Les Echos - 30.07.2019

(Sean Pound) #1

20 // FINANCE & MARCHES Mardi 30 juillet 2019 Les Echos


MOYEN
DE PAIEMENT


fois les banques historiques. Revue
de détail des prochains lancements
prévus.

1 LES JEUNES
ET LES ENFANTS
D’ABORD
Les offres de néobanques dédiées
aux adolescents fleurissent. Xaalys


  • lancée en avril dernier par une
    ancienne de Société Générale –
    devrait prochainement être
    rejointe par Pixpay, qui promet
    pour la rentrée l’avènement de
    « l’argent de poche nouvelle géné-
    ration ». Il a levé 3,1 millions d’euros
    en mai dernier, auprès notamment
    de Rocket Internet et de business
    angels, dont des patrons de fintech
    comme Alexandre Prot (Qonto) et
    Jean-Charles Samuelian (Alan). Il a,
    par ailleurs, été sélectionné en juin
    pour rejoindre l’incubateur de La
    Banque Postale. Kard, qui se veut
    « l’alternative bancaire de la nouvelle
    génération », a levé une somme
    identique fin mai auprès, notam-
    ment, de Xavier Niel (Kima Ventu-
    res) o u de Francis Nappez (cofonda-


te ur de BlaBlaCar). Si son statut ne
lui permet pas de conserver les
dépôts des clients, cette mission est
confiée au Crédit Mutuel Arkéa,
explique le site Cbanque.

2 LA CLIENTÈLE
DES PME AU CŒUR
DES ATTENTIONS
La clientèle des petites entreprises
aiguise l’appétit des néobanques
qui l’estiment mal servie par les
banques traditionnelles, en raison
d’offres réputées trop complexes
ou trop chères. Deux projets très
différents sont actuellement dans
les tuyaux : basée à Lyon, Prismea
est en réalité issue d’un intrapre-
neuriat d e la Société Générale. Fon-
dée formellement en février der-
nier, cette entité doit utiliser les
services de Treezor, la plate-forme
de « bank as a service » rachetée
l’an dernier par la banque de la
Défense, explique « l’Agefi ». Egale-
ment tournée vers les PME, Margo
Bank – dont le tour de table réunit
des grands noms de la French Tech


  • reste un projet très attendu. Il est


Edouard Lederer
EdouardLederer


Le lancement en France de la fin-
tech britannique Curve, encore à
venir, est loin d’être un cas isolé.
Dans les prochains mois, pas
moins de cinq banques ou néo-
banques devraient venir densifier
un marché déjà touffu. Selon un
récent décompte opéré par KPMG,
19 de ces offres quadrillent désor-
mais la France. Reste à savoir com-
ment le marché se consolidera,
sachant que derrière (ou à côté de)
ces nouveaux acteurs figurent par-


Cinq nouvelles offres
bancaires devraient venir
encore densifier un marché
hexagonal pourtant déjà
touffu. Ces nouveaux
acteurs made in France
vont s’adresser à des
clientèles jeunes, ou à des
patrons de PME. La France
attire également les banques
mobiles aux ambitions
internationales.


Guillaume Benoit
@gb_eco

Pari réussi pour NowCP. La
place de marché électronique
dédiée aux financements de
court terme, mise au point par
Orange, avec notamment BNP
Paribas, Amundi, Crédit Agri-
cole CIB, Natixis et OFI AM, a
connu ses toutes premières
transactions réelles. Il s’agit
d’émissions de NeuCP, les titres
de créances négociables qui ont
remplacé les anciens billets de
trésorerie. Pour ces opérations
inaugurales, seuls quelques mil-
lions d’euros ont été échangés, et
entre des membres fondateurs
de la plate-forme. Mais d’autres
devraient bientôt suivre.

Ici, tout est informatisé
L’objectif de cette nouvelle pla-
te-forme est d’offrir davantage
de sécurité aux intervenants, et
surtout un gain d’e fficacité,
notamment en termes de délai.
Le marché repose en effet
encore principalement sur les
transactions « à la voix » réali-
sées par téléphone. Ici, tout est
informatisé.
Malgré quelques ralentisse-
ments liés au fait que le système
est totalement nouveau, les
débuts ont été concluants.
« La première transaction a été
exécutée en quelques heures, la
deuxième en à peine plus d’une
heure, l’essentiel du temps étant
pris à des f ins de vérification h ors
de nos systèmes, qui ont traité
comme prévu les transactions en
quelques minutes, se félicite
Jérôme Berger, directeur du
financement et de la trésorerie
groupe chez Orange. Les codes
Isin [l’identifiant unique d’un
titre échangé sur les marchés,

NDLR] ont été communiqués en
quelques secondes. »

Quasi-temps réel
Enfin, le règlement-livraison,
c’est-à-dire le transfert de pro-
priété des titres et leur paie-
ment, a été effectué le jour
même, par le dépositaire cen-
tral I D2S, q ui constitue l e
deuxième volet du dispositif,
contre deux jours dans le sys-
tème traditionnel. « Nous avons
tenu la promesse de la valeur-
jour, avec un règlement en mon-
naie banque centrale », confirme
Jérôme B erger. A terme, l’objec-
tif est d’arriver à un règlement-
livraison en quasi-temps réel.
Fort de cette première expé-
rience réussie, NowCP devrait
s’ouvrir aux autres utilisateurs
ayant affiché leur intérêt. Mais
ces arrivées se feront progres-
sivement, pour préserver la
fluidité du dispositif. Les fon-
dateurs ambitionnent e n par-
ticulier de faciliter l ’accès aux
émetteurs et aux investis-
seurs internationaux.
En devenant opérationnel,
NowCP confirme son avance
sur les offres concurrentes. La
numérisation du marché des
titres de dette court terme
aiguise les appétits. Rebaptisé
«Onbrane», le projet Fimat
lancé peu de temps après celui
porté par Orange vient d’entrer
dans une nouvelle phase. Il
repose sur un système de «regis-
tres d istribués», la blockchain, et
l’intelligence artificielle. « Notre
plate-forme est prête depuis le
mois d e juin et nous commençons
les premières inscriptions», e xpli-
quait vendredi aux « Echos »
Arnaud Sales, cofondateur et
produit manager d’Onbrane.
Une autre i nitiative a été mise
au point par la Banque euro-
péenne d’investissement, Euro-
clear, B anco Santander et EY. Là
encore, il s’agit d’une offre « de
bout en bout » de l’émission des
titres au règlement-livraison,
offrant plus d’efficacité et de
transparence grâce à la block-
chain. La phase pilote devrait
commencer bientôt. La trans-
formation du marché euro-
péen des billets de trésorerie ne
fait que commencer.n

BOURSE


Après une phase de
test, la plate-forme
électronique NowCP,
dédiée aux finance-
ments de marchés
de court terme, a
connu ses premières
vraies transactions.

Plate-forme NowCP :


premières


transactions réussies


Waltraud Grubitzsch/Zuma Press/Z

en bref


Les marchés plébiscitent le projet
de rachat de Refinitiv par le LSE

BOURSE Les investisseurs ont très favorablement accueilli le
projet de rachat d e Refinitiv dévoilé samedi par le London Stock
Exchange Group. Le LSE s’est adjugé plus de 15 % lundi pour
atteindre un plus haut historique en Bourse. La Bourse de Lon-
dres a vu son cours grimper d’environ 60 % cette année. L’opéra-
tion à 27 milliards de dollars permettrait au LSE de se renforcer
dans les données financières, le forex et le courtage obligataire.

La banque BBVA visée par une enquête
pour des soupçons d’espionnage

BANQUE La banque espagnole BBVA est visée par une enquête
formelle liée à des soupçons d’espionnage de personnalités du
monde économique et politique. Selon la presse espagnole,
BBVA aurait eu accès à des milliers d’écoutes téléphoniques
dans les années 2000 dans le but d’empêcher le groupe de BTP
Sacyr d’entrer à son capital.

Fleur Bouron


Le modèle Netflix – qui revient à
agréger en un seul lieu les films et
séries produits ailleurs – inspire les
start-up de la finance. C’e st le cas de
la fintech britannique Curve, avec
sa carte de paiement unique qui
permet à l’utilisateur de régler avec
n’importe lequel de ses comptes
bancaires. Curve – qui doit se lan-
cer ces prochains mois en France –
a levé 4 9 millions d’euros mi-juillet,
auprès du fonds d’investissement
et de Santander InnoVentures,
entre autres.
Dans le détail, la start-up cible les
clients multibancarisés, disposant
d’un compte d’entreprise, compte
personnel, commun, ou en ligne...
Elle propose ainsi un « agrégateur
de cartes » couplé à une application
permettant de choisir le compte à
débiter au moment du paiement,
ou même plus tard.


Le « Netflix
de la banque »
« Le secteur bancaire connaît
aujourd’hui la même révolution que
le secteur des télécommunications il
y a quelques années », explique Ben
Marrel, cofondateur du fonds
d’investissement Breega, les régula-
teurs poussant à l’ouverture du
marché. Outre les néobanques – en
concurrence frontale avec les b an-
ques – d’autres choisissent,
comme Curve, une stratégie
dite « over the top »,
venant c ompléter
« l’infrastructure ban-
caire e xistante »,
ajoute Ben Marrel. Ces
solutions modernisent
un système bancaire
existant jugé rigide face
aux transformations digita-
les, estime-t-il.
Curve n’arrive toutefois pas en
terrain vierge. Crédit Mutuel Arkéa
a, depuis 2017, lancé son offre Max,
qui ne cesse de s’élargir. Agrégateur
de cartes, conseiller, services non
bancaires de conciergerie..., « la
néobanque n’est qu’un sous-ensem-
ble des offres que l’on propose. Nous
sommes un assistant personnel qui


La start-up lancera une campa-
gne de communication pour se
faire connaître en France à la fin de
l’année. « Il y a encore de la place sur
le marché. Les opportunités se
situent sur des niches ou des vertica-
les particulières. Il faut bien savoir
cibler les clients », annonce Ben
Marrel. Selon une étude du cabinet
KPMG, ces opportunités ont con-
duit à la création de 18 néobanques
en France. Cependant, 3 d’entre
elles comptabilisent 85 % des
ouvertures de comptes, un constat
qui corrobore l’analyse de B en Mar-
rel : à terme, ce ne seront que quel-
ques nouveaux acteurs qui s’impo-
seront et l’on reviendra à cette
concentration propre au système
bancaire, selon lui.n

Curve espère séduire la


France avec sa « méga-carte »


couvre l’ensemble des services »,
explique Didier Ardouin, directeur
général de Max. Cependant, « on ne
s’inscrit pas en concurrence [avec
d’autres établissements bancaires],
car nous ne demandons pas aux
clients de changer de banque », souli-
gne-t-il. Max comme Curve souli-
gnent la complémentarité du
modèle bancaire traditionnel et de
leurs solutions.

Un business model
rémunérateur
Ces nouveaux acteurs se rémunè-
rent sur les flux d’argent qui transi-
tent par la plate-forme. Ils espèrent
bien y voir passer l’intégralité des
transactions, sous réserve que le
modèle séduise les utilisateurs. Pas
d’inquiétude chez Curve, qui vise le
million de clients d’ici fin 2019. « Le
panier moyen de flux chez Curve est
de 1.900 euros par mois, contre
250 euros pour une néobanque »,
explique Ben Marrel.

lLa start-up britannique Curve veut proposer en fin d’année une « méga-carte ».


lElle regroupera en un unique moyen de paiement l’ensemble des comptes


bancaires de l’utilisateur.


Avec sa carte
de paiement
unique, la fintech
britannique
Curve permet
à l’utilisateur
de régler
avec n’importe
lequel
de ses comptes
bancaires.
Photo Curve

un des rares à solliciter un agré-
ment bancaire complet auprès
de l’ACPR, le gendarme bancaire,
et non une simple licence d’établis-
sement de paiement.

3 LA FRANCE TERRE
DE CONQUÊTE
Deuxième économie de la zone
euro, la France fait naturellement
partie des plans d’expansion des
nouvelles banques en ligne aux
ambitions mondiales. Après l’alle-
mand N26 ou le britannique Revo-
lut, c’est son compatriote Starling
Bank qui pourrait franchir la Man-
che. Cette banque mobile de plein
exercice fondée en 2014 a levé
75 millions de livres en février der-
nier, en vue notamment d’une
expansion à l’international. Sa diri-
geante, Anne Boden, ancienne
directrice des opérations d’Allied
Irish Bank (AIB), a expliqué en
début d’année sur son blog qu’elle
comptait – Brexit oblige – ouvrir
une filiale en Irlande pour disposer
d’un passeport européen et, de là,
cibler l’A llemagne et la France.n

Le marché français des néobanques


va encore se densifier


Les chiffres clefs


49

MILLIONS D’EUROS
de fonds levés par Curve
mi-juillet lors d’un nouveau
tour de table.

18

NÉOBANQUES
sont présentes
en France.
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