Echos - 2019-08-14

(coco) #1

14 // ENTREPRISES Mercredi 14 et jeudi 15 août 2019 Les Echos


Touteslesopérations decapital-investissement


et defusions-acquisitionsdepuis 2003


DÉCOUVREZ


LA BASE DES DEALS


DEDE CAPITAL FINANCECAPITAL FINANCE


capitalfinance.lesechos.fr/base-des-deals


Basile Dekonink
@Bdekonink


Juste à temps pour la rentrée sco-
laire, Nike lance u ne offre d’abonne-
ment. Baptisée « Nike Adventure
Club », le programme, annoncé aux
Etats-Unis, propose aux parents
d’enfants âgés de 2 à 10 ans, dont les
pieds grandissent en permanence,
de recevoir à intervalles réguliers de
nouvelles chaussures pour leur pro-
géniture moyennant un forfait.
L’offre était en test depuis deux
ans. En échange de 20, 30 ou 50 dol-
lars par mois pour la formule la plus
onéreuse, le géant de l’équipement
sportif expédie au client jusqu’à une
nouvelle paire de chaussures par
mois, choisie parmi une sélection de
100 modèles de Nike et de Converse.
Le colis est agrémenté de stickers,


HABILLEMENT


Le géant de l’équipe-
ment sportif vise
les enfants âgés
de 2 à 10 ans, en pleine
croissance et qui
deviendront de futurs
consommateurs.


d’activités et de jeux pour les parents
et les enfants. « Nous forgeons une
relation avec des enfants à partir de
leurs 2 ans, souligne le responsable
du programme, Dave Cobban, dans
un communiqué. Avec de la chance ils
se souviendront de nous et ils auront
une bonne image de la marque. »

« Fabriquer des addicts »
C’est tout l’intérêt du modèle et c’est
notamment pourquoi Netflix tolère
le partage de comptes : les enfants
sont des futurs clients. En appre-
nant à mieux les connaître dès le
plus jeune âge grâce aux data et aux
retours, et en créant un sentiment
d’appartenance à une commu-
nauté, Nike se donne plus de chan-
ces de fidéliser ses clients. En clair :
« fabriquer des addicts », comme le
revendiquait l’ancien patron de
HBO, Richard Plepler.
Avoir des « addicts », c’est s’assu-
rer de rentrées d’argent régulières,
se faciliter les prévisions de crois-
sance et placer des barrières à
l’entrée pour les concurrents.
Autant d’arguments qui, malgré des
coûts élevés d’acquisition et de
rétention du client et la nécessité de
s’organiser autour du modèle,
séduisent des pans entiers de l’éco-
nomie. Zuora, une pépite améri-

caine qui accompagne les entrepri-
ses dans la mise en place de leur
forfait, pense même qu’une vérita-
ble « économie de l’abonnement » est
en train d’émerger.
Bic et ses rasoirs rechargeables en
ligne, l’offre TGVmax, Amazon
Prime ou les cagettes de poisson
frais livrées par la start-up Pois-
caille... les exemples sont légion. Le
secteur de l’habillement n’est pas en
reste avec les chaussettes de Kindy
ou le partenariat de Foot Locker et
de la start-up Rockets of Awesome.
Nike, pour sa part, n’e n est pas à
son coup d’essai : à la fin des années
2000, l’équipementier a pris une
nette avance sur la concurrence avec
l’application mobile dédiée au sport
et à la santé, NikePlus, qui lui a per-
mis de mieux connaître ses clients et
de se familiariser avec le modèle.
Cette fois encore, le fabricant de
chaussures a un coup d’avance. En
offrant deux fois par an à ses clients
la possibilité de lui retourner les bas-
kets usagées pour que celles-ci
soient recyclées ou données, Nike
intègre des normes sociales et envi-
ronnementales dans son service. Or,
c’est précisément vers ces critères
que convergent de plus en plus de
consommateurs, une évolution déjà
à l’œuvre, selon plusieurs études.n

Nike expérimente

le modèle

de l’abonnement

Nike avait déjà expérimenté le modèle de l’abonnement à la fin des années 2000 avec l’application
mobile dédiée au sport et à la santé NikePlus. Photo Laurent Cerino/RÉA

soit une baisse de 9,5 %, nette-
ment supérieure aux prévi-
sions. Henkel ne le voyait bais-
ser que de 5 % en 2019.
Le fabricant de produits de
grande consommation fait les
frais du ralentissement de
l’industrie automobile. Pour-
quoi? Les constructeurs
avaient récemment accru leur
recours à l’adhésif, qui repré-
sente près de la moitié du chif-
fre d’affaires du groupe, pour
fixer leurs pièces à la place des
classiques soudures et rivets.

Concurrence
La stagnation du marché auto-
mobile se répercute donc sur
l’activité de la plus importante
division du groupe de Düssel-
dorf. La section adhésifs a vu ses
ventes diminuer de 1,2 % au
cours du deuxième trimes-
tre. Seule exception, Henkel a
trouvé d es solutions pour
l’industrie aérospatiale et enre-
gistre dans c ette niche une crois-
sance à deux chiffres au
deuxième trimestre, qui a per-
mis d’améliorer la rentabilité de
l’activité adhésifs.
Pour 2019, Henkel prévoit une
stagnation de son activité adhé-
sifs et n’est pas plus optimiste
pour la division beauté. Fa,
Syoss, Schauma, ces marques de
beauté grand public souffrent
d’une concurrence de plus en
plus forte. Les soins de beauté
sont « nettement inférieurs » aux
attentes, a expliqué Hans Van
Bylen, en partie à cause des
« ajustements de stock en cours »
en Chine, où les ventes de
Schwarzkopf ralentissent.
L’ensemble des ventes en
beauté a chuté de 2,4 % au
deuxième trimestre et le résultat
opérationnel ajusté (122 mil-
lions d’euros) perd 34,9 % par
rapport au deuxième trimestre


  1. —V. J.


(


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Page 24

La croissance


du groupe allemand


Henkel s’essouffle


d’Ethiopian Airlines – a d’ailleurs
pesé, sans surprise, sur ses derniers
résultats. La perte nette part du
groupe constatée par TUI pour les
neuf premiers mois de l’exercice a
ainsi plus que doublé, d’une a nnée à
l’autre, à 320,1 millions d’euros,
pour un chiffre d’affaires en hausse
de 2,5 %, à 11,4 milliards. Pour
mémoire, la firme de Hanovre
engrange, à l’instar des autres voya-
gistes, l’essentiel de ses bénéfices
lors de la saison estivale, laquelle
correspond peu ou prou à son qua-
trième trimestre.
L’impact de l’interdiction de vol
du Boeing 737 MAX est p articulière-

Christophe Palierse
@cpalierse


TOURISME


Le géant allemand
a confirmé mardi ses
prévisions annuelles,
révisées à la baisse.


Son activité est tirée
par l’hôtellerie,
les croisières et les
services aux voyageurs.


ment tangible au troisième trimes-
tre. TUI accuse u ne chute de 46 % de
son résultat courant par rapport au
montant constaté un an plus tôt, à
100,9 millions d’euros, l’incidence
de l’immobilisation des appareils
étant chiffrée à 144 millions. La fac-
ture devrait même s’élever à
300 millions pour l’ensemble de
l’exercice, a précisé TUI, du fait,
entre autres, du remplacement des
avions cloués au sol afin d’assurer
les liaisons estivales concernées.

Transformation numérique
Par ailleurs, le groupe, dont le chif-
fre d’affaires pour ce même troi-
sième trimestre a crû de 3,7 %, à
4,74 milliards d’euros, a été affecté,
souligne-t-il, par les incertitudes
liées au Brexit et une moindre con-
sommation sur certains marchés,
cette dernière étant notamment
expliquée par un « effet canicule ».
Ce phénomène vaudrait ainsi pour
la France.

S’agissant de l’Hexagone, à pro-
pos duquel TUI ne donne plus de
précisions depuis des années, le
groupe laisse à penser que sa filiale,
chroniquement déficitaire, connaît
toujours une situation difficile.
L’effet de l’ambitieuse campagne de
déploiement de la marque TUI en
France est réduit p ar « un marché en
contraction », reconnaît-il notam-
ment.
A contrario, l’hôtellerie, la croi-
sière, et, plus récemment, les servi-
ces aux voyageurs sur leur lieu de
villégiature tirent l’activité de TUI.
En parallèle, le géant allemand
accélère sa transformation n uméri-
que en devenant un acteur du tou-
risme moins dépendant de son acti-
vité classique de tour-opérateur
intégré qui vend des forfaits préfa-
briqués.

(


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Page 24

Le voyagiste TUI tient son plan de vol révisé


Alors que son grand concur-
rent Thomas Cook négocie son sau-
vetage financier, le géant du tou-
risme TUI manifeste une solidité
certaine en dépit des nuages obs-
curcissant son horizon. Le groupe
allemand, qui a publié mardi ses
comptes pour le troisième trimes-
tre et les neuf premiers mois de son
exercice 2018-2019, a confirmé ses
prévisions annuelles (clôture au
30 septembre), lesquelles avaient
été révisées à la baisse, à la fin mars,
en raison de l’interdiction de vol de
ses nouveaux Boeing 737 MAX.
Cette conséquence du second crash
d’un appareil de ce type – un avion

L’ incidence
de l’immobilisation
des Boeing 737 MAX
est chiffrée
à 144 millions d’euros.

La mauvaise santé de l’industrie
automobile cause des domma-
ges collatéraux. Mir ou Le Chat
pour les lessives, Loctite ou Pat-
tex pour les colles, ou encore
Schwarzkopf pour les produits
de beauté..., le groupe allemand
Henkel, et ses centaines de mar-
ques, annonce un ralentisse-
ment d’activité. Après l’annonce
mardi matin de résultats
annuels estimés en baisse, le
titre a perdu près de 6 % à la
Bourse de Francfort en milieu
de journée, soit sa plus forte
baisse depuis le début de l’année.
En janvier, Henkel avertissait
déjà sur une baisse de résultats,
mais c’était en raison d’un plan
d’investissement ambitieux
dans ses marques et le numéri-
que pour préparer l’avenir.
Pour s’armer dans la guerre des
prix, le PDG, Hans Van Bylen,
dit avoir affecté plus de 300 mil-
lions d’euros aux dépenses de
marketing cette année.
Cette fois, la conjoncture
explique le recul du chiffre
d’affaires de 0,4 % au deuxième
trimestre, à 5,12 milliards
d’euros. Le bénéfice par action
du groupe s’établit à 1,43 euro,

BIENS DE
CONSOMMATION

Le groupe souffre,
dans sa branche
adhésifs, du ralen-
tissement
de l’industrie
automobile et d’un
portefeuille beauté
qui se démode.


  • 0 , 4 %
    Le recul du chiffre
    d’affaires au deuxième
    trimestre, à 5,12 milliards
    d’euros.

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