C
hampion du monde MX2 en
2006, Christophe Pourcel en-
tendait remettre le couvert en 2007
au guidon de sa Kawasaki, dans le
team familial. L’absence d’un drapeau
jaune signalant la chute d’Aubin lors
du warm-up du 13eGrand Prix de la
saison et une mauvaise réception en
ont décidé autrement... Relevé avec
une fracture du sacrum, Christophe
va vivre un cauchemar et son retour
à la compétition tiendrait presque du
miracle s’il n’était le fruit d’une force
mentale hors du commun. Alors qu’ilcités. Deux mois plus tard, je retrouvais
le plaisir, ce qui m’a donné goût à la
vie. Mon père ne m’a pas mis la pres-
sion, je roulais tranquille, dans le team
en Belgique pour retrouver des sen-
sations. Depuis tout gamin, j’ai toujours
rêvé d’aller aux États-Unis et je me
suis dit que j’avais trop travaillé pour
arrêter. Bien qu’étant à 80 % de mon
potentiel, il fallait que je tente ma
chance. »En novembre 2008, CP #377
débarque aux USA pour intégrer le
team Pro Circuit de Mitch Payton qui
lui a gardé sa confiance lors de sa tra-
versée du désert. En mode
guerrier, Christophe qui a
perdu 15 kg durant son inac-
tivité bosse six jours sur sept,
y compris dans la salle de
sport aménagée dans le ga-
rage de sa maison. Mais à
l’entraînement, un high side
l’envoie au tapis, la clavicule
est touchée, cassée en cinq
morceaux. Opération, pose
d’une plaque... Ce sont cinq
semaines qui auraient pu
être mises à profit qui s’en-
volent sans altérer le moral
du Marseillais. « C’était un
mal pour un bien car je de-
vais initialement rouler en SX
Lites côte Ouest. Le cham-
pionnat côte Est où je me suis
aligné commençant plus tard,
cela m’a permis de grappiller
du temps pour affiner ma préparation.
Je savais que j’avais la vitesse car à
l’entraînement, je roulais plus vite que
les autres pilotes Pro Circuit, mais re-
venir de si loin en ayant le couteau
sous la gorge, c’était un sacré chal-
lenge. »L’incroyable come-back
Christophe Pourcel ne doutait pas de
ses capacités, tout en s’interrogeant
sur ses performances sur la durée
d’une manche menée à un train d’en-
fer. Il n’a pas couru depuis août 2007!
Il y a 524 jours exactement, il était àPar Claude de la Chapelleterre, sonné. Samedi 24 janvier 2009,
il est dos au mur, au Texas. C’est le
jour de la revanche sur le mauvais
sort. Malgré une certaine anxiété, il
revit. Il va faire ce qu’il sait faire de
mieux : piloter pour gagner, avec ce
style qui bluffe les observateurs, subtil
dosage de fluidité et de précision qui
fait dire à Roger de Coster : « Chris-
tophe ne se bat pas avec la moto, il la
place où il veut, sans forcer. »Qui plus
est, l’expérience de Christophe dans
ses batailles avec Cairoli lors de la
conquête du titre MX2 en 2006 lui a
apporté la maturité permettant de gé-
rer une course avec vista « mentale-
ment, je suis plus fort, je réfléchis da-
vantage », ce qui, doublé avec
l’intelligence qui le caractérise, lui
donne les cartes pour réussir. Enfin
sur le papier car rien ne remplace le
baptême du feu et un podium serait
une sacrée victoire. Aux essais, Chris-
tophe est dans le coup et roule aux
avant-postes. C’est bon signe! En
demi-finale, il est dans la roue de Met-
calfe (Honda), ne cherche pas la ba-
garre et profite de cette position pour
analyser ses lignes tout en prenant
confiance sur la moto. Il lui faudra ré-
gler les suspensions de la Kawasaki
pour être plus efficace lors de la finale,
notamment pour mieux virer. Le
grand moment de la finale voit Chris-
tophe jaillir de la grille en serrant au
maximum le virage pour prendre la
tête de la course. Il creuse l’écart, seul
au monde, et gère avec aisance une
manche qu’il remporte avec autorité!
Première sortie, première victoire en
SX Lites devant Metcalfe et Izzy (Su-
zuki) !« Ce fut une grosse délivrance »
avoue-t-il. Pour son retour aux affaires,
Christophe gagne cinq épreuves du
SX Lites Est sur huit, décroche le titre
à Toronto et remporte la confronta-
tion Lites Est-Ouest à Las Vegas de-
vant Ryan Dungey (Suzuki), Trey Ca-
nard (Honda) et les Kawa boys Jake
Weimer et Austin Stroupe. Pour que
le message soit entendu haut et fort,
Cri récidive en 2010, tout en se hissant
à la 3eplace de l’AMA 250 MX après
une place de vice-champion en 2009.
Ce come-back de l’enfer est l’un des
plus incroyables qui soit, forgeant un
peu plus la légende de CP # 377. Cha-
peau l’artiste !■Christophe Pourcel revient à la compétition
« J’avais trop travaillé pour
arrêter... »
Le 19 août 2007, au GP d’Irlande, Christophe Pourcel
se blesse sérieusement à deux épreuves de la fin du
championnat. Le début d’un chemin de croix au bout
duquel l’étoile du motocross tricolore brille à nouveau,
sur un autre continent, les USA!y a trois jours, il fêtait ses 19 ans, il est
victime du syndrome de la queue-de-
cheval, une atteinte des racines ner-
veuses du bas du dos qui engendre
une paralysie du bassin et des mem-
bres inférieurs. Pendant de longs mois,
Christophe, cloué sur un lit de souf-
frances, n’a qu’un objectif : marcher!
De là à faire du motocross... Pourtant
un an après son terrible accident dont
il garde encore les douloureuses sé-
quelles, il est sur le pied de guerre. Il
se souvient : « Lorsque je suis remonté
sur la moto alors que j’étais encore
sondé, je roulais à 30 % de mes capa-MX258_P098_MX 18/06/19 12:30 Page98