Temps - 2019-08-06

(Jacob Rumans) #1
LE TEMPS MARDI 6 AOÛT 2019

4 Actualité


DAVID HAEBERLI
t @David_Haeberli

Thierry Vidonne passe ses vacances
dans le Finistère. C’est depuis la fin de la
terre que le président du Parti bour-
geois-démocratique de Genève (égale-
ment appelé Parti citoyen démocratique
de Genève) espère enfin attirer l’attention
des citoyens genevois à l’occasion des
élections fédérales du 20 octobre. Sa for-
mation a en effet accepté de s’apparenter
à la liste constituée par l’ancien député
MCG et conseiller administratif d’Onex
Eric Stauffer et Pascal Spühler, ancien
député et conseiller municipal.
«Depuis la création de notre section en
2013, nous ne sommes pas audibles,
regrette Thierry Vidonne. Nos communi-
qués ne sont pas repris, nous ne sommes
pas reçus, nous ne sommes pas écoutés.
Nous ne nous en plaignons pas: c’est
réservé aux partis qui ont des élus. S’ap-
parenter à Eric Stauffer, pour le PBD
genevois, c’est une tentative de progresser.
Nous avions besoin d’une tête de gondole,
nous nous la sommes payée. Au moins,
on parlera de nous.» On a connu annonce
de partenariat plus enthousiaste.

Treizième et dernière formation
Il faut dire que les derniers résultats du
PBD genevois ont de quoi décourager les
plus motivés des candidats. En 2015, pour
les fédérales, il recueillait 1,03% des suf-
frages. Aux élections pour le Grand
Conseil genevois du printemps 2018, le
score passait à 0,52% des voix, faisant de
la liste «PBD Genève – le juste milieu» la

moins bien classée des 13 ayant présenté
des candidats. Genève en marche, l’éphé-
mère véhicule électoral d’Eric Stauffer,
avec tout de même 4,1%, échouait lui aussi
à atteindre le quorum lors de cette même
élection.
«Nous avons d’abord eu des contacts
avec Pascal Spühler et sa formation du
Parti populaire genevois, reprend Thierry
Vidonne. Je voulais les inciter à nous
rejoindre. Plus tard, un collègue du PBD
Valais m’a téléphoné en me disant qu’il
élaborait une liste avec Eric Stauffer pour
laquelle la candidature de Yannick Buttet
[ancien conseiller national PDC valaisan]
avait aussi été évoquée. La liste ne s’est
finalement pas faite, notamment parce
que le nom de Buttet n’a pas recueilli l’aval
de la direction à Berne. Lorsque nous
avons repris les contacts avec le Parti
populaire, Stauffer a fait son entrée dans
les discussions.» Le président dit avoir
posé plusieurs conditions à l’apparente-
ment avec l’ex-tribun genevois, exilé en
Valais depuis son échec électoral: adhérer
au PBD national, ne pas figurer sur la liste
principale, ne pas briguer le Conseil des
Etats et «modérer sa rhétorique sur les
frontaliers». Ce pari a eu une première
conséquence: le PBD genevois n’est plus
apparenté aux autres micro-formations
du centre que sont les Vert’libéraux, le
Parti évangélique, l’indépendant Guy Met-
tan et Fédéraction (regroupement d’asso-
ciations).
Dans une interview à la Tribune de
Genève par laquelle il a confirmé sa can-
didature, Eric Stauffer n’a pas caché que
son but n’était pas uniquement de siéger
à Berne. «Mon objectif genevois est de
reprendre le MCG», avoue celui qui a
mené cette formation au firmament de la
politique cantonale avant de devoir la
quitter avec pertes et fracas, faute d’avoir
réussi à y maintenir un semblant d’unité.
Aux dernières élections cantonales, le

MCG a perdu la moitié de ses députés.
Avec 11 sièges, il reste cependant dans la
situation de pouvoir faire ou défaire des
majorités. Par ailleurs, plusieurs de ses
membres ont contesté devant les tribu-
naux les résultats des dernières élections
internes concernant notamment la pré-
sidence.

Le MCG officiellement serein
Conseiller national MCG, Roger Golay
se dit «serein» après l’annonce du retour
de son ex-compagnon de route: «Il n’a pas
atteint le quorum au Grand Conseil, com-
ment va-t-il l’atteindre au Conseil natio-
nal? Ce qu’il veut, c’est affaiblir le MCG
pour pouvoir dire qu’il revient en messie.
C’est une drôle de stratégie que de vouloir
nuire au parti que l’on dit vouloir sauver.
Je pense que ce retour serait très difficile:
très peu d’élus MCG le désirent. Person-
nellement, au vu de l’amitié qui nous a liés,
je ne me suis jamais permis de le critiquer
publiquement. Mais son attitude depuis
son départ en Valais n’est pas du tout
sérieuse. Pour les fédérales, je reste très
confiant. Le MCG vise deux sièges et nous
avons de bonnes chances de les obtenir.»
Dans son interview, Eric Stauffer envoie
également une pique à l'UDC genevoise
dont il vise apparemment l'électorat.
Conseillère nationale UDC, Céline Amau-
druz lui répond: «Nous ne l'avions pas pris
au sein de l'UDC genevoise lorsqu'il s'était
présenté à nous. Idem pour l'UDC valai-
sanne. Il joue sa crédibilité avec ce retour
en politique. La population genevoise
jugera s'il avait raison de se présenter, ce
que tout un chacun reste libre de faire.»
Faute de s’être entendu avec le PDC valai-
san qu'il a également tenté de rejoindre,
Eric Stauffer revient donc, politiquement
parlant, dans son canton d’origine pour
relancer sa carrière. S’il est élu, il promet
de se domicilier à Genève dans les douze
mois. ■

Eric Stauffer sera la tête

de gondole du PBD genevois

Le cofondateur du MCG revient dans son canton d’origine pour relancer sa carrière. (SALVATORE DI NOLFI/KEYSTONE)

GENÈVE Le parti du centre s’est résolu
à accueillir Eric Stauffer en liste appa-
rentée pour les élections fédérales d’oc-
tobre. Formation la moins bien classée
aux dernières cantonales, il fait un pari
pour améliorer sa visibilité

AFP


Le secrétaire d’Etat américain
Mike Pompeo a fait escale quelques
heures lundi à Pohnpei, principale
île des Etats fédérés de Micronésie,
pour afficher l’intérêt renouvelé de
Washington pour ses alliés du Paci-
fique, aussi petits soient-ils, sur
fond de confrontation régionale
avec la Chine.
C’était la première fois qu’un chef
de la diplomatie américaine se ren-
dait dans cet Etat très isolé et peu
habitué à accueillir les grands de ce
monde, où il a rencontré les diri-
geants de la fédération, mais aussi
ceux des Palaos et des îles Marshall,
autres micro-pays du Pacifique. Ce
déplacement était d’autant plus
notable que ces mêmes dirigeants
avaient été reçus il y a moins de trois
mois par le président américain
Donald Trump à la Maison-Blanche.
«Nous savons que la Chine
cherche à influencer cette région,
a déclaré Mike Pompeo à Pohnpei.
Mais j’ai confiance dans le fait que
la population des îles Marshall, la
population des Palaos et la popula-
tion de l’endroit où nous nous trou-
vons aujourd’hui comprennent que
les meilleurs partenariats sont avec
les partenaires démocratiques, les
Etats-Unis, l’Australie et le Japon,
ainsi que les autres démocraties du
Pacifique.»
La visite de Mike Pompeo s’inscrit
dans la politique américaine pour
une «région indo-pacifique libre et
ouverte», dont l’objectif assumé, et
déjà clamé ces derniers jours par
le secrétaire d’Etat à Bangkok puis
à Sydney, est de contrer une puis-
sance chinoise jugée de plus en plus
expansionniste. Car si ces îles sont
petites et dispersées dans l’océan,
elles s’étendent d’est en ouest sur


2700 km, réalité essentielle puisque
l’un des principaux contentieux
sino-américains dans la région
porte sur la liberté de navigation.
«Le fait qu’il s’agisse d’une zone
stratégique n’est pas nouveau»,
assure un haut responsable améri-
cain, sous couvert d’anonymat,
évoquant des liens historiques
anciens. Mais les «échanges»
récents «ont lieu à un niveau clai-
rement élevé», a-t-il reconnu. «Au
cours de la dernière année, les
Etats-Unis ont œuvré de manière
proactive pour renforcer leurs posi-
tions dans la région des îles du Paci-
fique, qu’ils considèrent comme
stratégiques», explique de son côté
la chercheuse Elizabeth Economy,
du cercle de réflexion américain
Council on Foreign Relations.

Grandes manœuvres
autour de Taïwan
Washington est déjà bien présent
en Micronésie – une fédération qui
réunit quatre pays formés de plus
de 600 petites îles et atolls – grâce
à une coopération dans le domaine
du développement, ainsi qu’à sa
protection militaire.
Les Etats fédérés de Micronésie,
jadis appelés les îles Carolines sous
tutelle américaine, bénéficient
depuis les années 1980 d’un statut
de libre association avec les Etats-
Unis. Mais ces accords doivent être
renouvelés dans les prochaines
années. «Je suis heureux d’annon-
cer aujourd’hui que les Etats-Unis
ont commencé à négocier l’exten-
sion des accords respectifs de libre
association», a déclaré Mike Pom-
peo.
L’activisme de Pékin, accusé de
mener son offensive à coups d’in-
frastructures et de prêts, et ses
efforts pour que les îles Marshall et
Palaos rompent leurs relations
diplomatiques avec Taïwan ont
alarmé l’administration Trump.
«Les Etats-Unis ne peuvent plus se
permettre de considérer comme
acquis le soutien des îles du Paci-
fique», prévient Elizabeth Eco-
nomy. ■

DIPLOMATIE Le secrétaire d’Etat
américain Mike Pompeo a rencon-
tré lundi les principaux dirigeants
de Micronésie, des Palaos et des
îles Marshall pour contrer l’in-
fluence grandissante de la Chine
dans le Pacifique


Les Etats-Unis soignent

leurs relations en Océanie

Désarmement: Moscou appelle
Washington à «éviter le chaos»
Vladimir Poutine a mis en garde lundi contre la relance d’une
«course aux armements illimitée» après le retrait de Moscou
et de Washington du traité de désarmement nu clé aire INF,
appelant les Etats-Unis à un «dialogue sé rieux» pour «éviter
le chaos». Après avoir présidé une réunion de son Conseil de
sécurité, il s’est exprimé, événe ment rare, sous la forme
d’une déclaration solennelle publiée par le Kremlin. Il a
martelé que la Russie ne se lancerait pas elle-même dans la
production de missiles nucléaires terrestres de portée
in termédiaire, interdits par le traité INF, mais le ferait sans
attendre si Washington le faisait. AFP

L’Australie n’envisage plus
d’accueillir des missiles américains

L’Australie a estimé lundi que l’idée d’accueillir sur son sol
des missiles américains (susceptibles d’être pointés sur la
Chine) n’était plus à l’ordre du jour, après les pourparlers
qu’il a tenus ce week-end à Sydney avec le nouveau chef du
Pentagone, Mark Esper, et le chef de la diplomatie améri-
caine, Mike Pompeo. «Cela ne nous a pas été demandé, n’a
pas été envisagé, ne nous a pas été proposé», a assuré le
premier ministre, Scott Morrison. Toute demande formelle
placerait dans une position inconfortable l’Australie, à la fois
alliée de longue date des Etats-Unis et partenaire commer-
cial majeur de la Chine. AFP

Exercices militaires en Corée
Les Etats-Unis et la Corée du Sud ont donné lundi le coup
d’envoi d’exercices militaires annuels, en dépit de mises en
garde de la Corée du Nord selon lesquelles ces manœuvres
risquent de faire capoter les négociations sur le nucléaire. Ils
interviennent alors que Pyongyang a récemment multiplié
les tirs de projectiles de courte portée. AFP

Un avion de ligne
échappe de peu
à des bombes
près de Tripoli
Un avion de ligne
libyen qui
s’apprêtait à
atterrir à
l’aéroport de
Mitiga, le seul
fonctionnel de la
capitale libyenne,
Tripoli, a échappé
de justesse à un
bombardement
dimanche soir,
selon une source
aéroportuaire.
Les vols ont été
déroutés pendant
quelques heures
vers la ville de
Misrata, situé à
200 km plus à
l’est, avant de
reprendre tard
dans la nuit de
dimanche à lundi.
AFP

MAIS ENCORE

EN BREF

GRÉGOIRE BAUR
t @GregBaur

La justice valaisanne a classé la plainte
déposée par Eric Stauffer contre Serge
Métrailler. Le Genevois accusait le pré-
sident du PDC du Valais romand (PDCVr)
de délits contre l’honneur.
Serge Métrailler a annoncé ce lundi la
nouvelle sur sa page Facebook en postant
un dessin humoristique sur lequel on

peut lire: «Le saint-bernard valaisan
gagne face au molosse genevois.» Une
ordonnance de classement, que Le Temps
s’est procurée, a été rendue le 17 juillet.

«Négligence grave»
Le Ministère public conclut que les
propos tenus par le président du PDCVr,
relayés par la chaîne Canal9 le 10 mars
dernier, dans lesquels il évoquait «l’op-
portunisme» d’Eric Stauffer et précisait
que les affirmations de ce dernier, en
lien avec sa demande d’adhésion au
PDCVr, étaient «lacunaires, menson-
gères voire calomnieuses», «ne sont pas
attentatoires à l’honneur».
Le Ministère public précise que la
réponse de Serge Métrailler a par ail-

leurs été provoquée par la controverse
médiatique déclenchée par Eric Stauf-
fer lui-même, au sujet de son adhésion
au parti, que le PDCVr a finalement
refusée, et de sa mise à disposition
pour les élections fédérales. Le Gene-
vois a ainsi «agi par négligence grave».
Les frais de procédure sont dès lors
à la charge du Genevois, qui devra éga-
lement verser des indemnités au pré-
sident du PDCVr pour les dépenses
occasionnées.
Le Ministère confirme ce classe-
ment, en soulignant que sa décision
peut être contestée. Ce qui a déjà été
fait, puisque Eric Stauffer nous a pré-
cisé que son avocate avait déposé un
recours. ■

PLAINTE Le Ministère public estime
que les propos tenus par Serge Métrail-
ler, le président du PDC du Valais
romand, au sujet d’Eric Stauffer ne sont
pas attentatoires à l’honneur. Le Gene-
vois fait recours contre cette décision

Débouté par la justice valaisanne
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