux hommes)
interprète avec brio des morceaux de jazz vocal à la Double Six, exécute des pantomimes dignes
de celles des Frères Jacques, ne boude pas, bien au contraire, l’opérette façon Offenbach ni la
comédie musicale façon « West Side Stor y », et frôle le mauvais goût, mais pour notre plus grand
plaisir, en offrant une version irrespectueuse de la « Lost Song » de Henry Purcell avec brosses à
dents géantes et lamentations chantées. Pour ceux qui craindraient encore un spectacle trop
cérébral, sachez qu’on y chante « L’Été indien » de Joe Dassin avec un porte-voix et des oreilles
postiches... Cette tranche de rigolade sentimentale de grande qualité est bien sûr conseillée
à tout, tout, tout public!
« OH LA BELLE VIE! », mise en scène de Philippe Lelièvre. Jusqu’au 1er septembre, Théâtre de Paris, Paris-9e.PAR HÉLÉNA VILL0VITCHPAR PAOLA DICELLIPAR FLORENCE TRÉDEZVous êtes fan de « Game of
Thrones »? La nouvelle création
originale d’Amazon Prime Video vous
ravira, avec son lot de violences, de
créatures fantastiques et d’histoires
d’amour tumultueuses. Portée par le couple glamour Cara Delevingne et Orlando Bloom,
« Carnival Row » nous embarque au cœur d’une Angleterre victorienne fictive, où des fées,
chassées de leurs terres exotiques par les hommes, doivent s’intégrer dans une ville de plus en
plus intolérante. Elles sont progressivement privées de leurs libertés fondamentales, et bientôt
plusieurs meurtres sanglants intensifient ce climat d’angoisse perpétuelle. Derrière cette (énième)
série SF saupoudrée d’effets spéciaux se cache une jolie parabole sur l’exclusion et le rejet de
l’autre. Comme quand des badauds au look de skinheads crient aux pauvres fées : « La ville est
à nous, rentrez chez vous! » Ponctuée par un final haletant, une série aussi spectaculaire que
bouleversante, à binge-watcher sans modération. n
« CARNIVAL ROW », dès le 30 août, sur Amazon Prime Video.ELLE CULTURE
Cara Delevingne