100 I Beaux Arts
AVANT-PREMIÈRE l VENISE
«
J’
ai voyagé partout pour imaginer
cette biennale et rencontrer des
artistes. Partout, sauf au cime-
tière...» Ralph Rugoff a donné le
ton lors de la conférence de presse :
cette édition sera exclusivement dédiée aux artistes
vivants. Un parti pris beaucoup moins anodin qu’il ne pour-
rait y paraître, à l’heure où commissaires d’expositions et
acteurs du marché ne jurent que par les come-back, revi-
vals et autres rétrovisions, justement dédiées à réhabiliter
des plasticiens oubliés. Mais l’élégant Américain a préféré
partir à la rencontre de ses contemporains, «qui, chacun à
leur manière, répondent au temps présent, sans pour
autant tomber dans l’histoire sociale», a-t-il résumé. Et
d’ajouter, en habile francophile : «L’historien de l’art Henri
Focillon se demandait comment un artiste pouvait repré-
senter son temps quand ce temps est contradictoire, tra-
versé par l’histoire? Cette question est un bon point de
départ.» Motto du prestigieux directeur de la Hayward
Gallery de Londres : exposer des artistes «animés par la
Mari Katayama
Cannot Turn the Clock Back #005, 2017
Dominique Gonzalez-Foerster & Joi Bittle
Cosmorama, 2018
SCHIZOPHRÉNIE COLLECTIVE
Avec son casting de 80 artistes encouragés à changer de personnalité en passant
d’un lieu à l’autre, Ralph Rugoff crée une exposition internationale contradictoire
et hyperconnectée au présent, à ses faux-semblants, à ses pures virtualités. Dément.