Les Echos - 20.08.2019

(vip2019) #1

20 // FINANCE & MARCHES Mardi 20 août 2019 Les Echos


en bref


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Les taux négatifs ne sont pas une
option pour la Banque d’Angleterre

POLITIQUE MONÉTAIRE Le gouverneur de la Banque d’Angle-
terre, Mark Carney, ne croit pas que le recours à des taux d’inté-
rêt négatifs constitue une option viable pour l’économie britan-
nique actuellement. « A ce stade, nous ne considérons p as les taux
négatifs comme une possibilité. Je ne critique pas les autres qui les
ont utilisés mais nous ne les considérons pas comme une possibi-
lité », a-t-il déclaré au site Central Banking. La Banque centrale
européenne n’a pas hésité à abaisser son taux de dépôt sous les
0 % dès 2014. Depuis 2016, il est fixé à –0,4 %.

Fusion en vue dans la gestion
de fortune au Royaume-Uni

BANQUE Le spécialiste britannique de la gestion de fortune et
du conseil e n patrimoine Tilney a confirmé l undi mener des dis-
cussions exclusives avec son compatriote Smith & Williamson
en vue de se rapprocher. « La combinaison créerait une société de
plus de 45 milliards de livres sterling d’actifs sous gestion », indi-
que le groupe contrôlé par le fonds d’investissement Permira,
qui l’avait acheté en 2014 à Deutsche Bank.

commerçants, car c’est une activité
qui ne les intéresse plus », dit-il.
Craig Madgwick est tout simple-
ment allé voir ailleurs. Ce décora-
teur d’intérieur établi à Sydney a
ouvert en début d’année un compte
chez le néerlandais ING. « J’en avais
marre de payer des f rais à chaque fois
que j’utilisais ma carte. Et puis je
voyage beaucoup à l’étranger et là
aussi, l es frais étaient astronomiques.
Avec ING, i l n’y a aucun frais et depuis
le début de l’année, je pense avoir déjà
économisé environ 400 dollars
(245 euros) », précise-t-il.

Nouveau code de conduite
De plus en plus d’Australiens se
détournent des Big Four, leur préfé-
rant des banques étrangères ou des
banques de moindre importance
mais qui font passer les profits après
une certaine éthique. C’est notam-
ment le cas de Bank Australia, la
première banque coopérative
d’Australie, qui, dès la publication
du rapport de la commission, a
lancé une campagne d’affichage
avec un message simple : « La ban-
que avec de l’argent propre est la
banque dont l’Australie a
besoin ». Un message porteur, alors
que selon une étude d’Accenture
publiée e n mai, 33 % des A ustraliens
ont perdu confiance en l eur b anque.
« Nous voulions mettre en lumière
notre stratégie, adoptée l’an dernier,
de “banque responsable”, détaille
Fiona Nixon, directrice de la com-
munication de Bank Australia. Nous
n’investissons plus dans les énergies
fossiles, la pornographie, ou l’expor-
tation d’animaux vivants. » La straté-
gie semble payante. « Depuis février,
nous constatons une croissance
record de notre clientèle, de l’ordre de
100 % par rapport à l’an dernier », dit-
elle. Les temps sont moins cléments
pour NAB, Westpac, ANZ et Com-
monwealth, qui doivent composer

avec un environnement réglemen-
taire bien plus strict. Un nouveau
code de conduite a été adopté en
juillet, et le gouvernement de Scott
Morrison, bien qu’on lui reproche de
manquer d’entrain en la matière,
modifie progressivement la législa-
tion. D’après KPMG, les Big Four ont
vu leurs bénéfices cumulés dimi-
nuer de 4 % au premier semestre, à
14,5 milliards de dollars (8,8 mil-
liards d’euros). Le leader, Com-
monwealth, a dû payer 918 millions
de dollars (556 millions d’euros) de
dommages aux clients qu’il a floués,
mais aussi dépenser 217 millions
d’euros pour se mettre en confor-
mité avec les nouvelles dispositions
législatives et réglementaires.n

Les quatre grandes banques austra-
liennes, les Big Four, restent large-
ment prédominantes sur le marché
bancaire australien, puisqu’elles
contrôlent encore plus de 75 % du
marché bancaire. Mais depuis
la révélation des nombreux abus
pratiqués pendant des années au
détriment de leurs clients, leur posi-
tion, quasiment oligopolistique,
s’érode. Selon les relevés trimes-
triels publiés par l’Autorité pruden-
tielle et de régulation australienne
(Apra), les banques étrangères ont
ces derniers mois vu leurs affaires
s’étoffer considérablement... essen-
tiellement au détriment des Big

Grégory Plesse
— Correspondant à Sydney


Qu’elle semble loin l’époque où les
Big Four, les quatre grandes ban-
ques australiennes (ANZ, NAB,
Westpac et Commonwealth),
étaient unanimement acclamées
pour leurs performances. Non seu-
lement elles avaient bien mieux
résisté que leurs comparses euro-
péennes et américaines à la crise
financière de 2008, mais, en plus,
leur capacité à générer des profits
semblait inépuisable.
On comprend mieux leur perfor-
mance depuis la publication du rap-
port de la commission d’enquête sur
les fautes du secteur bancaire, en
février. Frais pour « absence de ser-
vice », souscription forcée d’assu-
rances, fraude aux prêts immobi-
liers, les quatre banques ont même
facturé des services à des clients...
morts depuis des années.


Révélations de la « Royal
Commission »
Geoff Shannon connaît b ien le sujet.
Cet ancien promoteur immobilier a
fondé en 2012 Unhappy Banking, un
organisme qui aide les clients floués
par les banques. Parmi les « quel-
ques centaines » de personnes qu’il a
accompagnées, il cite le cas d’une
femme de 99 ans qui s’est vu accor-
der un prêt immobilier... sur 30 ans.
« Le banquier qui lui a fait signer ce
contrat est aujourd’hui en prison »,
précise Geoff Shannon.
S’il estime que les révélations de la
« Royal Commission » ont permis
d’assainir – un peu – un secteur ban-
caire qui pouvait agir quasi sans
contraintes, il regrette que celle-ci ne
soit « pas allée plus loin ». « Les ban-
ques ont trouvé l’excuse parfaite pour
restreindre l’accès au crédit pour les


BANQUE


Après des abus, les banques

australiennes dans la tourmente

l Les quatre grandes banques australiennes se retrouvent


aujourd’hui en difficulté.


lCertaines de leurs pratiques ont scandalisé les Australiens.


Le leader bancaire australien, Commonwealth, a dû payer 918 millions de dollars australiens
(556 millions d’euros) de dommages aux clients qu’il a floués. Photo David Moir/Bloomberg

Four que sont ANZ, NAB, Com-
monwealth et Westpac.

ING Australia en pointe
C’est notamment le cas du britanni-
que HSBC, dont le portefeuille de
prêts hypothécaires a gonflé de 37 %
en un an (à fin avril) pour atteindre
17,9 milliards de dollars australiens
(10,8 milliards d’euros). Le néerlan-
dais ING dispose d’un portefeuille
évalué à plus de 50 milliards de dol-
lars (30 milliards d’euros), son com-
patriote Rabobank, très impliqué
dans le financement agricole, gère
22 milliards de dollars (13,3 mil-
liards d’euros) et l'américain Citi,
présent en Australie depuis les
années 1980, cumule des actifs esti-
més à 14 milliards de dollars
(8,5 milliards d’euros). Ces sommes
restent très modestes comparées
aux actifs des Big Four, dont cha-

cune détient plus de 800 milliards
de dollars (483 milliards d’euros).
Reste que celles-ci, éreintées par
les scandales révélés p ar la Commis-
sion d'enquête sur les abus des ban-
ques, connaissent une pression
nouvelle. Toujours selon le dernier
rapport publié par l’Apra, le bilan
des quatre grandes banques austra-
liennes a fondu de 15 milliards de
dollars (9 milliards d’euros), tandis
que celui des banques étrangères

s’est accru de 37 milliards (22,3 mil-
liards d’euros). Elles contrôlent
désormais 14 % du marché bancaire
australien, contre 1 2 % il y a cinq ans.

Société Générale de retour
Leur offensive porte ses fruits. ING
Australia a vu son bénéfice net pro-
gresser de 15 % en 2018, pour attein-
dre 401 millions de dollars (242 mil-
lions d’euros). HSBC a vu son
bénéfice avant impôts bondir de
plus d e 25 % en un an e n Australie, à
463 millions (300 millions d’euros).
Dans le sillage de ces institutions
financières déjà présentes dans le
pays, de plus en plus de banques
s’implantent sur ce marché très
attractif. Ces derniers mois, le néer-
landais ABN AMRO et le chinois
Everbright se sont implantés en
Australie, et Société Générale y a fait
son retour. —G. P.

De plus en plus d’Australiens se tournent


vers les banques étrangères


HSBC, ING ou encore
Citigroup bénéficient
de la mauvaise réputation
qui entache les Big Four
australiennes.

14 %

DU MARCHÉ BANCAIRE
AUSTRALIEN
est contrôlé par des banques
étrangères, contre 12 %
il y a cinq ans.

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