Strip-art.Stoïcisme. ParAnnaHaifisch
Jusqu’au 17 août, l’illustratrice allemandeAnnaHaifisch inventedenouvelles aventures
àThe Artist,leh éros de sesbandes dessinéespubliées chez Misma.
Surunplateau.
Au bout
de l’enfer.
ParValentinPérez
Lorsqu’il débarque aux Philippines, sur le
tournage d’ Apocalypse Now de Francis
Ford Coppola en 1976,Martin Sheenfait face
au chaos. Appelé pourremplacer au pied
levé Harvey Keitel, virésans ménagement au
bout de quinzejours, le trentenaireintègre
une équipefébrile,que les ivresses noc-
turnes privent de sommeil, et seretrouve
confontéàlamisèrelocale : «Des cochons
qui couraient dehors, des enfants édentés»,
décrit-il au magazine RollingStone en 1979.
Il pressent que letournage ne durerapas les
quatorzesemaines escomptées:ils ’étirera
au final sur seizemois!
Pour incarnerWillard, un capitaine qui doit
secrètement, en pleine guerreduVietnam,
retrouver et éliminer le sauvagecolonel
Kurtz (Marlon Brando), Sheen s’engage
physiquement. Il fumeautant que le per-
sonnage l’exige et accepte, poussé par
Coppola, de se soûler par souci deréalisme.
Rongé par les maladies tropicales, ilcom-
mencedoucementàvaciller etàperdr edu
poids.Avant derepartirtourner dans la
jungle–untyphonaobligé l’équipeàren-
trer aux états-Unis–Sheen salue solennel-
lement ses prochesàl’aéroport,faço nder-
nier adieu : «Jenesais pas si j’en
reviendrai. » Mais il n’abandonne pas, car
comment ne pas se sacrifier pourCoppola,
«cebâtarddeFrancis» qu’il admire?
Sur place, les conditions setendent encore. Il
faut supporter la moiteur du climat, lesrats,
la présenceinsoutenable devéritables
cadavres que le cinéaste veut placer dans le
champ,l’obèse Brando quirefuse que l’on
cadreson énormeventre, Dennis Hopper
défoncéqui adécidé de ne plus prendrede
douche...Unsoir derepos, en pleine lecture,
Sheenest saisi d’une douleur violente à
l’omoplate.Ilp arvientàserhabiller,rampe
jusqu’au premier bus en bas de l’hôtel,rejoint
l’équipe et s’évanouit:crise cardiaque.
«Faitesvenir un prêtre», exige-t-il lorsqu’il
reprendconnaissance, persuadé que sa der-
nièreheureest arrivée,tandis qu’on lui
dépêche un médecin. Hospitalisation immé-
diate.Bien qu’épuisé et suralcoolisé,ils era
dès le mois suivantànouveau devant la
caméra.Àborddecet enfer qu’il neveut pas
quitter et dont lerésultatstupéfiant empor-
tera la Palme d’or.
Apocalypse Now (2h33),deFrancis Ford
Coppola.Sorti efrançaise initiale le26 sep-
tembre 1979.Resso rtie en salle dansune
version inédite«Final Cut»le 21 août(3h03).
Illustr
ation Sa
toshi Hashimot
op
our
MLem
agazine du Monde