Provence - 2019-08-10

(Darren Dugan) #1

F


abienaune gueuled’ac-
teur et des penchants d’ar-
tiste de variétés. Maisle
soir du3juillet dernier, son ad-
dictionàlacocaïneafait bascu-
ler sa vie et manqué d’enécour-
ter d’autres. Une course-pour-
suite démentielle sur l’auto-
route entre Aix et Marseille au
cours de laquelle neuf policiers
ont été blessés.Àl’origine de ce
bilan digne d’un samedi de
maintien de l’ordre sur les
Champs-Élysées, un simple
contrôled’identité sur l’aire de
repos des Chabauds.
Àl’approche de la Bac (bri-
gade anti criminalité)qui avait
repéréune voiture munie de
faussesplaques, Fabien avait
démarré entrombe. Poursuivi
par les policiers, l’homme avait
foncé vers Aixàprès de
200km/h avant de prendre l’A
et d’effectuer un demi-tour
pour rejoindre le centre-ville,
avalant les boulevards à
130km/h. Toujours talonné, le
chauffardavait soudain enclen-
chélamarche arrière pour per-
cuter unevoiture de la Bac, bles-
sant ses trois occupants. Avant
de retourner sur l’A51 en direc-
tion de Marseille,non sans
avoirpercuté une Clio, une
Twingo et un autre véhicule de
la police, qui l’avait dépassé
pour le forceràralentir. Moteur

fumantetpneucrevé, Fabien
avait alors tenté une ultime ma-
nœuvreaux abords de la Pio-
line, encore en marche arrière,
pour percuter un troisième vé-
hicule de police, si violemment
que les airbags s’étaient déclen-
chés.

Quarante-cinq minutes
de course-poursuite

Le chauffard avaittraversé
l’autorouteàpied, poursuivi le
long des voies par une de-
mi-douzaine de policiers.
Àbout de souffle, Fabien
avait d’abord tenté de se réfu-
gier dans un jardin avant de se
cacher sous une voiture où les
policiers l’avaient enfin retrou-

vé. Quarante-cinq minutes
d’une course folle quiaentraî-
né presque autant de jours
d’ITT dans les rangs du commis-
sariat d’Aix et envoyéau
marbre une bonnepartiedu
parking. " C’est digne d’un film ",
souffle Éric Jamet,leprésident
du tribunal correctionnel d’Aix,
devant lequel Fabien compa-
raît ce vendredi, après un mois
de détention. Père de deux en-
fants en bas âge, le prévenude
39 ansexpliqueêtre tombé
dans la drogueaprèsavoir per-
du son entreprise, ilyatrois
ans. En instance de divorce,il
devait d’ailleurs assisteràune
audience de conciliation le jour
des faits, mais avait préféré filer

àMarseille acheter sa dose.
" J’ai cru lire le scénario du pro-
chain Taxi, mais c’estunmi-
raclequ’iln’yaitpaseude
mort", notent lesavocatsdes
parties civiles, qui dressent le bi-
lan desentorses et coups dula-
pin dans les rangs des forces de
l’ordre." C’estunfoufurieuxqui
encourt dix ans de prison" ,note
procureurEmmanuel Merlin
qui en requiert quatre,relevant
au passage un précédentdélit
de fuite, toujours sur l’auto-
route. "Onditquelespoliciers
ontpourconsignedenepas
poursuivre les délinquants rou-
tiers. Il faut mettre finàcette my-
thologie ."
Mais pour la défense, "le par-
quet fait fausse route ,soutien
M

e
JerryDesanges, cen’estpas
un vrai voyoumaisunauthen-
tique toxicomane.Safuite
n’avaitaucunsens ."Une" bête
traquée "auvolant d’une voi-
ture achetéeàvil prix dont il
n’ignorait pas l’origine dou-
teuse, plaide l’avocat qui, beau
joueur, salue le sang-froid des
policiers, "car ils auraient pu ti-
rer" .Fabien bafouille des ex-
cuses, expliquequ’il ne voulait
pas percuter les policiers, sans
trop convaincre le tribunal, qui
le condamneà30mois de pri-
son dont 12 avec sursis.
Florent BONNEFOI

Dans un climat socialvolca-
nique, avec 217 services d’ur-
gence en grèveàcejour en
France pour dénoncerle
manque évident "de moyens hu-
mains etmatériels" ,latrèsvio-
lente poussée de fièvre connue
par l’hôpita lnord (

e
), hier ma-
tin, n’est pas pour détendre l’at-
mosphère.
Selon le récit fourni par une
soignante, qui préfère rester ano-
nyme, toutacommencé vers les
7hquand un homme blessé par
un tesson de bouteille, certaine-
ment dans une bagarre,aété
pris en charge.Quatre heures
plustard, un autrepatient, sé-
rieusement blessé audos cette
fois, se présentaitàson tour aux
urgences. "C’est là que mes col-
lègues ont vu les personnes qui
l’accompagnaient ouvrir le
coffre et s’emparer de battes de
base-ball ", confie la soignante.
"Puis d’autres hommes sont arri-
vés de tousles côtés. Une ving-
taine de personnes au total, fai-
sant sûrementpartie des deux
bandes rivales. Une rixeaalors

éclaté auniveauduSAS qui per-
met d’accéder aux patients" .Une
des zones lesplus " mal sécuri-
sées" de ces urgences qualifiées
de "véritable passoire".
Dans la confusion, plusieurs
soignants ont tentédes’interpo-
ser pouréviterles intrusions
dans cet espace extrêmement
sensible. Les proches des pa-
tients hospitalisés ont parallèle-
ment été exfiltrésàl’extérieur de
l’établissement. "Certains des
participantsàlabagarre étaient
légèrement blessés et ont deman-
dé às’ins crire pour des soins. Ce
que nous avons refusé" ,peste la
salariée de l’AP-HM.
De sourcepolicière on
confirme que " deux affronte-
ments ont éclaté dans la mati-
née, une très tôt, devant un débit
de boissons du 14

e
entre
membres de la communauté
kurde, avec l’utilisation d’armes
blanches. Ensuite, ilyaeu une
troisième mi-temps aux ur-
gences jusqu’à ce que des pa-
trouilles interviennent ".
Douze suspects ont été inter-
pellés et placés en gardeàvue.
"Outre les violences, ils devront
répondre de destruction de bien.
Une porte de l’établissementaen
effet été fracassée" ,indique la sé-
curité publique. " Ça faitlong-
tempsque nous dénonçonsles
problèmes de sécurité aux ur-
gences, en plus du reste. Mais on
ne nous écoute pas", se lamentait
hier soir une infirmière. Le per-
sonnel des urgences, "très cho-
qué "par cette scène,réfléchis-
sait àune "mobilisation".
L.D’A.

L’entrée de Nordaété le théâtre
de la rixe. / PHOTOILLUSTRATION

Sous cocaïne, il avait bles sé


neuf policie rs dans sa fuite


Débutjuillet, ce père de famille de 39 ansavait percuté troisvéhicules


de police surl’A51 et pris tousles risques pouréchapperàuncontrôle


HÔPITAL NORD


Unerixeàlabattede


base-ball aux urgences


L’homme de 39 ansaété jugé en correctionnelle. / PH.ILLUSTRATION LP

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