Le Monde - 04.08.2019

(Darren Dugan) #1

8 |


ÉCONOMIE  &  ENTREPRISE


DIMANCHE 4 ­ LUNDI 5 AOÛT 2019

0123


Gaz : Nord Stream 2 accumule les obstacles


Les retards subis par le gazoduc reliant la Russie à l’Allemagne font craindre des difficultés d’approvisionnement


L


a guerre des tuyaux est­
elle sur le point de tou­
cher l’Europe? Le gazo­
duc Nord Stream 2, qui
doit relier la Russie à l’Allemagne
en traversant la mer Baltique, est
au centre d’une bataille économi­
que et géopolitique entre le géant
russe Gazprom et ses partenaires
européens d’une part, et la Com­
mission européenne, le président
américain Donald Trump et
d’autres pays du Vieux Continent
d’autre part. Ce projet de 1 200 km
de long, qui doit acheminer
55 milliards de mètres cubes (m^3 )
de gaz en Europe, devrait être ter­
miné avant la fin de l’année pour
être opérationnel.
Mais, selon les informations du
Monde, confirmant celles du quo­
tidien économique britannique
Financial Times, le projet sera re­
tardé de plusieurs semaines,
voire de plusieurs mois, sous la
pression des autorités danoises.
« Pour être sûr de finir dans les
temps, il fallait avoir un permis au
Danemark avant le 1er août. Tout
mois supplémentaire qui s’écoule
retarde d’autant la mise en ser­
vice », note un acteur du projet.
Un retard réfuté par le consor­
tium Nord Stream 2, qui continue
d’assurer que le projet sera prêt
dans les temps, avant la fin de
l’année 2019. « Nous pouvons en­
core tenir notre calendrier », as­
sure un porte­parole au Monde.
Mais le risque de retard est bien là.
Le projet est mené par Gazprom
avec cinq partenaires européens,

qui financent la moitié de ce
chantier à 9,5 milliards d’euros : le
français Engie, l’anglo­néerlan­
dais Shell, l’autrichien OMV et les
allemands Uniper et Wintershall
(filiale de BASF).

Le Danemark joue la montre
Concrètement, ce gazoduc est
suspendu à une décision des
autorités danoises, qui semblent
tout faire pour repousser le pro­
jet. Le tracé devait initialement
suivre celui du gazoduc Nord
Stream 1, opérationnel depuis
2012, et traverser les eaux territo­
riales danoises au large de la pe­
tite île de Bornholm. Mais le Da­
nemark a joué la montre et n’a
pas délivré de permis, poussant le
consortium à demander des
autorisations pour une autre
route, qui ne traverse que la zone
économique exclusive (ZEE), et ne
nécessite pas l’accord de Copen­
hague. Cependant l’agence da­
noise de l’énergie tarde elle aussi

à répondre et elle n’a d’ailleurs
pas de date limite pour le faire.
Cette bataille autour d’une île de
500 km^2 au milieu de la Baltique
peut avoir des conséquences im­
portantes dans les prochains
mois : le retard risque d’empêcher
le gazoduc d’être opérationnel en
fin d’année 2019. C’est là que le
bât blesse : l’un des objectifs de
Nord Stream 2 pour Gazprom est
de remplacer une partie du tran­
sit de gaz à travers l’Ukraine. Or le
contrat entre la Russie et
l’Ukraine arrive à échéance au
31 décembre 2019.
Autrement dit, si le gazoduc
n’est pas terminé et qu’aucun ac­
cord n’est trouvé entre Moscou et
Kiev à cette date, la question de
l’approvisionnement en gaz de
l’Europe pourrait se poser au mo­
ment le plus froid de l’hiver.
En 2018, 43 % du gaz russe im­
porté en Europe est passé par
l’Ukraine. « C’est un problème qui
peut rappeler les difficultés lors de

la guerre du gaz de 2006, puis de
2009, où il y avait eu une rupture
de plusieurs jours des livraisons »,
note le chercheur Francis Perrin,
directeur de recherche à l’Institut
de relations internationales et
stratégiques (IRIS).
En France, les stockages de gaz
sont conséquents et permet­
traient d’amortir une interrup­
tion temporaire. En réalité, il
s’agit moins d’un risque de rup­
ture d’approvisionnement pour
les consommateurs que d’un ris­
que sur les prix : toute interrup­
tion de livraison par gazoduc obli­
gerait les Européens à acheter au
prix fort du gaz livré par bateau,
en provenance des Etats­Unis ou
du Qatar.

Opposition américaine
Le ministre russe de l’énergie,
Alexander Novak, a déjà proposé
à Kiev de prolonger d’un an le
contrat d’acheminement, mais
sans garantie sur les volumes qui
transiteraient par l’Ukraine en­
suite. « Il n’est pas sûr que les
Ukrainiens seront d’accord pour
servir de roue de secours pendant
un an, en attendant un gazoduc
qui doit les contourner », ironise
un bon connaisseur du dossier.
Les relations tendues entre les
deux pays, dans un climat de
guerre qui se poursuit dans l’est
de l’Ukraine, sont au cœur de la
polémique sur Nord Stream 2.
Au sein de l’Union européenne,
les pays baltes, la Pologne et le
président de la Commission de

Bruxelles, Jean­Claude Juncker,
ont bataillé contre ce projet, esti­
mant qu’il était un danger pour
l’économie ukrainienne et ris­
quait de rendre l’Europe trop dé­
pendante du gaz russe.
A l’inverse, la chancelière alle­
mande, Angela Merkel, a toujours
défendu Nord Stream 2. La diplo­
matie française, elle, est restée
plutôt prudente sur le sujet.
Le gazoduc a aussi un puissant
ennemi : le président américain
Donald Trump, qui a publique­
ment reproché à Angela Merkel
de s’être engagée dans un tel pro­
jet. L’opposition est également
vive au Congrès américain. Mer­
credi, le comité des affaires étran­
gères du Sénat a ainsi adopté un
texte prévoyant des sanctions
contre les individus et entreprises
impliqués dans la construction.
Le texte doit désormais être pré­
senté à l’ensemble des Sénateurs,
mais la décision d’appliquer ou
non les sanctions relèvera du pré­
sident américain. En juin, ce der­

Kristalina Georgieva, candidate


de l’Union européenne au FMI


Après des négociations ardues, les Européens proposeront
l’économiste bulgare à la présidence du Fonds monétaire international

bruxelles ­ bureau européen

L’


Union européenne (UE)
est décidément bien à la
peine pour s’accorder sur
ses hautes fonctions. Vendredi
2 août au soir, les ministres des fi­
nances de l’UE se sont entendus
pour soutenir ensemble la candi­
dature Kristalina Georgieva à la
tête du Fonds monétaire interna­
tional (FMI). Malgré leurs efforts,
ils sont toutefois loin d’avoir fait,
comme ils le souhaitaient, la dé­
monstration de l’unité euro­
péenne puisque les tractations se
sont déroulées pendant près de
douze heures. Un scénario qui
n’est pas sans rappeler l’épisode de
fin juin, lorsque les Vingt­Huit
s’étaient répartis dans la douleur,
entre autres postes­clés, la prési­
dence de la Commission et celle
du Conseil européen, pour la­
quelle le nom de Mme Georgieva
avait déjà été évoqué.
« L’idée était de se mettre d’accord
sur un candidat commun présen­
tant une grande expérience inter­
nationale et les compétences tech­
niques avérées », note une source
européenne, avant de concéder
que le « processus s’est rapidement
politisé ». A ce jeu­là, les nationali­
tés autant que les affiliations poli­
tiques ont pesé dans la balance.
Sur les cinq candidats en lice, le
duel final s’est joué entre l’ancien
président de l’Eurogroupe, le so­
cialiste néerlandais Jeroen Dijs­
selbloem, et la numéro deux de la
Banque mondiale de centre droit,
Kristalina Georgieva. La candi­
date bulgare bénéficiait très clai­
rement du soutien de la France,
mais le fait qu’elle aura dépassé
d’un an, à la date de sa nomina­
tion, la limite d’âge fixée par le

FMI (65 ans) et sa plus faible expé­
rience sur les questions financiè­
res ont servi d’arguments à ses
détracteurs. Ces derniers lui re­
prochaient également d’être ori­
ginaire d’un pays n’appartenant
pas à la zone euro. Au final,
Mme Georgieva a reçu l’appui de
quinze Etats membres, dont la
France, l’Italie et les pays de l’Est.
L’Allemagne, les Pays­Bas, l’Espa­
gne et les pays nordiques ont,
eux, voté pour M. Dijsselbloem.
Le Royaume­Uni s’est abstenu,
laissant entendre qu’il pourrait
présenter son propre candidat.
Mme Georgieva a « toutes les
compétences, l’expérience, et la
crédibilité internationale » pour
succéder à Christine Lagarde, s’est
réjoui le ministre français des fi­
nances, Bruno Le Maire, qui cha­
peautait les discussions. A la Ban­
que mondiale, où elle a effectué
l’essentiel de sa carrière avant
d’en devenir directrice générale
en 2017, Mme Georgieva s’est forgé
une expertise sur les questions
d’environnement en multipliant
les fonctions dans les domaines
du développement durable et de
l’agriculture notamment. Cette
économiste a, par ailleurs, occupé
le poste de commissaire euro­
péenne chargée de l’aide humani­

L’un des objectifs
pour Gazprom,
qui mène
le projet, est
de remplacer une
partie du transit
de gaz à travers
l’Ukraine

nier avait répété que cette option
était envisageable – sans toutefois
fournir plus de détails.
En Europe, les promoteurs du
projet accusent les Américains de
s’opposer à ce gazoduc pour
mieux promouvoir l’exportation
vers le Vieux Continent du gaz de
schiste que les Etats­Unis produi­
sent en grande quantité. Ils esti­
ment également que l’opposition
danoise au projet, qui bloque
aujourd’hui son avancement, est
suscitée par une forte pression
américaine sur le sujet – ce dont
Copenhague se défend.
Le consortium, avec un fort sou­
tien du pouvoir russe, n’entend
pas renoncer à mettre en service
le projet le plus vite possible. De
fait, le gazoduc est construit à
près de 75 %, et les travaux sont
très avancés aussi bien côté alle­
mand que côté russe.
Une partie de la solution à cet
imbroglio est entre les mains du
nouveau président ukrainien, Vo­
lodymyr Zelensky, qui vient d’ob­
tenir une confortable majorité
aux dernières législatives.
« Les principaux obstacles à un
accord sur le transit sont plus poli­
tiques que commerciaux », note
Simon Perani, chercheur à l’Ox­
ford Institute for Energy Studies,
au Royaume­Uni, dans une note
consacrée au sujet. « Tout dépen­
dra de ce que Zelensky va négocier
avec Poutine, c’est à ce niveau­là
que le sujet va se régler », analyse
un acteur du dossier.
nabil wakim
ALLEMAGNE POLOGNE 100 km

Nord Stream ESTONIE
Nord Stream 2

LETTONIE

LITUANIE
KALININGRAD
(RUSSIE)

DANEMARK

RUSSIE

BIÉLORUSSIE

NORVÈGE

SUÈDE

FINLANDE

Mer
Baltique

Golfe
de Botnie
Vyborg

Greifswald

Ust-Luga

Saint-
Pétersbourg

taire entre 2010 et 2014, quand
elle avait dû remplacer au pied
levé la candidate initiale de la Bul­
garie. Mme Georgieva a également
été pendant un an, entre 2015 et
2016, vice­présidente de la com­
mission Juncker chargée du bud­
get et des ressources humaines.

Campagne mondiale
La décision des Européens ne
marque pas la fin de la procédure.
Si la pratique veut que le perchoir
du FMI revienne à un Européen et
celui de la Banque mondiale, à un
Américain, il reste encore à
Mme Georgieva à consolider sa
candidature auprès d’autres pays.
« Même avec les Etats­Unis, l’UE ne
dispose pas de la majorité des voix.
Il lui manque 10 %. Je m’attends
donc à ce que Mme Georgieva parte
en campagne au cours des six pro­
chaines semaines », analyse Ed­
win Truman, du Peterson Insti­
tute for International Economics,
sachant que les candidatures doi­
vent être déposées d’ici au 6 sep­
tembre, avant une décision finale
au plus tard le 4 octobre. La Bul­
gare, qui aura 66 ans le 13 août, de­
vra aussi obtenir une modifica­
tion des statuts du FMI sur la li­
mite d’âge, que les Etats­Unis ont
déjà promis de soutenir.
Agacés par une telle répartition
automatique des postes, les pays
émergents pourraient être tentés
de profiter des divisions euro­
péennes pour proposer leur pro­
pre candidat. Mais leur principal
défi sera, eux aussi, de se mettre
d’accord derrière un candidat
commun, analyse Edwin Tru­
man. Pour l’UE, l’exercice fut dou­
loureux, pas parfaitement exé­
cuté, mais il a fini par aboutir.
sophie petitjean

La directrice
générale de la
Banque mondiale
s’est forgé
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