Mardi 6 août 2019 l’Humanité 11
Denis Rouvre
Goledzinowski
FONT LA FÊTE
ELLES/ILS
HQ22737/
E
u égard à l’histoire du rock,
faire de la scène son fonds de
commerce, dans un milieu qui
compte d’innombrables show-men,
n’est pas un combat gagné d’avance.
Les membres de Shaka Ponk peuvent
en témoigner. Le groupe, créé en
2003, aura pris de longues années
pour s’imposer comme l’un des plus
grands du rock français. À leurs
débuts, faute de trouver dans l’Hexa-
gone un producteur prêt à les sou-
tenir, ses membres s’expatrient,
direction l’Allemagne. Signé par un
label indépendant, Shaka Ponk y fait
alors ces premières armes. La troupe,
accompagnée de son singe virtuel
Goz, se forge à Berlin une première
base de fans, principalement grâce
à ses performances scéniques remar-
quées. Après avoir sorti un premier
album, Loco Con Da Frenchy Talkin’,
et fait la première partie de la tournée
d’adieu de Such a Surge, célèbre
groupe local, Shaka Ponk tente à
nouveau de faire carrière sur le ter-
ritoire hexagonal. Cette fois, ça
accroche de ce côté-ci du Rhin ; leur
deuxième album trouve son public.
S’ensuit une première tournée et
une nomination aux victoires de la
musique dans la catégorie révélation
scène, en 2010. Un an plus tard,
c’est la consécration. Avec leur troi-
sième album, The Geeks and the
Jerkin’Socks, le groupe se hisse en
haut des charts.
Depuis, le singe Goz est devenu
mythique et Shaka Ponk enchaîne
les réussites : plus d’un million de
personnes pour sa tournée The Geek
Tour, des albums et singles qui car-
tonnent, des victoires de la musique...
La raison du succès : un univers musi-
cal unique, dans lesquels différentes
langues et genres se mélangent, mais
aussi, bien évidemment, la scène, où
les chanteurs Frah et Sam galvanisent
la foule, portant un discours écolo
aiguisé dans un décor futuriste ultra-
soigné, où se croisent aéronefs, ro-
bots, avatars et autres inventions
aussi surprenantes qu’innovantes.
GUILLAUME MONTAUDOUIN
GRANDE SCÈNE
Shaka Ponk a le sang show
SCÈNE ZEBROCK
E
lle entend les sons en couleurs, elle écrit sa
musique en nappes de peintures chamarrées.
Chez Sônge, depuis l’enfance, l’ouïe ne va
jamais sans la vue. Et vice versa. Comment dit-on
déjà? Synesthésie? Communicative alors : quand
on l’écoute, on croit voir se former des tableaux de
Gauguin, du Douanier Rousseau, de Frida Kahlo...
Sônge, c’est Océane Belle, une jeune Quimpéroise
qui pioche dans la palette de ses mythes pour appor-
ter sa touche très singulière dans le paysage du
R’n’B français, entre électro aérienne et hip-hop
poétique. Ses compositions étincellent des chimères
qu’elle convoque lors de ses nuits blanches. Ce sont
ses insomnies créatrices qui lui ont soufflé son nom
de scène. Et aussi ces drôles de lunettes projetant
des lumières colorées sur la rétine que lui a prescrites
son docteur pour dormir. Elle les porte parfois en
concert, allumant un arc-en-ciel dans ses yeux...
De contes en légendes, Sônge nous fait voyager de
la Guadeloupe à Cuba, en passant bien sûr par sa
terre bretonne natale. Seule en scène, elle nous
plonge avec délice dans son imagination débordante,
dans son univers chatoyant où elle nous convie de
son sourire d’enfant émerveillé.
FRÉDÉRIC CONTI
Un Sônge... si Frida Kahlo
faisait de l’électro Carte blanche
à Patrick Tort
P
hilosophe, linguiste, épistémo-
logue, historien des sciences,
créateur et directeur de l’Ins-
titut Charles-Darwin international,
Patrick Tort est l’auteur d’une cin-
quantaine d’ouvrages et l’initiateur
de la traduction française de l’inté-
grale des œuvres de Charles Darwin.
Lauréat de l’Académie des sciences
pour son Dictionnaire du darwinisme
et de l’évolutio n (PUF, 1996), Patrick
Tort déploie son travail théorique en
intégrant darwinisme, marxisme et
freudisme au service d’un matéria-
lisme considéré comme « condition
de possibilité
de la connais-
sance objective ».
Parmi ses contri-
butions, son
concept d’effet
réversif de l’évo-
lution, déve-
loppé à partir
d’une lecture
originale de
Charles Darwin, est sans doute l’un
des apports les plus féconds de son
œuvre, ouvrant sur l’idée d’une his-
toire naturelle de la morale. Présent
à l’espace des auteurs pour dédicacer
ses ouvrages dont Qu’est-ce que le
matérialisme? Introduction à l’analyse
des complexes discursifs (Belin), Théo-
rie du sacrifice. Sélection sexuelle et
naissance de la morale (Belin) et l’Intel-
ligence des limites. Essai sur le concept
d’hypertélie (Gruppen) publiés récem-
ment, Patrick Tort sera l’invité du
Village du livre (1), dont il est un
habitué depuis sa création, pour une
carte blanche à ne pas manquer.
JÉRÔME SKALSKI
(1) Le samedi 14 septembre à 11 h 30.
Magali Bragard