LeSoir - 2019-08-14

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MadMercredi 14 août 2019Page 5

cinémas


BRAD ET LEO,
DEUX FOIS HOLLYWOOD
Pour donner de la gueule à sa
lettre d’amour à Hollywood, Los
Angeles, le cinéma, à cette fin de
l’innocence, il fallait des super-
stars. Tarantino choisit les deux
meilleurs : Leonardo DiCaprio et
Brad Pitt. « Allais-je les avoir à
disposition? Je ne le pensais pas,
c’est pourquoi je m’estime le plus
chanceux des réalisateurs », dé-
clara-t-il en conférence de presse
cannoise. Et d’ajouter, « Faire
tourner Al Pacino était aussi
émouvant. J’ai écrit spécialement
pour lui le personnage du produc-
teur Marvin Schwarz. Je rêvais de
l’entendre prononcer les mots que
j’avais écrits pour lui. »
Brad Pitt et Leonardo DiCaprio,
c’est deux fois Hollywood, les deux
faces d’une même pièce selon
Brad Pitt. Deux stars, parmi les
meilleures de l’industrie cinéma-
tographique américaine. Dix ans
d’écart mais une célébrité arrivée
pour tous les deux à l’aube des an-

nées 90 avant un parcours quasi
sans faute, animé par le goût des
auteurs et un certain idéal du ci-
néma. L’histoire de deux amis dé-
passés par le monde qui arrive
n’est pas vraiment leur histoire
mais sur le tournage de Once
Upon a Time in Hollywood, ils ont
pu tisser des liens étroits d’amitié
et dans sa réalité, la star de Titanic
avoue vivre dans la nostalgie,
s’épanouir dans le passé, regarder
des films en noir et blanc et écou-
ter de vieilles chansons. Et dans la
réalité, Brad Pitt concède avoir eu
un passage dépressif au début des
années 2000, se transformant en
légume allongé sur son canapé.
Duo idéal donc pour devenir Rick
Dalton et Cliff Boothils. Car tous
deux ne sont pas inconscients des
changements qui sont en train de
bousculer l’industrie sans savoir
les conséquences et d’être peut-
être des dinosaures dans une in-
dustrie vouée aux franchises de
super-héros. Il était une fois...
FABIENNE BRADFER

fou du cinéma


Brad Pitt (à droite), né en 1963, et
Leonard DiCaprio, né en 1974,
deux fois Hollywood avec
une célébrité naissant à l’aube
des années 90. ©D.R.

le film
DE LA
SEMAINE

E


n juillet dernier, juste avant
la sortie de son film aux
Etats-Unis, Quentin Taran-
tino, en collaboration avec Sony
Pictures Television, présenta The
Swinging Sixties, un programme
de dix films représentatifs de
l’époque où se déroule Once Upon
a Time in Hollywood. Dix films
du catalogue Columbia Pictures,
datant de 1958 à 1970 et qui ont
influencé de manière spécifique
la création de son film. Des films
diffusés sur les réseaux de Sony
Pictures Television dans plus de
60 territoires à travers le monde
en même temps que la sortie sur
le marché local de Once Upon a
Time et dans une vingtaine de
territoires par le biais de diffu-
seurs régionaux.

Tarantino a une cinéphilie en-
cyclopédique abyssale. Fasciné
par le cinéma de la fin des sixties,
il a épinglé quelques perles de
l’époque (et produites par Sony
Pictures qui produit Once Upon a
Time). On y trouve en toute évi-
dence Easy Rider, film culte de
Dennis Hopper dans lequel lui et
Peter Fonda parcourent les
États-Unis et découvrent le mode
de vie des communautés hippies,
confronté à l’Amérique profonde.
C’est aussi une Amérique en plein
bouleversement dont il est ques-
tion dans Le Salaire de la vio-
lence, de Phil Karlson. Le look co-
loré et le grain particulier de Mo-
del Shop, de Jacques Demy, a dû
inspirer le directeur photo de Ta-
rantino, Robert Richardson. Cô-
té sentiments et réflexion sur la

liberté sexuelle, il y a Bob et Ca-
role et Ted et Alice, de Paul Ma-
zursky, histoire de deux couples
en pleine remise en question, et
Fleur de cactus, de Gene Saks, sur
un triangle amoureux. Campus
(Getting Straight), de Richard
Rush, dénonce l’absurdité et
l’horreur de la guerre. Le héros de
Représailles en Arizona, western
de William Witney, a servi de ré-
férence au personnage de DiCa-
prio tout comme celui de Les Re-
quins volent bas (Hammerhead),
de David Miller et de La Bataille
de la mer de Corail, de Paul
Wendkos. Dans Matt Helm règle
son « comte » (The Wrecking

Crew),de Phil Karlson, Sharon
Tate joue l’un de ses derniers
rôles et c’est cette comédie d’es-
pionnage que Margot Robbie qui
l’incarne chez Tarantino va voir
dans une salle de cinéma. Mise en
abyme pour un bel hommage.
F.B.

Dix films pour savourer


les swinging Sixties


Bob et Carole et Ted et Alice
(1969). ©D.R.

Easy Rider (1969). ©D.R.

The wrecking Crew (1968). ©D.R.
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