Première N°499 – Septembre 2019

(Nancy Kaufman) #1

© STUDIO D’ANIMATION LES ARMATEURS


01

En acceptant
de ne pas initier le projet
Réalisatrice de quatre longs métrages en prises de vues
réelles (dernier en date, No et moi , sorti en 2010) et d’une
série (Paris, etc., 2017), Zabou Breitman n’avait d’autre
lien connu avec l’animation que le doublage, opéré
notamment sur Titeuf, le film et Le Gruffalo. D’a i l l e u r s ,
à la base, Les Hirondelles de Kaboul, description réa-
liste du quotidien tragique et absurde de l’Afghanistan
sous les talibans, aurait dû être un film live. « Les pro-
ducteurs qui sont venus me démarcher avec le scénario,
en 2012, pensaient qu’une femme devait le réaliser.
Ils estimaient aussi que le sujet se prêtait à l’anima-
tion. J’étais plutôt d’accord. C’est pour cette raison que
Les Armateurs, société spécialisée dans l’animation, a
rejoint le projet. » Quand on lui parle de film de com-
mande, Zabou réfute le terme qu’elle trouve « un peu
péjoratif  ». «  Je préfère dire que je n’étais pas à son
initiative. » Quand le projet a été lancé, la réalisatrice
s’est aussitôt mise à retravailler le script, histoire de se
l’approprier complètement. Par exemple, le personnage
de Zunaira, cette jeune femme libre mais enfermée
chez elle pour ne pas éveiller les soupçons sur ses man-
quements, ne dessinait pas dans le roman de Yasmina
Khadra, dont le film est l’adaptation.

02

En choisissant
sa coréalisatrice
C o nt r a i r e m e nt à c e q u’o n p o u r r a it c r oi r e , Z a b o u Br e it m a n
a été choisie avant sa coréalisatrice, Eléa Gobbé-Mévellec,
issue de l’animation et chargée du suivi au long cours
de la fabrication du film, étalée sur trois ans. Zabou
Breitman a même été en première ligne. «  Avec mes
producteurs, on a fait une sorte d’appel d’offres destiné
à des graphistes chargés de nous proposer une charte
visuelle concernant les personnages, les perspectives,
les teintes et des choses plus précises comme la repré-

sentation du soleil ou le rendu de Kaboul de jour. Deux
dossiers ont retenu mon attention, du fait de leur style
symboliste et abstrait. Mon choix s’est porté sur Eléa
qui, bien que novice en matière de réalisation, maîtrisait
particulièrement bien l’aquarelle qu’elle avait utilisée
sur Ernest et Célestine en tant qu’animatrice. En défi-
nitive, choisir ma coréalisatrice revenait au même que
de choisir un directeur photo ou un premier assistant. »

03

En changeant
de méthode d’animation
En général, la fabrication d’un film d’animation com-
mence par un story-board complet qu’un monteur
découpe ensuite en vignettes sommairement ani-
mées, qui donnent une idée du rythme et de la durée
du métrage. On appelle ça l’animatique. « Ce mon-
tage essentiel prend en compte des voix et des attitudes
posées par les animateurs, qui ne sonnent évidemment

MODE D’EMPLOI

Portrait de deux couples victimes du régime des talibans,
Les Hirondelles de Kaboul marque le passage de Zabou Breitman
à l’animation. La réalisatrice nous explique cette transition
pas si compliquée. u PAR CHRISTOPHE NARBONNE

Zabou
Breitman,
réalisatrice

COMMENT PASSER

DU CINÉMA

TRADITIONNEL

À L’ANIMATION?
Free download pdf