Libération - 03.08.2019

(Axel Boer) #1
Le concept Vahana,
drone taxi
électrique d’Airbus.
PHOTO AIRBUS

La réaction de Zapata – décrit comme un
«personnage fonceur» – près son échec nea
surprend ni Olivier Folcke ni le maire de San-
gatte.«Il était plein de rage,se souvient l’élu.
Si le flyboard n’avait pas été endommagé, il se-
rait reparti dès le lendemain.» mpossible:I
l’électronique a pris l’eau.«Je suis déçu. Main-
tenant, c’est certain que je vais retraverser.
Quand, je ne sais pas, mais dans les jours qui
viennent... Il faut que je négocie avec tout le
monde», éclare-t-il en conférence de presse.d
Puis ajoute:«C’était juste fantastique, je vo-
lais... C’était comme dans un rêve!» ’hommeL
volant retourne ensuite réparer son engin
près de Marseille, où se trouve son atelier.
Quatre jours seulement après son échec,
Franky Zapata annonce une nouvelle tenta-
tive, prévue ce dimanche matin.
Cette fois, la route départementale toute
proche de la zone de départ sera fermée plus
tôt et plus longtemps à la circulation. Le pu-
blic, attendu plus nombreux, sera éloigné da-
vantage,etiln’yaurapasdevoldedémonstra-
tion pour la presse. Le ravitaillement se fera
plusprès,dansleseauxfrançaises,àbordd’un
remorqueur plus grand. L’objectif reste le
même pour Franky Zapata: réussir à franchir
les 35 kilomètres de traversée du détroit jus-
qu’à Saint Margaret’s Bay côté anglais, debout
sur son flyboard, une quinzaine de mètres au-
dessus du niveau de la mer.«On peut écrire
une belle histoire,espère Olivier Folcke, qui
l’accompagnera à nouveau.Ce n’est pas un re-
cord, c’est un défi !»Annonciateur peut-être
d’une révolution.•


D


es avions dans la ville. Les labora-
toires de recherche d’Airbus ne
phosphorent pas uniquement sur
les longs courriers de demain, capables de
transporter des centaines de passagers. On
y gamberge également sur des modes de
transport complètement nouveaux à même
de s’adapter aux grandes villes, toujours
plus congestionnéeset polluées. Une solu-
tion qui passerait par une combinaison de
véhicules terrestres et aériens permettant
de se mouvoir dans des zones urbaines,
comme Paris et sa couronne, avec plus de
fluidité et moins d’émissions.

Mégacités. n marge des projets quiE
verront le jour d’ici une dizaine d’années,
l’avionneur européen a déjà mis en service
une plateforme, «Voom», qui permet
d’alterner voiture et hélicoptère classiques.

L’objectif est de pouvoir se déplacer plus ra-
pidement dans des mégacités. Le système
fonctionne à Mexico et à São Paulo. Dans la
capitale économique brésilienne, il n’est
pas rare de mettre plus de deux heures pour
relier l’aéroport au centre-ville en raison
des embouteillages. Avec Voom, le particu-
lier sélectionne sur l’écran de son téléphone
un «hélipad» de départ et un autre d’arri-
vée. C’est ainsi que la desserte du centre-
ville de São Paulo, depuis l’aéroport, ne
prend plus qu’une quinzaine de minutes,
pour un tarif compris entre 120 et 130 euros.
Le système devrait se développer dans
d’autres villes, notamment en Asie. Il a déjà
été copié par Uber et son «Ubercopter», mis
en service à New York le 9 juillet.
Airbus entend toutefois aller plus loin. Il
a signé cette année un partenariat avec la
région Ile-de-France, ADP et la RATP afin
de développer«un système de mobilité en
milieu urbain». incent Loubière, le direc-V
teur de l’intégration urbaine chez Airbus,
est l’une des chevilles ouvrières du projet:
«Nous avons réuni tous les acteurs qui comp-
tent dans ce domaine afin d’évaluer l’impact
de ces nouveaux modes de déplacement, que

ce soit en matière de bruit ou encore dans
le choix des zones de rabattement pour les
moyens de transport volants.»
Pour l’heure, deux concepts d’avions ur-
bains ont été élaborés par Airbus. Il ne s’agit
que d’engins de démonstration et pas de
prototypes. Le premier, «Vahana», ressem-
ble à une voiture particulière sur le toit de
laquelle on a greffé des hélices de drone. Le
second, City Airbus, se rapproche plus de
l’hélicoptère classique, mais version mini,
pour un à quatre passagers. Pour autant, le
design final de ces avions de proximité et
leur autonomie ne sont pas encore connus.

Couloirs. es recherches portent sur laL
possibilité de connecter ces engins volants
à des véhicules terrestres électriques et
autonomes. Ainsi, un usager pourra alter-
ner ces différents modes de transport pour
un trajet de porte à porte. Avant d’y parve-
nir, il faut toutefois prendre en compte
toute une série d’obstacles. Quels couloirs
aériens utiliser? Où positionner les plate-
formes d’atterrissage ou encore les zones
de rechargement des véhicules terrestres?
Premier rendez-vous pour une démonstra-
tiondu système: les JO de 2024 à Paris. Une
liaison devrait être organisée entre l’aéro-
port Charles-de-Gaulle et un des sites d’Ile-
de-Franceoùsetiendrontdesépreuves.Elle
combinera des moyens terrestres et aériens
électriques,etdepréférenceautonomes.Un
autre défi hautement sportif.
FRANCK BOUAZIZ

Chez Airbus,


Vahana c’est gonflé


Le constructeur européen,
qui a développé deux
concepts d’avions urbains,
compte les tester
en Ile-de-France.

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