Beaux Arts - 05.2019

(Steven Felgate) #1

POLITIQUE CULTURELLE l LES ACTEURS


134 I Beaux Arts


Angélique Delorme
Le musée du quai Branly-
Jacques Chirac a une nouvelle
directrice déléguée adjointe.
Diplômée de HEC Paris et ancienne
élève de l’ENA, Angélique Delorme avait
été nommée en 2018 conseillère
en charge des questions européennes
et internationales, de la francophonie
et du patrimoine au ministère de la Culture.

Christophe Beaux
PDG de la Monnaie de Paris de
2007 à 2017, il vient d’être nommé
«préfigurateur» de l’établissement
public à caractère industriel et commercial
(Epic) du Mont-Saint-Michel, qui verra le
jour le 1er janvier 2020.

Jean-François Quemin
Il est passé par les Archives
nationales et le château de
Versailles. À la tête du département
de communication de la fondation
Louis Vuitton depuis 2014, ce diplômé
de l’Institut d’études politiques de Paris
devient responsable de la communication
de la fondation Bettencourt Schueller.

Yoon Ji-Eun et Lucie Picandet
La première, de nationalité
coréenne et représentée par la
galerie Maria Lund à Paris, est
lauréate du prix DDessin 2019,
tandis que la seconde, française,
défendue par la galerie Vallois,
a reçu le prix de la foire de dessin
contemporain Drawing Now.

Up


Down


Elle fait l’actu...


Lorraine Gobin


Mécène incubatrice


Agir sur le long terme pour aider
des jeunes, d’Antananarivo
à Kingston, à s’émanciper par la
création. Voilà le sens du mécénat
de l’entreprise Rubis, mis en lumière
ce printemps à la biennale de Venise
et la triennale de Dunkerque.

D


ans la grande famille des
mécènes, il en est de
flamboyants, d’autres beaucoup
plus discrets... discrétion qui ne rime
pas forcément avec manque
d’engagement. Lorraine Gobin serait
à inscrire dans cette seconde catégorie.
Depuis 2011, elle pilote les actions de
mécénat de l’entreprise Rubis. Rubis ?
Un géant français de l’énergie créé voici
quarante ans par son père, Gilles Gobin,
spécialisé dans le stockage de liquides
industriels et la distribution de GPL ou
de fioul. Soit un groupe côté en Bourse,
3 600 salariés et 4,7 milliards d’euros
de chiffre d’affaires (2018). Sa devise :
«entreprendre, responsabiliser».
C’est ce mantra qui semble avoir inspiré
jusqu’aux projets sociaux de Rubis
Mécénat. Car, pour créer du lien entre
les multiples filiales du groupe, il fallait
inventer une forme d’action singulière.
Fille du PDG certes, Lorraine Gobin
était cependant loin d’être novice
en matière artistique. Après des études
d’économie et d’histoire de l’art à Paris
et Londres, une expérience en galerie
à New York, la création d’une
association de soutien aux artistes,
la jeune femme s’est attelée à la
définition d’un projet consistant à ne
pas simplement distribuer de l’argent.
D’où cette idée de mener des actions
pérennes en faveur de la création dans
les pays en voie de développement
où Rubis est implanté, ciblant d’abord
les jeunes de 14 à 30 ans,
en leur associant des
artistes mentors. Résultat :
un projet autour de
la photographie lancé
dans le township de
Thokoza à Johannesburg,
un autre autour des arts
visuels à Kingston

Patrick Diter
La cour d’appel d’Aix-en-Provence
a confirmé la destruction du
«château» de l’homme d’affaires
français, vaste palais de style Renaissance
d’une valeur estimée par le fisc à 57 M€,
construit illégalement, en dehors de
tout permis, dans une propriété de Grasse.
Patrick Diter s’est aussitôt pourvu
en cassation pour éviter la démolition.

(Jamaïque). Malgré des contextes
différents, la démarche est toujours
identique : proposer un programme
éducatif de pratique des arts visuels
et délivrer des bourses d’études.
Le tout mené en lien avec les ONG
locales et en s’appuyant sur le bénévolat
des salariés de Rubis. Tshepiso
Mazibuko et Lindokuhle Sobekwa,
nouveaux talents de la photo sud-
africaine, sont issus de ce programme.

Derrière le pavillon
de Madagascar
Alors que vient faire cette année Rubis
Mécénat à la biennale de Venise,
comme principal mécène du tout
premier pavillon de Madagascar, autour
de l’artiste Joël Andrianomearisoa?
La Grande Île est devenue le nouveau
terrain d’expérimentations de Lorraine
Gobin, pas le plus simple... «Il m’a fallu
trois ans pour trouver la bonne formule
dans ce pays, parmi les plus pauvres
du monde, où 1,5 million d’enfants ne
sont pas scolarisés ou ont abandonné
l’école après les trois premières
années», avoue-t-elle. De là est né Ndao
Hanavao (Allons innover), laboratoire
de création et d’innovation, conçu
comme un petit atelier artisanal
de design solidaire, associé pour sa
première édition à la Polyfloss Factory
venue à Madagascar avec sa machine
qui transforme les déchets plastiques,
comme une machine à barbapapa, en
laine dite Polyfloss, matériau utilisé...
par Joël Andrianomearisoa. L’autre
actualité du printemps sera les
grands muraux de Tania Mouraud
installés à Dunkerque dans le cadre
de «Gigantisme – Art & industrie» [lire
p. 53], nouvelle triennale dédiée à l’art
monumental, autre volet plus visible
du mécénat de Rubis. Sophie Flouquet

2008
Travaille à la galerie Pace,
New York.
2009
Création de l’association
de promotion de l’art
contemporain Momentum.
2011
Directrice générale
de Rubis Mécénat.

Lorraine Gobin à côté de l’œuvre Silhouettes
(2012) de Fanny Allié.
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