Première N°499 – Septembre 2019

(Nancy Kaufman) #1
IL Y A DU JOHN HUGHES

DANS CETTE FAÇON TRÈS

CLAIRVOYANTE DE TRAITER

LE MAL-ÊTRE ADOLESCENT

DE SON ÉPOQUE.

Épisode 5 Réalisé par
JENNIFER MORRISON NOTE : 2/5


Adoré par les fans et la presse
américaine, c’est l’épisode
qui pousse le plus loin les
curseurs vers le soap opera.
Nate s’impose comme l’un
des vilains les plus
machiavéliques de l’histoire
de la télé US, tandis que Rue
stoppe la came par amour
(pour Jules évidemment).
Quelques vignettes
splendides, musiques et
acteurs toujours parfaits,
mais on dirait un peu un
épisode de Beverly Hills trash.


Épisode 6 Réalisé par
PIPPA BIANCO NOTE : 1/5
Un épisode de plus, là pour
faire le compte. Le décorum
Halloween ne débouche sur
rien, si ce n’est le beau
costume de Lexi, qui se met
soudainement à exister.
Sinon : qui pour croire que ces
kids se déguisent en héros de
True Romance ou de L’Ange de
la vengeance (!)? C’est le seul
moment où Levinson fait
l’erreur majeure de confondre
sa propre jeunesse avec celle
de ses personnages. Allez vite,
la dernière ligne droite.

Épisode 7 Réalisé par
SAM LEVINSON NOTE : 5/5
Flippée par l’attitude distante
de Jules, Rue va d’abord
mener l’enquête avant
de se faire stopper net
par une crise d’angoisse
et une vessie au bord
de l’implosion. Ça zigzague
entre le pastiche de polar 70s
et les scènes de descente
de Requiem for a Dream...
Une illustration sidérante
d’un épisode maniaco-
dépressif porté par une
Zendaya incroyable et un génie
équilibriste total.

EUPHORIA
Créée par Sam Levinson • Avec Zendaya, Hunter Schafer,
Maude Apatow... • Sur OCS

en une stupéfiante collection de portraits d’ados parfois
touchants, parfois terrorisants, et déjà tous lessivés alors
que les choses sérieuses n’ont même pas commencé.
Il y a bien sûr du John Hughes dans cette façon très
concernée, très clairvoyante et très fleur bleue de trai-
ter le mal-être adolescent de son époque. Il y a aussi du
Angela, 15 ans dans ce principe de concevoir des histoires
sur les ados, mais pas vraiment pour. On retrouve aussi
des bouts des Lois de l’attraction dans cette logorrhée


de voix off, cet empilement des tubes FM et ces rembo-
binages speedés qui ramènent tout le monde à la case
dépa r t. On aperçoit du Rod Serling dans la crainte high-
tech et dans celle du voisin. Du Gaspar Noé dans la vir-
tuosité provoc. Du Spike Jonze pour la poésie skate. On
a cru reconnaître ailleurs la silhouette de Meiko Kaji,
l’ombre noire de Clouzot, l’esprit de Sono Sion, les
manières d’Argento, la liberté anar de Ken Russell, les
éclats colorés de Minnelli et, oui, forcément, la frénésie
compilatoire de Tarantino... Ce qu’on note surtout, au
moment d’observer la «  big picture  » que composent
Assassination Nation et Euphoria, c’est la manière
inouïe qu’a Sam Levinson de tout agréger sans effort,
juste avec un peu de vista et de génie technique. Tout est
sniffé d’un trait et renvoyé vers notre cortex en forme
de feu d’artifice : les fétiches cinéphiles, la culture du
like, les minishorts, la mythologie américaine, le soap et
les alertes iPhone. Une cosmogonie s’organise, tout fait
sens, le trip peut commencer. La montée est fulgurante,
la descente, parfois douloureuse. Couchez les mômes, il
est temps de devenir accro à cette came-là. u

Épisode 8 Réalisé par
SAM LEVINSON NOTE : 5/5
Le passage à l’hosto raconté
comme un séjour au Club Med.
La mère de Rue qui embrasse
toute la douleur ado par un
effet de montage saisissant.
Les filles qui font le bilan de
leurs années lycée. My body is
a cage qui vient plomber
les rêves de Cassie. Les
convulsions enragées de Nate.
La fanfare sépulcrale
d’Assassination Nation qui fait
son retour. Depuis quand
la télé US n’avait pas plané
à de telles hauteurs ?

Zendaya
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