FOU DE CUISINE 42
SUR LA ROUTE AVEC
42
SUR LA ROUTE
T
out avait pourtant bien commencé
pour Antoine et Candice. Tous les
deux diplômés en 2010 de Cen-
trale à Lille – études qu’Antoine
complète par un master HEC à
Jouy-en-Josas –, ils se lancent
dans la vie professionnelle. Pour
Candice, ce sera une start-up dans
le digital consacrée à la relation
client ; pour Antoine, des fonds
d’investissement. Sauf que ce
dernier ne se voit pas en costume
cravate toute sa vie, et que les
données fi nancières commencent
sérieusement à le barber. Pendant que le couple vaque à ses
obligations professionnelles, des amis de leur promotion installés
à Lima, au Pérou, les contactent pour leur faire découvrir leur
concept de chocolaterie-musée qui connaît un certain succès. Ni
une ni deux, notre duo prend la direction de Lima pour, dans un
premier temps, apprendre à faire du chocolat, et, dans un second
temps, réfl échir à dupliquer le concept dans un autre pays. Ce
sera la République dominicaine, où Candice a passé neuf mois
en 2008 – elle avait alors 20 ans – en tant que stagiaire dans la
logistique pour le compte d’Orange. Associés avec leurs camarades
de promo et un investisseur, ils s’installent en 2012 dans cette
république qui partage avec Haïti l’île Hispaniola, découverte par
Christophe Colomb. En relation avec les coopératives de cacao
locales, ils montent leur boutique-chocolaterie-musée à Punta
Cana, célèbre pour ses dizaines de kilomètres de plages, ses eaux
transparentes et son fl ux de touristes venus du monde entier. Très
vite, la petite entreprise de Candice et Antoine emploie quinze
salariés et tourne à plein régime avec l’aide des voyagistes – ce
qui n’est pas sans déplaire au voisin, un producteur de cigares
qui profi te au passage des touristes venus goûter les chocolats.
Ils vont malheureusement très vite déchanter et comprendre
que la corruption est élevée au rang de discipline nationale.
Sans compter que leurs associés cherchent à leur imposer la
création et la vente de produits dérivés du chocolat. De leur
propre aveu, ils ont peur pour leur vie et, du jour au lendemain,
ils décampent de l’île paradisiaque pour rejoindre la France.
Nous sommes alors en 2013. Candice retrouve un travail dans
le digital, Antoine dans la location d’appartements haut de
gamme. Quatre années passent, mais pour Antoine, l’idée de
retravailler le cacao est plus forte. Il se prend à jouer au Super
Loto en espérant décrocher le jackpot qui lui permettrait de
tout envoyer valser afi n de créer sa propre chocolaterie. Pas
une journée ne s’écoule sans qu’il pense à ce projet. Ensemble,
ils établissent leur cahier des charges, réfl échissent au process,
dressent le portrait de leur future chocolaterie et fi nissent, en
mars 2017, par créer leur société, Encuentro (« la rencontre »).
Antoine négocie son départ et se penche sur le business plan.
Les premières tablettes sortent en 2018.
Une poignée de mètres carrés
à Montreuil
Avant d’être hébergés à L’Atelier des Lilas (fournisseur de pro-
duits 100 % sans gluten à base d’ingrédients naturels pour les
professionnels des métiers de bouche), à Montreuil, en banlieue
parisienne, Antoine et Candice récitent leurs gammes. Ils n’ont
pas perdu la main, mais il s’agit de tout reprendre à zéro, de
l’écriture des recettes de chaque tablette aux premiers essais