Temps - 2019-08-07

(Barry) #1
LE TEMPS MERCREDI 7 AOÛT 2019

14 Science


PASCALINE MINET


t @pascalineminet


Un expérimentateur dépose une
souris dans un bocal rempli d’eau
qui ne lui offre ni issue, ni possibi-
lité de prendre appui. Pendant
plusieurs minutes, le rongeur nage
frénétiquement, montrant tous les
signes de la panique, avant semble-
t-il de se résigner à son triste sort.
Il arrête finalement de s’agiter et
se laisse flotter à la surface, sans
plus tenter de s’échapper. L’expé-
rimentateur sort alors l’animal de
l’eau: l’expérience est terminée.
Cette scène est courante dans les
laboratoires de recherche qui étu-
dient les mécanismes et les traite-
ments de la dépression. Le «test
de la nage forcée», mis au point
dans les années 1970, est censé
évaluer le degré de désespoir de la
souris. En théorie, une souris en
bonne santé va persévérer plus
longtemps dans sa nage qu’une
souris «déprimée». Mais certains
scientifiques doutent de la validité
de cette expérience, par ailleurs
critiquée pour sa cruauté.
Loin d’être confidentiel, le test
de la nage forcée est central dans
la recherche en santé mentale. Les
chercheurs spécialistes de ce
domaine ont publié en 2015 en
moyenne une étude par jour basée
sur cette expérience, d’après une
évaluation réalisée par des scien-
tifiques de l’université hollandaise
de Leiden. «Ce test est aujourd’hui
encore courant dans les labora-
toires. Il a notamment permis de
montrer le potentiel de la kéta-
mine pour traiter les dépressions
sévères», indique Alexandre Dayer,
chercheur au département de psy-
chiatrie de l’Université de Genève.
Le test de la nage forcée
est devenu la cible de l’association
PETA (People for the Ethical Treat-
ment of Animals), qui a récem-
ment écrit à l’Institut national
américain de la santé mentale


(NIMH) pour lui demander de
mettre fin à cette pratique chez ses
employés et dans les projets de
recherche qu’il subventionne.
Dans une vidéo postée en ligne,
PETA met en scène le test de la
nage forcée tel qu’il serait vécu par
un être humain, qu’on voit se
débattre pour rester à la surface
d’une mer agitée. Une situation
cauchemardesque.

«De la mauvaise science»
Pour l’association, non seule-
ment cette expérience est barbare,
mais en plus elle n’est pas perti-
nente. Des doutes subsistent en
effet sur ce qui est réellement
mesuré par le test. La souris qui
arrête rapidement de nager est-
elle effectivement désespérée? Ou
au contraire, essaie-t-elle d’écono-
miser ses forces – ce qui serait
plutôt la preuve d’une bonne capa-
cité d’adaptation? Les études uti-
lisant cette méthode pour évaluer
l’efficacité des antidépresseurs
donnent par ailleurs des résultats
contrastés.
A tel point que certains cher-
cheurs commencent eux aussi à
remettre en question cette
méthode. «Les scientifiques ne
devraient plus utiliser ces tests. De
mon point de vue, c’est juste de la

mauvaise science», déclare Hanno
Würbel, spécialiste du comporte-
ment animal à l’Université de
Berne, dans un article publié dans
le journal Nature . Plusieurs labo-
ratoires pharmaceutiques dont
Roche, Johnson & Johnson ou
encore AbbVie ont déjà annoncé
qu’ils allaient renoncer au test de
la nage forcée.
Alexandre Dayer a un avis plus
nuancé: «Il est clair que ce test ne
permet pas d’étudier la dépression
dans toute sa complexité. Mais il
est utile pour tester facilement de
nouvelles molécules contre la
dépression. Son usage devrait être
restreint à ce type de recherche.»

PETA souligne qu’il existe
aujourd’hui de nouvelles méthodes
pour étudier la dépression et ses
traitements; l’association met
notamment en avant l’utilisation
de mini-cerveaux fabriqués en
laboratoire.

Le stress, un facteur
déterminant
Il existe aussi d’autres types de
tests comportementaux que celui
de la nage forcée pouvant servir
dans le cadre d’études sur la santé
mentale. Par exemple, en mettant
une souris en présence d’une autre
souris ayant une position domi-
nante, on génère un stress chez le
rongeur dominé, dont on peut
évaluer l’impact avec ou sans anti-
dépresseur. Mais l’expérience est
plus difficile à mettre en œuvre
pour les chercheurs, par rapport
à une rapide immersion dans l’eau.
A l’avenir, pourra-t-on éviter de
terrifier des milliers d’animaux à
des fins de recherche? Ce n’est pas
si simple, pour certains experts.
«Il est difficile d’étudier la dépres-
sion chez l’animal sans le sou-
mettre à une forme ou une autre
de stress, ce dernier étant un fac-
teur déterminant dans la survenue
des maladies psychiques», fait
valoir Alexandre Dayer. ■

Pousser les souris à la noyade,


une expérimentation critiquée


ANIMAUX Afin d’étudier l’effi-
cacité des antidépresseurs, les
neuroscientifiques laissent des
souris se débattre dans de l’eau
jusqu’à épuisement. Une méthode
remise en cause par les défen-
seurs des animaux, mais aussi
certains chercheurs


La foudre paralyse

la centrale de Beznau

De violents orages ont frappé la Suisse
dans la nuit de lundi à mardi. La foudre a
entraîné un arrêt temporaire de la
centrale nucléaire de Beznau, en Argovie.
Vers 1h34 du matin une sous-station de la
centrale nucléaire est tombée en panne en
raison d’un éclair. Le courant produit par
la centrale ne pouvant plus être
transporté, le réacteur du bloc 1 s’est
arrêté automatiquement et le réacteur du
bloc 2 a réduit sa puissance. A 3h50, la
puissance du second réacteur a pu être à
nouveau augmentée, a indiqué l’exploitant
Axpo. Le réacteur numéro 1 a été
reconnecté au réseau vers midi. Dans la
nuit, 2955 éclairs ont été comptés dans le
canton de Thurgovie. ATS

Un gène pour comprendre


l’autisme et la schizophrénie


L’équipe de Claudia Bagni, directrice du
Département des neurosciences
fondamentales de l’Université de
Lausanne, a montré que la présence d’une
seule copie, au lieu des deux copies
normalement existantes chez les
mammifères, du gène CYFIP1 chez la
souris compromet le bon fonctionnement
du cerveau et mène à des comportements
propres à l’autisme et à la schizophrénie,
notamment des déficits de coordination.
En collaboration avec des chercheurs des
universités d’Anvers et de Louvain en
Belgique, ainsi que de Rome Tor Vergata,
les scientifiques lausannois ont découvert
une diminution des connexions
neuronales entre les deux hémisphères
cérébraux des rongeurs étudiés. ATS

Une «langue artificielle»

pour analyser le whisky

Des chercheurs de l’Université de Glasgow
ont annoncé mardi avoir mis au point une
«langue artificielle» capable d’analyser les
nuances subtiles du whisky pour contrôler
sa qualité de fabrication ou lutter contre la
contrefaçon. Ce dégustateur miniature peut
faire la différence entre un whisky d’une
même marque vieilli dans des fûts différents
avec une précision de 99%. Ou de faire le tri
entre des whiskies âgés de 12, 15 ou 18 ans.
«Nous appelons cela une langue artificielle
parce qu’elle agit de la même façon qu’une
langue humaine», explique Alasdair Clark,
de l’école d’ingénierie de l’Université de
Glasgow. La méthode a permis de découvrir
que plusieurs bouteilles de whisky, censées
être d’une très grande valeur, étaient en
réalité fausses. AFP

Le «test de la nage forcée» est censé évaluer le degré de désespoir de la souris. En théorie, une souris en bonne santé
va persévérer plus longtemps dans sa nage qu’une souris «déprimée». (CAPTURE D’ÉCRAN YOUTUBE)

EN BREF

Bâle


Lausanne


Sion


Verbier


Locarno


Zurich
Saint-Gall

Coire


Saint-Moritz


Genève


La Chaux-de-Fonds
Berne

MÉTÉO

Situation générale


aujourd’hui à 13h


UNE PERTURBATION PLU-
VIO-ORAGEUSE traversera len-
tement la Suisse mercredi. Elle sera
accompagnée de nombreuses pré-
cipitations, parfois aussi à caractère
orageux. Une lente amélioration
se dessinera l’après-midi à partir
de l’ouest. Jeudi et vendredi seront

dans l’ensemble assez ensoleillés
et généralement secs. Samedi, une
perturbation peu active abordera
le Jura avant de se décaler vers les
Alpes. Pour dimanche et lundi,
l’évolution reste incertaine, avec
autant de prévisions que de
modèles.

PRÉVISIONS À CINQ JOURS

JEUDI
70 %

VENDREDI
60 %

SAMEDI
40 %

DIMANCHE
30 %

LUNDI
20 %

Bassin lémanique,
Plateau romand
et Jura

14° 27° 14° 30° 18° 28° 17° 29° 17° 25°

Limite des chutes de neige –––––

Alpes
vaudoises
et valaisannes
(500 m)

15° 29° 16° 32° 18° 30° 18° 31° 18° 27°

Limite des chutes de neige –––––

Suisse
centrale
et orientale

15° 29° 16° 32° 18° 30° 18° 31° 18° 27°

Limite des chutes de neige –––––

Sud
des Alpes

15° 29° 16° 32° 18° 30° 18° 31° 18° 27°

Limite des chutes de neige –––––


  • de -15°-15 à-10°-10 à -5°-5 à 0° 0 à 5° 5 à 10° 10 à 15° 15 à 20° 20 à 25°25° et +


ÉPHÉMÉRIDE
Mercredi 7 août 2019

lever: 06h
coucher: 20h
2 minutes de soleil en moins

lever: 14h
coucher: 00h

lune croissante
taux de remplissage: 48%

14°19°

18°24°

14°17°

18°25°
18°24°

18°23°

17°21°

18°23°

10°17°

16°19°

17°21°

18°21°

Prévisions en Suisse pour le matin et l’après-midi.
Les températures indiquées sont les valeurs minimales (en bleu)
et maximales (en rouge)

MétéoSuisse tél. 0900 162 666
en ligne avec nos météorologues, 24 heures sur 24
(fr. 2.90 la minute)

http://www.MeteoSuisse.ch

Haute
pression


Basse
pression


Front
froid


Front
chaud


Front
occlus


Isobares
(hPa)


H


B


1015


«Les scientifiques

ne devraient plus

utiliser ces tests.

De mon point

de vue, c’est juste

de la mauvaise

science»
HANNO WÜRBEL,
SPÉCIALISTE DU COMPORTEMENT
ANIMAL À L’UNIVERSITÉ DE BERNE

Réchauffement:
30 000 morts
de plus par an
en Chine
Même si des
progrès sont faits
pour faire face
aux canicules
meurtrières,
le passage
du réchauffement
de la planète
de +1,5°C à +2°C
par rapport à l’ère
préindustrielle
pourrait être
responsable
de 30 000 morts
liées à la chaleur,
estiment les
chercheurs dans
la revue «Nature
Communications».
Sans ces progrès
en termes
d’infrastructures
et de préparation,
ce supplément de
mortalité pourrait
encore grimper
de 50% d’ici à la
deuxième moitié
du XXIe siècle. AFP

MAIS ENCORE
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