Jeudi 22 août 2019 SUD OUEST
Le délicieux lapin
au vin blanc
made in Médoc
JAU-DIGNAC-ET-LOIRAC Les bou-
cles dorées et le visage paisible, Mi-
reille Lafforgue prépare l’une de ses
recettes favorites : le lapin au vin
blanc. Aujourd’hui, pour le déjeuner,
elle accueille Loïc, son petit-fils, avec
Florine, son épouse. « Ils raffolent de
ce plat », confie la mamie gâteau,
sourire aux lèvres. Et le mets peut
convenir pour les grandes tablées
comme pour les repas en tête à tête
avec Raymond, son partenaire de vie.
Pour réaliser sa recette, il faut déjà se
munir d’un lapin à couper en mor-
ceaux. Dans une sauteuse, la grand-
mère fait revenir les six gousses d’ail
avec les deux oignons roux. Elle y
ajoute ensuite une boîte de lardons.
Lorsqu’ils sont prêts, Mireille y met le
lapin, avant d’y ajouter un kilo-
gramme de champignons de Paris.
Vient alors le moment de concocter
la sauce en versant d’abord le vin
blanc, de façon à recouvrir le lapin.
Deux heures à mijoter
« Pour nous, le goût du vin est un peu
fort, alors je coupe avec un verre
d’eau », explique la septuagénaire.
Pour épaissir un peu la préparation, il
faut diluer un peu de farine dans de
l’eau et l’incorporer au mélange. Il est
maintenant temps de donner du
goût au lapin avec thym, laurier, sel et
poivre. Ça y est, tous les ingrédients
sont là, il ne reste plus qu’à les faire
mijoter pendant deux heures. « Sans
oublier de remuer de temps en
temps », rappelle Mireille. Lorsque la
viande se détache bien au contact de
la fourchette, elle est prête à être
servie. Ce midi, ce sera avec du riz.
Unanimité
« Avec un lapin, on peut nourrir six
personnes. Lorsque je ne cuisine que
pour deux, je n’en mets que la moi-
tié », précise la Bordelaise venue
s’installer dans le Médoc il y a plus de
20 ans. Si, dans sa famille, le plat fait
l’unanimité, ses fils préfèrent lors-
qu’elle prépare le lapin sauté avec
des pommes de terre. « C’est leur plat
favori! » s’exclame Mireille. Le repas
est prêt, il ne reste qu’à mettre
le couvert.
MA RECETTE
DE L’ÉTÉ
La recette de Mireille va aussi
bien aux repas en tête-à-tête
qu’aux grandes tablées.
PHOTO STACY PETIT
Arnaud Dejeans
[email protected]
«V
ous ne connaissez pas
l’alise? Il faut absolu-
ment tester. C’est le gâ-
teau le plus apprécié dans l’Entre-
deux-Mers », invite cette habituée
du marché de Sauveterre-de-
Guyenne (mardi). Mêmes louan-
ges du côté de Monségur (vendre-
di) et La Réole (samedi).
Seuls quelques pâtissiers de ce
triangle d’or proposent ce gâteau
plat comme un coussin berlinois.
Un des spécialistes : le boulanger iti-
nérant Bruno Claverie, à Rimons.
Cet ancien traiteur s’est reconver-
ti dans la fabrication de pain et de
desserts au début des années
- Il a fait installer une mer-
veille de four à bois dans son atelier.
C’est là qu’il enfourne ses plaques
d’alise tous les jours dès 5 heures.
Le secret? Le four
Les effluves de brioche chaude
parfumée au bourbon et au citron
câlinent le visiteur matinal. Ce par-
fum est tellement envoûtant qu’il
devrait être inscrit au Patrimoine
mondial de l’humanité. La pâte a
été préparée la veille. Bruno Clave-
rie s’est levé à l’heure où d’autres
se couchent : 1 h 30.
Le boulanger dégaine sa longue
pelle et dépose ses plaques d’alise,
60 centimètres par 40 chacune, à
deux mètres de profondeur. Les
braises chauffent les briquettes de-
puis plusieurs heures déjà. Le pain
et les viennoiseries sont déjà cuits.
Au tour de l’alise et des autres brio-
ches. « Il faut attendre que la tem-
pérature descende. » À 180 degrés
environ, pendant 15 ou 20 minu-
tes. « Je n’ai pas de montre, je re-
garde seulement la couleur du gâ-
teau. »
Le secret de son alise? « Il n’y en
a pas vraiment. C’est une pâte
briochée qu’on ne lève pas beau-
coup. Certains mettent de la fleur
d’oranger. Moi, je parfume avec du
citron et un peu de bourbon. Le
reste, je le garde pour moi... » sou-
rit le quinquagénaire avant
d’avouer : « C’est le four qui fait la
différence. »
RIMONS Le boulanger-pâtissier Claverie perpétue la tradition de ce gâteau
typique de l’Entre-deux-Mers. Il livre sa recette... ou presque
Son petit nom de brioche, c’est l’alise
Bizarrement, la réputation de l’alise a rarement
dépassé les frontières de l’Entre-deux-Mers. Ou il
faut naviguer sur Internet pour retrouver une re-
cette à peu près similaire, en Vendée. « J’ai retrou-
vé plusieurs orthographes : alise, alize, alis », énu-
mère Odile Claverie.
Les origines de la recette? « Je m’amusais à ra-
conter que c’était un des gâteaux préférés des
chevaliers au Moyen Âge. Mais personne ne sait
vraiment d’où il vient », rigole Bruno Claverie. L’ar-
tisan a tapé à la porte de Daniel Sabourin, il y a
quelques années, pour percer le secret. Mais l’an-
cien pâtissier de Sauveterre-de-Guyenne n’en sait
pas beaucoup plus : « J’ai appris cette recette
dans les années 1960, en rachetant la pâtisserie
de Monsieur Tauzin. C’est une recette de sa grand-
mère. Elle était originaire de Pellegrue, si je me
souviens bien. »
Daniel Sabourin montait plusieurs fois la pâte à
la main avant d’enfourner. « Ce n’est plus le cas
aujourd’hui. Mon gâteau était différent. Il avait un
succès fou. Les clients venaient de loin. Je vendais
jusqu’à 60 plaques d’alise le mardi à Sauve-
terre! » rembobine l’ancien pâtissier.
Le gâteau de l’Entre-deux-Mers
On retrouve une recette à peu près
similaire en Vendée
ILS EN SONT FOUS
(SÉRIE 6/6) Ils y
viennent, ils y reviennent
et y reviendront. Des lieux,
des spécialités, des sites
dont ils ne se lassent pas
Mardi dernier, Bruno Claverie et son apprenti ont enfourné la dizaine de plaques à 5 h 30 du matin. 15 à 20 minutes de cuisson suffisent dans le four à bois traditionnel chauffé avec des braises de pin déshydraté. PHOTOS A. D.
6 h 30, l’heure de rejoindre
le marché de Sauveterre
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