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DEMAIN EST À NOUS
De Gilles de Maistre • Durée 1 h23
- Sortie 25 septembre
« Tout est parti d’une rencontre
dans les rues de Saint-Malo. À la
vue d’un SDF que tout le monde
évitait, il s’est demandé comment
aider les gens qui dormaient dans
la rue. Comme il aimait peindre,
il a décidé de vendre des toiles pour
venir en aide aux plus démunis.
Sous ces dehors de petit enfant qui
aime rire et s’amuser, il a une
intensité et une volonté fascinantes.
Quand il est dehors, quand il part
à la rencontre des SDF, c’est fou!
Il n’a que 9 ans, mais fait preuve
d’une maturité et d’une
détermination à toute épreuve. »
réel, ça devient d’autres gosses, qui agissent
à leur niveau et ne donnent pas de leçons.
Ce sont les actes qui changeront le monde.
Comment les avez-vous choisis ?
Ce fut long et compliqué. Je voulais qu’on
soit « proportionnels » entre l’Occident et le
reste du monde. Il fallait également que le
film soit équilibré entre ceux qui se battent
pour leur propre condition et ceux qui aident
les autres. C’est la grande fracture du film :
j’aide les autres ou je m’aide moi-même.
Après, nous devions construire un récit. Il
y a une courte partie archive où l’on parle
climat avec Greta [Thunberg] et Malala
[Yousafzai].
Vous parliez de récit : c’est donc plus
qu’une collection de portraits?
Oui. Encore une fois, ça me paraît être un
courant majeur aujourd’hui. Ces initia-
tives existent partout. En commençant à
filmer, j’ai vu que les enfants étaient tous
connectés. Ils sont en relation via Internet
et ont conscience de ne pas être seuls. Il y
a comme une Internationale de ces mouve-
ments porteurs. J’ai donc choisi de faire le
lien entre eux en me servant du destin d’un
enfant comme fil rouge, José Adolfo. C’est
un gamin du Pérou qui a gagné le Prix du
climat, remis en Suède dans la salle des
Nobel. On le suit durant une semaine, avant
la remise de sa récompense ; il explique
pourquoi il a reçu ce prix et surtout qu’il
entend le partager avec les autres enfants
qui se battent pour un monde meilleur. Et
on enchaîne avec les autres histoires.
Vous avez filmé dans le monde entier?
Quasiment oui : en Europe, en Orient, en
Afrique, aux États-Unis... J’ai même filmé
un syndicat d’enfants en Bolivie. Ça, c’est
une histoire folle : des enfants se sont
regroupés pour revendiquer leurs droits de
travailleurs. Ils ont une dizaine d’années
et réclament à être payés et travailler dans
la dignité. Avant, ils étaient exploités, ils
bossaient comme des esclaves, gratuite-
ment. Ça peut nous paraître révoltant que
des enfants réclament de meilleures condi-
tions de travail, mais pour eux, c’est un
moyen de libération.
On a l’impression que cet aspect
témoignage est moins important
que l’effet que ces histoires doivent
produire. Quel était votre objectif?
Je ne voulais pas réaliser un pensum. Sur-
tout pas! Je tenais à ce que l’espoir et la
force de ces jeunes se retrouvent à l’écran.
J’ai commencé à faire ce film pour mes
propres enfants, mais au fond, il est pour
toute la famille, pour les parents aussi, afin
que les adultes qui aiment les enfants les
laissent exister. Au fond, je rêve que les
parents et les enfants sortent du film en par-
lant de ces exemples. Il n’est pas question de
dire que chaque enfant peut faire ce qu’ils
font eux. Mais une toute petite chose, par
exemple regarder un SDF dans la rue, peut
faire bouger les lignes.
Quelle leçon tirer de ce tournage?
Que ces enfants n’ont pas besoin de l’ima-
gination qui nous a fait défaut pour com-
prendre l’ampleur du combat qu’ils doivent
mener. Ce que je trouve beau, c’est qu’ils
ne se battent pas pour sauver le navire. Ils
réinventent des manières d’être au monde.
Au fin fond des mines de Bolivie comme à
Cambrai. u
« C’est une jeune
Indienne de Delhi.
Elle travaille pour
Balaknama, un journal
entièrement écrit par les
enfants des rues, et qui ne traite
que de leurs conditions. Ina s’est
sortie de la pauvreté et va à l’école
aujourd’hui, mais elle vient de là.
On la voit chez ses parents, où ils
vivent encore à sept dans une toute
petite pièce. Dans le film, on la suit
alors qu’elle prépare un article sur
l’esclavage des enfants. Elle
explique que grâce à ses textes,
elle arrive à changer les mentalités.
Le journal est entièrement réalisé
à partir de dons, et si quelques
journalistes expérimentés
encadrent les petits reporters,
ce sont des gamins des rues qui
le pensent intégralement. Très
impressionnant. »
« CES ENFANTS
NE SE BATTENT
PAS POUR
SAUVER LE
NAVIRE. ILS
RÉINVENTENT
DES MANIÈRES
D’ÊTRE AU
MONDE. »
Ina
Arthur
I NTERVIEw