SUD OUEST bassin d\'Arcachon du Jeudi 22 Août 2019

(Barré) #1

SUD OUESTJeudi 22 août 2019


sud ouest.fr
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Biarritz, ses plages et son mariage
de toujours avec l’Atlantique. Un
décor somptueux pour le G7 occu-
pé à plancher sur les vastes problè-
mes du monde. Une carte postale
un brin trompeur selon la Sepan-
so et France Nature Environne-
ment (FNE). Ces deux fédérations
d’associations de protection de la
nature ont quelque peu cassé
l’ambiance en dénonçant, cette se-
maine, la présence massive de mi-
cropolluants dans les eaux littora-
les du golfe de Gascogne.
Le thème n’est pas nouveau. « La
problématique est identifiée mais
ignorée depuis plus de vingt ans »,
soulignent les associations dans
un communiqué commun.
« Cette pollution est rarement visi-
ble à l’œil nu, elle n’intéresse pas
les pouvoirs publics », accuse Geor-
ges Cingal, le secrétaire général de
la fédération Sepanso.
Dans la gamme très large des
molécules charriées par les riviè-
res jusqu’à l’océan, les militants ci-
blent les détergents. « Les lessives
contiennent des tensioactifs, des
substances qui rendent possible
le nettoyage. Elles sont biodégra-
dables dans un vrai savon de Mar-
seille, elles ne le sont pas dans une
lessive qui intègre des composés
issus de la pétrochimie. Vous les
retrouvez en pellicule grasse à la
surface de l’océan », détaille Chris-
tian Boireau, un spécialiste de la
chimie qui milite à la Sepanso des
Landes.

« Attention, ça mousse! »
Les associatifs s’appuient sur des
analyses effectuées, à leurs frais,
par un laboratoire indépendant.
Elles portent sur des mousses lit-
torales collectées à Biscarrosse,
dans les Landes, et de part et d’au-
tre de l’estuaire de l’Adour. Selon
une feuille de résultat brandie par
Christian Boireau, leur teneur en
tensioactifs excède très largement
la norme qui s’applique en sortie
de station de traitement des eaux
usées.
Ces analyses confirmeraient ce
que les habitués du littoral cons-
tatent lors des grands coups de
vent hivernaux : une accumula-
tion de mousse en bord de plage
qui défie parfois l’entendement,
comme, en janvier 2018, à Biarritz.
« On ne peut pas parler de phéno-
mène naturel. Un tel volume de
mousse n’est pas explicable en
plein hiver. Ce n’est pas une efflo-
rescence algale comme on en con-
naît au printemps », appuie Chris-
tian Boireau. « Attention, ça
mousse! Et puis il y a l’odeur. La
mer ne sent plus la mer », renché-
rit Michel Botella, qui suit égale-
ment ce dossier à la Sepanso des
Pyrénées-Atlantiques.

Selon les associations, ces conta-
minants chimiques présents dans
l’eau de mer menacent de trans-
former nos côtes en zones mortes,
trop pauvres en oxygène et en nu-
triments pour abriter faune et
flore. Elles réclament l’interdiction
pure et simple des détergents pé-
trochimiques.

Un immense éventail chimique
Responsable de l’unité de Biogéo-
chimie et d’Écotoxicologie sur le
site nantais d’Ifremer (Institut fran-
çais de recherche et d’exploitation
de la mer), Thierry Burgeot brosse
un tableau plus nuancé. À l’instar
des associations, il considère que
le problème des microplasti-
ques – issus eux aussi de la pétrochi-
mie – ne doit pas éclipser l’im-
mense éventail des autres molé-
cules potentiellement toxiques

qui finissent en mer. En revanche,
il se montre plus dubitatif sur la
validité du protocole d’analyse des
détergents dans les prélèvements
de mousse. Et sur l’origine chimi-
que de ces mousses littorales qui
prospèrent avec les tempêtes.
« Les émulsions en mer obéis-
sent d’abord à des facteurs natu-
rels liés à la force des vents, aux
coefficients de marée et, de ma-
nière plus large, au brassage des
eaux en présence de phytoplanc-
ton. Il faudrait également voir si le
réchauffement climatique ne fa-
vorise pas le déclenchement de
tels phénomènes en période hi-
vernale», suggère-t-il.
Reste que les connaissances
scientifiques sur le sujet sont en-
core lacunaires. « Nous suivons sur
le long terme les molécules les
plus préoccupantes. Les déter-
gents sont normalement fabri-
qués pour être biodégradables à
60 %, aussi ne sont-ils pas particu-
lièrement surveillés. Mais ils pour-
raient l’être à l’avenir. Leur usage
se développe de manière expo-
nentielle », juge Thierry Burgeot.
À Ifremer, on a tendance à penser
que ces contaminants sont plus
problématiques dans les estuaires,
où ils sont davantage concentrés,
qu’en pleine mer où ils sont dilués
par le jeu des courants et des ma-
rées. Pour la Sepanso et FNE, au
contraire, la situation est déjà dé-
gradée dans les eaux littorales. Une
chose est sûre. Quand une molé-
cule chimique persistante imprè-
gne les sols et ruisselle dans les ri-
vières, quand elle sort intacte des
stations d’épuration, elle se re-
trouve tôt ou tard en mer...
Jean-Denis Renard

Des associations, analyses à l’appui, dénoncent le taux élevé
de tensioactifs dans le golfe de Gascogne. ILLUSTRATION ISABELLE LOUVIER/« SO »

MICROPOLLUANTS


Face à Biarritz, les eaux


de l’Atlantique. Polluées


aux détergents, selon


la Sepanso et France


Nature Environnement


Pendant le G7, le golfe


de Gascogne se fait mousser


SURFRIDER SUR LE PONT
Implantée à Biarritz, l’ONG Surfri-
der profite du G7 pour multiplier
jusqu’à demain travaux, ateliers et
conférences dans le cadre de son
Pavillon Océan, à Biarritz et à An-
glet. Elle dévoilera, demain soir, son
« Ocean Call », en bon français son
appel pour inscrire la protection de
l’océan dans les négociations inter-
nationales. Il intégrera les proposi-
tions issues de ces journées
d’échanges. Le programme se dé-
cline en quatre axes : le tourisme
durable, la protection de la biodi-
versité, la réduction de la pollution
plastique et la protection du climat
grâce à la bonne santé des océans.

L’APPEL DE L’OCÉAN


COÛT DU G7 Le parlement a
voté une enveloppe de 36,4 mil-
lions d’euros, «un chiffre très
largement inférieur aux chiffres
qu’on a pu connaître pour les
sommets précédents que ce
soit au Canada ou en Italie», a
annoncé, hier, la porte-parole du
gouvernement, Sibeth Ndiaye.
Dans un « souci de préserva-
tion des deniers publics », le
gouvernement a « fait le choix
de (s’)appuyer sur des structu-
res existantes » afin de limiter le
nombre de constructions à réa-
liser, a-t-elle détaillé, à l’issue du
conseil des ministres de rentrée.
RUSSIE « Il est pertinent qu’à
terme la Russie puisse rejoindre
le G8 » dont elle a été exclue, en
2014, après l’invasion de la Cri-
mée, a estimé, hier, le président
français Emmanuel Macron.
GARDE À VUE La dernière per-
sonne toujours en garde en vue
pour des appels sur les réseaux
sociaux à attaquer un « lieu
d’hébergement » des gendar-
mes lors du sommet du G7 à
Biarritz a été remise en liberté,
hier, et convoquée le 5 septem-
bre devant la justice, a annoncé
le parquet de Melun.
Cet homme, né en 1988, a re-
connu avoir écrit « On va cramer
l’hôtel » accueillant des gendar-
mes mais «il minimise les
faits », a précisé le parquet.

Un sommet


à 36 millions


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