Le Temps - 19.08.2019

(やまだぃちぅ) #1

LUNDI 19 AOÛT 2019 LE TEMPS


Actualité 3


PHILIPPE CHASSEPOT, HUSAFELL


Le mois d’août a été particulièrement


pourri en Islande, surtout dans le nord de


l’île: des vents violents, des pluies dilu-


viennes, des températures glaciales, et


même des neiges inattendues qui sont


venues garnir les routes des Highlands, les


terres de l’intérieur. «Des vacances


gâchées» pour de nombreux touristes. Une


ambiance idéale pour les climato-scep-


tiques qui doutent du réchauffement.


Katrin Jakobsdottir, la première


ministre islandaise, avait décidé de


prendre la parole sur le sujet. Sans pro-


tocole particulier – avec chaussures de


marche et pantalon de randonnée


étanche –, elle s’est rendue hier aux


abords d’un ancien glacier, l’Okjökull.


Le site ne se trouve qu’à 1 heure 30 de


Reykjavik mais il appartient déjà à un


autre univers aux noms aussi magiques


qu’imprononçables, tels les champs de


lave de Hallmundarhraun ou la piste


minérale de Kaldidalur.


Plus qu’un km carré


au fond d’un grand cratère


C’est ici que le premier glacier islandais


a été officiellement déclaré disparu, en


2014, par le géologue Oddur Sigurdsson.


L’Okjökull, que tout le monde appelait


Ok, s’étalait sur 15 kilomètres carrés et


50 mètres d’épaisseur voilà un siècle.


Aujourd’hui, il n’en reste qu’un cercle


d’un km carré au fond d’un grand cratère.


«Il y a trop de vent, je n’arriverai


jamais à lire mon discours...» lance


Katrin Jakobsdottir dans le froid


polaire. Traits taillés à la serpe, regard


bleu métal, elle renonce au texte pré-


paré pour mieux improviser sur le


changement climatique et les injustices


qu’il provoque. Pour dire, aussi, qu’il


faut agir comme les équipes de secours


qui viennent en aide aux touristes


sinistrés dans les montagnes: «Nous


devons les soigner elles aussi. Même si


la fonte des glaces n’est qu’un aspect


du changement. Il y a aussi les inonda-


tions, les tempêtes, et toutes ces catas-


trophes.» Puis elle termine en lisant


un poème d’une lycéenne de 17 ans,


Gunnhildur Frida Hallgrimsdottir.


L’adolescente n’est pas connue mais


pourrait bientôt le devenir, en porte-pa-


role de sa génération. D’une beauté sidé-


rante et d’un calme communicatif, Gun-


nhildur explique ses textes: «C’est tout


simple, je parle d’un glacier disparu et


d’un monde où la course à l’argent est une


course à notre perte. Je l’ai pourtant écrit


à la va-vite, tout comme le précédent qui


a été lu pendant une session du parle-


ment.» D’autres jeunes Islandais traînent


à ses côtés avec leurs banderoles, un peu


perdus au milieu de quelques figures


internationales: l’ancienne présidente


d’Irlande Mary Robinson et le secrétaire


général d’Amnesty International, Kumi


Naidoo, avaient tenu à faire le déplace-


ment aux côtés de 150 anonymes.


Tout ce beau monde couvert de bon-


nets et de parkas s’est alors mis en


marche vers l’ancien glacier. Il n’y a pas


de chemin, juste de la terre et des cail-


loux pour parvenir sur les lieux. L’am-


biance est bon enfant, avec des scènes


de famille classiques, comme cette


plainte d’une petite fille de 10 ans à son


père: «On arrive bientôt?»


A l’origine de cette promenade, deux


professeurs d’anthropologie de l’univer-


sité de Rice, au Texas: Cymene Howe et


Dominic Boyer, qui ont réalisé un film


court sur le sujet, titré Not Ok. Leur mobi-


lisation changera-t-elle les mentalités sur


place? Les Islandais n’ont pas toujours les


réflexes écologistes qui se sont imposés


dans d’autres pays. En voiture, ils gardent


par exemple l’habitude de laisser tourner


longuement leurs moteurs quand ils


croisent un ami au bord de la route. Par-


fois quarante-cinq minutes, sans raison


évidente.


«Ceci est un message


pour le futur»


L’Islande connaît pourtant des boule-


versements spectaculaires. Elle perdrait


ainsi 11  milliards de tonnes de glace


chaque année. Elle compte aujourd’hui


400 glaciers qui, si rien ne change, auront


tous disparu d’ici à 2100. Dans ce


contexte, la marche vers «Ok» tient de


l’opération de marketing, de la tentative


de sensibilisation.


Dernier geste cérémonial du jour:


l’installation d’une plaque dorée à


flanc de rocher. Des mots simples rédi-


gés par Andri Snaer Magnason, une


figure de la littérature islandaise enga-


gée de longue date pour la conserva-


tion de l’environnement. «Ceci est un


message pour le futur. Ok est le pre-


mier glacier islandais à avoir perdu


son statut. Tous les autres glaciers du


pays devraient connaître le même des-


tin au cours des deux prochains


siècles. Ce monument est là pour dire:


nous savons ce qui est en train de se


passer, et nous savons ce que nous


avons à faire. Vous seuls saurez si on


l’a fait. Août 2019.» n


Procession solennelle


pour un glacier disparu


RÉCHAUFFEMENT L’Islande a honoré


hier le souvenir de son premier glacier


officiellement disparu, l’Okjökull. Une


manifestation vibrante, en pleine


nature, à laquelle ont participé de nom-


breuses personnalités locales et inter-


nationales


EMMANUEL GARESSUS, ZURICH


t @garessus


La tendance est incontestable,


selon la NZZ am Sonntag. Le futur


parlement sera favorable à un


relèvement à 67 ans de l’âge de la


retraite. L’hebdomadaire s’appuie


sur les réponses des candidats au


questionnaire Smartvote, qui per-


met aux électeurs de comparer


leur profil à celui des candidats


aux élections de cet automne. Les


réponses seront disponibles


mardi, mais le journal alémanique


déclare être déjà en possession


des réponses concernant la


retraite.


Même en cas de victoire de la


gauche, une majorité se dessine


en faveur d’une hausse de l’âge de


la retraite. Le sondage indique que


50% des candidats répondent


«oui» ou «plutôt oui» à la ques-


tion: êtes-vous favorable à un


relèvement de l’âge de la retraite


(par exemple à 67 ans)?


L’image est faussée par le fait


que la gauche envoie davantage de


candidats dans la bataille électo-


rale. Mais, sur la base de la répar-


tition actuelle, il resterait une


majorité de 55%. Et en cas de vic-


toire de la gauche, basée sur le


baromètre électoral de la SSR, le


taux d’approbation serait de 52%.


La NZZ am Sonntag constate un


virage en faveur de cette proposi-


tion par rapport aux précédentes


élections, en particulier au sein


du PLR, de l’UDC et des Vert’libé-


raux. Le débat sur l’évolution


démographique laisse des traces,


selon la politologue Silja Häuser-


mann. Les Verts et les socialistes


sont unis derrière un non. Ils sont


maintenant rejoints par le PDC.


Le soutien au relèvement est tou-


tefois plus évident en Suisse alé-


manique qu’en Suisse romande.


Un phénomène de polarisation


apparaît également, selon l’heb-


domadaire dominical. Au sein des


partis, le choix est de plus en plus


clair.


Relèvement immédiat


Un fossé existe toutefois entre


la base électorale et les directions


de parti, selon le politologue


Georg Lutz. Les électeurs PLR


(45%) et UDC (37%) n’ont que de


faibles taux d’approbation d’une


hausse de l’âge de la retraite, sur


la base d’une étude effectuée


après les élections de 2015. Dès


lors, le peuple ne devrait guère


accepter une réforme de la pré-


voyance vieillesse qui se limiterait


à ce seul aspect. L’heure est


davantage à la flexibilité accrue.


Une initiative des Jeunes PLR,


qui demande un relèvement


immédiat à 66 ans, puis de le lier


à l’évolution démographique, va


dans ce sens. Les initiants lance-


ront la récolte des signatures en


septembre. n


ÉLECTIONS FÉDÉRALES Le


questionnaire Smartvote auprès


des candidats au parlement, dis-


ponible mardi, signale un soutien


majoritaire à un relèvement de


l’âge de la retraite au sein du futur


parlement, même en cas de vic-


toire de la gauche, selon la «NZZ


am Sonntag»


Une majorité de candidats


pour une retraite à 67 ans


Albinos sacrifié


au Burundi


Le corps


démembré d’un


jeune albinos


porté disparu


depuis le début de


la semaine a été


retrouvé samedi


soir dans le


nord-ouest du


Burundi, ont


informé dimanche


des témoins et


l’association


Albinos sans


frontières.


Dans différents


pays africains, les


albinos sont


pourchassés, tués,


ainsi qu’amputés


de membres et


d’organes, ensuite


utilisés pour des


rituels ma≠giques


censés apporter


richesse et


chance. AFP


MAIS ENCORE


Image de la NASA montrant l’Okjökull le 7 septembre 1986 (en haut) et le 9 août 2019 (en bas). (AFP)


Un attentat fait au moins


63 morts à Kaboul


Un attentat kamikaze revendiqué par l’Etat


islamique (EI) a fait au moins 63 morts et blessé


182 personnes samedi soir lors des festivités


accompagnant un mariage à Kaboul. «Parmi les


victimes, il y a des femmes et des enfants», a


affirmé le porte-parole du Ministère de


l’intérieur, Nasrat Rahimi. «Les participants


dansaient et faisaient la fête quand l’explosion


s’est produite.» «Le frère [...] a réussi à atteindre


un grand regroupement d’apostats», a écrit le


groupe djihadiste, en référence à l’appartenance


des convives à la confession chiite. AFP


Au moins 4000 personnes


interpellées au Cachemire


Au moins 4000 personnes ont été interpellées


au Cachemire indien depuis la révocation de


l’autonomie de ce territoire par New Delhi il y a


deux semaines, ont déclaré des sources


gou ver nementales, donnant pour la première


fois une idée de l’ampleur des mesures prises


par les autorités pour prévenir des manifes-


tations. «La plupart d’entre elles ont été


éva cuées par avion (de la région) parce que les


prisons (locales) n’ont plus de place», a précisé


un magistrat sous le couvert de l’anonymat. Un


seul décès a été signalé jusqu’à présent. AFP


Etat d’urgence décrété


dans l’est du Tchad


Le président tchadien, Idriss Déby, a déclaré


dimanche l’état d’urgence dans deux provinces


de l’est du pays et réclamé le désarmement des


civils après des affrontements meurtriers


entre communautés qui ont fait des dizaines


de morts en août. A l’origine de ces éruptions


de vio lence se retrouvent souvent les mêmes


scénarios: un troupeau de dromadaires piétine


le cha mp d’un agriculteur ou un jardin cultivé


par une famille, déclenchant immédiatement


la confrontation entre les hommes des deux


communautés. AFP


Accord de transfert


du pouvoir signé à Khartoum


Les militaires au pouvoir et les meneurs de la


contestation ont signé samedi un accord


historique qui ouvre la voie à un transfert du


pouvoir aux civils au Soudan. La signature des


documents qui définissent les 39 mois de


transition à venir a eu lieu lors d’une cérémonie


dans l’après-midi à Khartoum, sur les rives du


Nil. Cette issue a été accueillie avec soulagement


des deux côtés, les manifestants célébrant la


victoire de leur «révolution» et les généraux


s’attribuant le mérite d’avoir évité une guerre


civile. AFP


EN BREF


ATS


Depuis l’accident qui a coûté la


vie à un contrôleur coincé dans


une portière il y a 15 jours, les CFF


réalisent des contrôles spéciaux.


Et jusqu’à présent, 20 portes de


wagon ont présenté des systèmes


de protection anti-pincement


défectueux, affirme le patron de


l’ex-régie fédérale.


Deux cent cinquante voitures et


des milliers de portes ont déjà été


inspectées, explique Andreas


Meyer, directeur général des CFF,


dans un entretien accordé au Sonn-


tagsBlick. Il en reste presque autant


à vérifier, car au total 493 wagons


d’un train de type VU IV, des voi-


tures à un étage sans plancher sur-


baissé, sont utilisés en Suisse.


Mais Andreas Meyer le répète:


la sécurité est garantie sur le


réseau ferroviaire suisse. Seuls les


wagons ayant passé les tests avec


succès sont remis en service. Et


les agents de trains font désor-


mais particulièrement attention


aux wagons pouvant présenter


des défaillances.


Circonstances non éclaircies


Un contrôleur des CFF âgé de


54 ans a perdu la vie il y a deux


semaines à la gare de Baden (AG)


après avoir été coincé dans la porte


d’un Interregio au moment du


départ et traîné par le convoi. Les


faits font l’objet d’une enquête


auprès du Service suisse d’enquête


de sécurité (SESE). Pour l’heure,


on ne sait pas clairement si l’em-


ployé a respecté toutes les règles


de sécurité. Andreas Meyer a


refusé de spéculer sur la question.


«Le contrôleur décédé était un


collègue expérimenté, très fiable


et apprécié», a-t-il souligné. n


SÉCURITÉ L’inspection de 250


wagons à la suite d’un accident


mortel a mis au jour des pro-


blèmes dans toute une série de


voitures


Les CFF ont découvert


20 portes défectueuses


«C’est tout simple,


je parle d’un glacier


disparu et


d’un monde où la


course à l’argent


est une course


à notre perte»


GUNNHILDUR FRIDA HALLGRIMSDOTTIR,


POÉTESSE EN HERBE


RELEASED BY "What's News" VK.COM/WSNWS TELEGRAM: t.me/whatsnws

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