GEO Histoire - 04.2019 - 05.2019

(Tina Meador) #1

O TEMPORA, O MORES


Le 8 novembre 63 av. J.-C., au Sénat, un homme s’adresse
à la foule. «O temps, ô mœurs», vocifère le consul Cicéron
(106-43 av. J.-C.). Il vient d’apprendre l’existence d’un com-
plot visant à le tuer et à incendier la ville. Une conjuration
fomentée par le sénateur patricien Catilina (108-62 av.
J.-C.), aigri par deux échecs aux élections consulaires. Avec
ses quatre discours, les Catilinaires, Cicéron parvient à
faire fuir de Rome les complotistes. Aujourd’hui, l’expres-
sion souligne la venue d’une époque troublée.

Etre porté en triomphe
Rome est en eff ervescence en ce 1er janvier
de l’an 104 av. J.-C. Caius Marius (157-86 av.
J.-C.), drapé d’une toge pourpre brodée
d’or, défi le sur la Voie du Triomphe. A son
passage, la population témoigne sa joie
de voir ce consul qui a défait Jugurtha, le roi
de Numidie, territoire situé en Afrique du
Nord. Enchaîné au char de Marius durant le
défi lé, Jugurtha sera étranglé dans la prison
du Tullianum. Cinquante-deux ans plus tard,
Vercingétorix y sera aussi mis à mort par
Jules César (100-44 av. J.-C), porté lui aussi
en triomphe après sa conquête des Gaules.

Obtenir une victoire à la Pyrrhus


«Si nous devons remporter une autre victoire comme celle-là sur les Romains, nous sommes perdus.» En 279 av. J.-C,
le roi grec Pyrrhus Ier d’Epire (318-272 av. J.-C.), venu protéger les cités helléniques situées sur les côtes méridionales
italiennes, contemple le champ de bataille d’Ausculum. Quinze mille de ses hommes sont morts. Deux fois plus que
dans les troupes vaincues de la République romaine commandées par le consul Publius Decius Mus. Cette victoire au
coût humain exhorbitant est depuis devenue l’image d’un succès amer.

PASSER SOUS LES
FOURCHES CAUDINES
Il fi t tomber les Romains dans un traque-
nard. En 321 av. J.-C., le général samnite
Caius Pontius (mort en 292 av. J.-C.) tend un
piège aux légions de la République durant la
deuxième guerre samnite (327-304 av. J.-C.)
qui oppose Rome à cette tribu de la pénin-
sule italienne. En faisant croire que la ville
de Lucera (Pouilles), leur alliée, est assiégée,
Pontius force les Romains à emprunter les
Fourches caudines, des gorges situées en
Campanie. Les troupes samnites prennent
alors en étau 40 000 soldats, forcés d’avan-
cer dos courbé et mains liées, sous les
insultes et jets de pierre de leurs ennemis.
C’est le symbole d’une défaite humiliante.

Etre de bon ou de mauvais augure


Selon les historiens romains Tite-Live (59 av. J.-C.-17 apr.
J.-C.) et Plutarque (46-125 apr. J.-C), Romulus et Rémus
décident, en 753 av. J.-C., de faire appel aux auspices,
messages divinatoires tirés de vols d’oiseaux, pour trou-
ver le lieu idéal de la future Rome. Ce sera le mont Pa-
latin, colline où Romulus voit passer douze vautours.
Dès lors, des prêtres, les augures, déchiff reront ces signes
naturels. Un oiseau volant vers la droite est, par exemple,
un présage favorable. Vers la gauche, il est funeste. Avant
la guerre, généraux et sénateurs consultent les augures.

DES MAXIMES TOUJOURS GRAVÉES DANS LE MARBRE


Ces onze expressions, qui sont passées en français dans le langage courant, trouvent


112 GEO HISTOIRE

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