Télérama Magazine N°3630 Du 10 Août 2019

(Nancy Kaufman) #1
91

dimanche 11


y 20.55 RMC Story Film

Bande de filles


| Film de Céline Sciamma (France, 2014) | 125 mn | Avec Karidja Touré
(Marieme/Vic), Assa Sylla (Lady), Lindsay Karamoh (Adiatou).
| Genre : rAGeur.
Une bande d’ados noires chahutent dans une cité. Le groupe se
disperse, et les fil les redeviennent vulnérables... Guerre des
sexes, conflits de territoires : autant d’en traves dont devra s’af-
franchir Marieme, 16 ans. En échec à l’école, elle s’occupe de ses
sœurs et tente d’éviter les coups du frère aîné. Jusqu’à sa ren-
contre avec trois filles bagarreuses qui refusent d’être des
épouses cloîtrées comme leurs mères.
Son sujet, la quête de liberté dans un milieu socialement hos-
tile, Céline Sciamma le transcende en pariant sur le style. Elle

t 21.00 C8 Film

Marius


| Film de Daniel Auteuil (France, 2013)
| D’après Marcel Pagnol | 110 mn | Avec raphaël
Personnaz, Daniel Auteuil, Victoire Bélézy,
Jean-Pierre Darroussin, Marie-Anne Chazel.
| Genre : PATriMoniAL.
Pourquoi Pagnol? Parce que Daniel Au-
teuil lui doit beaucoup — c’est avec Jean de
Florette qu’il a connu la consécration — et
qu’il croit fermement au caractère impé-
rissable de cette œuvre, malgré son cor-
tège de clichés. Refaire la Provence « avé
l’assent », le bar de la Marine face au
Vieux-Port, la partie de cartes avec le fa-
meux « Tu me fends le cœur! » lancé par
Raimu, il fallait en effet oser.
Fanny, marchande de coquillages,
aime donc depuis l’enfance Marius, fils de
César, le patron du bar. Marius n’est pas in-
sensible au charme de la demoiselle, mais
il a une passion dévorante, le bateau. Va-t-
il répondre à l’appel du large, faire souffrir

t 21.00 France 2 Film

Le monde ne suffit pas


| Film de Michael Apted (The world is not enough, GB/uSA, 1999)
| Scénario : robert Wade et neal Purvis | 120 mn. VM | Avec Pierce Brosnan,
Sophie Marceau, robert Carlyle, Denise richards, John Cleese.
| Genre : re-BonD.
Livré avec sa superpanoplie, James nous refait l’éternel même
numéro de charme pétaradant. Ici, il déjoue une sombre affaire
de trafic de plutonium à des fins terroristes. La routine, quoi.
Michael Apted, enivré par les progrès de la pyrotechnie, abuse
de scènes d’action conventionnelles. Paradoxalement, c’est entre
celles-ci que le film devient réjouissant. Il retrouve alors la déri-
sion qui sied à 007. Pierce Brosnan, dans sa troisième mission
« bondienne », est impeccable en play-boy pas dupe. John Cleese,
ex-Monty Python, vient faire un petit tour, bug désopilant dans
cette machine bien huilée. Et les méchants sont à la hauteur. So-
phie Marceau fait sa vamp avec une santé vénéneuse. Robert Car-
lyle, ex-prolo chez Ken Loach, transfigure Renard, le terroriste
mégalo insensible à la douleur par une balle fichée dans son
crâne. Un fou dangereux auquel il apporte une étonnante
dimension romantique. Le clou du rituel. — Cécile Mury
Suivi d’un Bond-roger Moore de 1981 : Rien que pour vos yeux

WDR/X-Filme CReative Pool (lire page de gauche).


| HolD


UP


Films/lilies Films


Dans les quartiers,
l’effigie de quelques
pionnières d’une
féminité insoumise,
athlétique, explosive.

restitue la complexité d’une réalité peu représentée sans renon-
cer à la sublimer. Bande de filles est d’abord un film physique où
les corps, souples et athlétiques, occupent une place de premier
plan, où l’énergie frondeuse des héroïnes électrise. L’auteur de
Naissance des pieuvres et de Tomboy continue d’explorer les vi-
cissitudes de l’adolescence, où les identités s’inventent, parfois
dans la douleur. Fidèle à ses thèmes de prédilection, Céline
Sciamma l’est aussi aux cités. Barres d’immeubles, coursives,
amphithéâtres de béton : la cinéaste transforme ces lieux,
qu’une nuit électrique rend méconnaissables. Elle y filme ces
jeunes filles comme des pionnières romanesques cherchant à
exister pleinement. — Mathilde Blottière

père et prétendante? Passé le moment de
malaise (l’impression d’être dans un mu-
sée Grévin méridional), on doit convenir
que le cinéaste Auteuil ne s’en tire pas si
mal. Au-delà des galéjades et de la fa-
conde, il mise surtout sur le caractère mé-
lodramatique de cet univers confiné. Pas
de cigales et de lumière en pagaille, mais
des scènes d’intérieur, une part de théâtre
ténébreux que le cinéaste parvient à dy-
namiser en variant les plans, en s’ap-
puyant aussi sur des comédiens globale-
ment solides. Victoire Bélézy (la Fanny),
nouvelle venue, et Raphaël Personnaz (le
Marius), mèche tombante, foulard bleu
roulé et noué autour du cou, sont fiévreux
sans être ridicules. A travers cette mini-sa-
ga dépeignant la famille protectrice et
étouffante pointe une tension sourde.
Comme une appréhension du chagrin, de
la rupture. — Jacques Morice

Télérama 3630-3631 07 / 08 / 19
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