Causette N°103 – Septembre 2019

(National Geographic (Little) Kids) #1
© URBAN DISTRIBUTION X 2 – LE PACTE - MÉMENTO FILMS

Nombre de films récents ont chroniqué les changements
socio-économiques en Chine. Les Fleurs amères, du Belge
Olivier Meys, est pourtant l’un des premiers à s’intéresser aux
répercussions de ces transformations en Occident. À Paris,
précisément. Et c’est peu dire qu’il capte l’attention. Non
seulement son sujet est original (la communauté chinoise de
France est quasi invisible au cinéma), mais aussi sa manière
de le traiter est remarquable. Sobre, sûre et poignante. En
tous points raccord avec son personnage principal.
Optant pour la fiction, le réalisateur suit au plus près le
parcours de Lina, une jeune femme originaire du nord-est
de la Chine qui a choisi d’émigrer à Paris. Son objectif ?
Gagner plus d’argent pour l’envoyer à son mari et son fils
restés au pays. Elle est ambitieuse et y croit dur comme


fer : ses désillusions n’en seront que plus cruelles. De fait,
comme elle ne parle pas le français et n’a pas de permis de
séjour, Lina sera d’abord nounou avant de se prostituer.
Comme nombre de ses sœurs d’exil, toutes issues de la
même région et avec lesquelles
elle reconstitue une famille fra-
gile. Aucun doute, pourtant, ne
viendra infléchir sa décision et
son sens du sacrifice. De même
qu’aucun pathos ne parviendra à
altérer la ligne claire de ce beau
film grave. UAriane Allard
Les Fleurs amères,
d’Olivier Meys. Sortie le 18 septembre.

DE HAUT VOL
Afghanistan, été 1998. Kaboul, en ruines, est occupée par les talibans.
Terreur et obscurantisme accablent ses habitants. C’est alors que deux couples
– l’un jeune et moderne, l’autre âgé et désemparé – vont croiser leurs des-
tins... Adapté du livre du même nom de Yasmina Khadra, Les Hirondelles de
Kaboul est un film d’animation puissant sur l’intégrisme religieux. Sa préci-
sion, très réaliste et parfois violente, n’a d’égale que sa grâce. Coréalisé par
Zabou Breitman et la dessinatrice Eléa Gobbé-
Mévellec, il est porté par la douceur lumineuse
de son graphisme. Mais encore par les voix
vibrantes de Zita Hanrot, de Swann Arlaud, de
Simon Abkarian et de Hiam Abbass, merveil-
leux·ses interprètes. Une réussite. U A. A.
Les Hirondelles de Kaboul,
de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec.
Sortie le 4 septembre. Coproduit par
Les Armateurs, participation majoritaire de
Hildegarde, propriétaire de Causette Média.

CINÉMA


UNE CHINOISE À PARIS

MA FILLE, MA DOULEUR
C’est sûr, ce film va vous secouer. L’argument, pourtant, semble fami-
lier : la mère d’une famille bourgeoise (Catherine Deneuve) réunit ses
enfants à l’occasion de ses 70 ans. Mais cette fête joyeuse est perturbée
par l’arrivée surprise de sa fille, disparue depuis plusieurs années. C’est
là que tout bascule, loin du vaudeville annoncé. Parce que ladite fille
est un peu dingue, voire tout à fait instable
(Emmanuelle Bercot est exceptionnelle dans
ce rôle difficile). Et parce que Cédric Kahn
(auteur, réalisateur et acteur) livre un film très
vivant mais aussi très cash. Sinon brutal. De
fait, il interroge bel et bien la place de la folie
– et du non-dit – dans la cellule familiale...
Fête de famille est l’une des œuvres les plus
bouleversantes de ce cinéaste rugueux mais
puissant. U A. A.
Fête de famille, de Cédric Kahn.
Sortie le 4 septembre.

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