Causette N°103 – Septembre 2019

(National Geographic (Little) Kids) #1
“L’école de la confiance” discréditée

Scolarité obligatoire dès 3 ans
Désormais, vous êtes tenu·e d’inscrire votre enfant à la mater-
nelle. Rien de révolutionnaire puisque 97,5 % des enfants
de cet âge fréquentaient déjà les classes en 2016. Mais ce
chiffre masque des disparités territoriales (à Mayotte ou en
Guyane par exemple) que le texte entend ainsi combler. Si
la porte-parole du syndicat enseignant SNUipp, Francette
Popineau, se réjouit de cette sanctuarisation de l’école
maternelle, elle aurait aimé qu’on l’accompagne d’une
augmentation du nombre d’écoles, par ailleurs souvent
« vétustes » dans les territoires d’outre-mer.


Accompagnement des enfants handicapés
C’est l’outil phare de l’école « inclusive » promise par le
ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, Jean-
Michel Blanquer : des pôles inclusifs d’accompagnement loca-
lisés, ou « Pial », comme cette nouvelle administration est déjà
surnommée, pour « coordonner les moyens d’accompagnement
humain » envers les enfants en situation de handicap, tout au
long de leur scolarité. Avec 3 031 créations de Pial prévues à la
rentrée, le ministère entend faciliter l’accompagnement des
enfants en renforçant la coopération des professionnel·les de
santé et de l’éducation, et en permettant une optimisation
des emplois du temps des accompagnant·es. Ce qui n’est pas
sans agacer les syndicats : « C’est n’importe quoi ! S’il n’y a pas
assez d’accompagnants actuellement, c’est parce que les salaires
sont trop faibles. Il s’agit de personnel contractuel qui gagne parfois
moins de 700 euros par mois. Plutôt que de revoir leurs salaires
à la hausse, le ministère préfère disséminer ces accompagnants à
droite à gauche au sein de ces pôles, où plusieurs personnes vont
s’occuper de plusieurs élèves... Alors que ces élèves-là ont besoin
de quelqu’un de référent qui se consacre à eux à plein temps »,
tempête Jean-Rémi Girard, président du Syndicat national
des lycées et collèges (Snalc).


Des établissements d’excellence hyper sélects ?
Et si vous mettiez votre enfant dans un « établissement
public local d’enseignement international » (Eplei) ? De
la primaire au lycée, il proposera des classes en français
et en langues étrangères afin de préparer soit à l’option
internationale des brevets et bac, soit au bac européen, tel
que codifié par l’Union européenne. Libre aux collectivi-
tés territoriales d’impulser la création de l’établissement.
« Toutes les organisations représentatives avaient voté contre
ces Eplei, rappelle Jean-Rémi Girard. Nous attendons le décret
d’application, en nous doutant bien que le recrutement des
élèves se fera sur critère, sur le modèle de ce qui se fait déjà à
Strasbourg : l’école européenne – qui s’adresse en particulier
aux enfants de fonctionnaires européens – n’accueille que
30 % d’élèves hors cursus international. On n’a pas vu mieux
pour créer une ségrégation sociale comme de niveau ! Et cela
montre que sans ça, notre service public ne s’estime pas assez
attractif pour le public qu’il ne veut pas laisser partir dans
le privé... » U A. C.

Après avoir fait couler beaucoup d’encre, le texte définitif de la loi Blanquer
a été adopté par le Sénat le 4 juillet. Côté profs, ça bloque méchamment.
Quand on les a laissé·es en juillet, c’est peu dire qu’ils et elles étaient vénères.
Retour sur les différents points qui leur posent problème.

Réformes Blanquer

C’est où qu’ça coince?
Free download pdf