Investir, le Journal des Finances / N° 2377 / 27 juillet
06 / ÉVÉNEMENT
ALIMENTATION
Danone Du mieux au Maroc et
dans les laits pour bébé en Chine
tre de cette année, les ventes de
Danone sur ce marché ont
amorcé leur redressement dès le
deuxième trimestre, un peu plus
tôt que prévu, grâce au com-
merce en ligne et aux produits
haut de gamme.
MOINS DE BOYCOTT
Les effets du boycott déclenché
en avril 2018 au Maroc sur les
produits laitiers de l’industriel
français s’effacent, eux aussi.
Danone a regagné des parts de
marché au royaume chérifien, où
ses ventes se sont redressées
d’environ 10 %, ce qui devrait être
aussi le rythme de l’année, selon
Cécile Cabanis, directrice géné-
rale chargée des finances.
Grâce à ces tendances plus favo-
rables, la croissance interne du
g ro u p e s ’e st a c c é l é ré e a u
deuxième trimestre, à 2,5 %, soit
1,7 % pour les six premiers mois.
Elle a aussi reposé sur une
meilleure valorisation des pro-
duits, car les volumes vendus
sont restés en baisse, de l’eau aux
produits laitiers en passant par la
nutrition médicale et infantile.
Cet effet mix-prix ainsi que les
réductions de coûts ont permis à
la marge opérationnelle de mon-
ter vers les 15 % visés pour l’exer-
cice, à 14,7 %. Ils ont aussi plus que
compensé le renchérissement
des matières premières, toujours
estimé à près de 10 % pour le lait
cette année, sachant que le plasti-
que, le sucre et les fruits sont
aussi à la hausse.
« Nous terminons le premier semes-
tre totalement en ligne avec nos
attentes et entamons le second
semestre avec confiance », a conclu
Cécile Cabanis. - C. L. C.
NOTRE CONSEIL
l
ACHETER : pour cette
année du centenaire de la
marque, Danone est bien parti
pour une amélioration solide de sa
rentabilité opérationnelle. Son
ratio coursbénéfice 2020 est aussi
le plus bas parmi les grandes
affaires de consommation du Cac
40.
Objectif : 90 € (BN).
Prochain rendezvous : le 17 octo
bre, chiffre d’affaires à neuf mois.
L
oin de connaître les taux
de croissance du luxe, le
groupe alimentaire a vu sa
publication bien accueillie
cependant, jeudi, décrochant, lui
aussi, un nouveau record en
Bourse. La croissance interne de
l’activité, faible au premier tri-
mestre (à 0,8 %), a pris de
l’ampleur entre avril et juin, ainsi
que la rentabilité opérationnelle,
ce qui confirme les objec-
tifs 2019. Danone vise une pro-
gression d’environ 3 % de son
chiffre d’affaires, à périmètre et
devises constants, et une marge
opérationnelle supérieure à 15 %.
Une étape sur la feuille de route
2020, qui vise une croissance
interne de 4 à 5 % et une marge
de plus de 16 %.
D’ici là, il reste au groupe un peu
de chemin à faire, même si les
deux points noirs de 2018 et du
début 2019 s’estompent. Il s’agit
de la nutrition infantile en Chine,
où le marché s’était effondré à la
suite de la baisse des naissances
et après une période de progres-
sion spectaculaire. Encore en
repli de 15 % au premier trimes-
LUXE-BIENS DE CONSOMMATION
LVMH Une capitalisation
de 200 milliards en vue
L
e numéro un mondial du
luxe a frôlé jeudi matin les
seuils de 400 € pour l’action
et de 200 milliards d’euros pour sa
capitalisation boursière, à la suite
de ses comptes au 30 juin publiés
la veille au soir. Le chiffre d’affai-
res, en particulier, a de nouveau
déjoué les pronostics. Il est donc
bien parti pour franchir un autre
palier cette année, celui des
50 milliards d’euros. Les factura-
tions du premier semestre ont
atteint 25 milliards (+ 15,3 %),
quand le consensus FactSet tablait
sur 24,6 milliards.
LA FRANCE A REDÉMARRÉ
Le deuxième trimestre a montré
une accélération de la croissance
interne, à 12 %, contre 11 % pour les
trois premiers mois. Elle est venue
tout d’abord d’une relance des
ventes en France après un pre-
mier trimestre freiné par les mani-
festations des gilets jaunes.
L’activité à données comparables a
progressé de 13 % au deuxième tri-
mestre en Europe contre 7 % au
premier, grâce à « une amélioration
notable » dans notre pays, a relevé
Jean-Jacques Guiony, le directeur
financier. La demande chinoise est
restée très vigoureuse, comme
l’illustre la croissance de 18 % de
l’Asie hors Japon.
Par ailleurs, et c’est ce qui semble
avoir le plus impressionné les ana-
lystes lors de la conférence télé-
phonique, la division Mode
& Maroquinerie, qui comprend les
moteurs Dior et Vuitton, a mis le
turbo les trois derniers mois,
notamment en France. Son chiffre
d’affaires a bondi de 20 % après
une progression de 15 % au
premier trimestre.
Le chiffre d’affaires de la mode a
totalisé 10,4 milliards d’euros au
premier semestre, soit 41,6 % des
ventes de LVMH. « Nous investis-
sons dans toutes nos marques, sur le
plan industriel et marketing », a
ajouté Jean-Jacques Guiony, ne
serait-ce que pour les rendre « plus
résilientes si l’environnement deve-
nait plus difficile ». La santé de cette
activité est d’autant plus impor-
tante qu’elle dégage la rentabilité
opérationnelle la plus élevée du
groupe avec les Vins & Spiritueux,
soit un bond de 31 % au premier
semestre.
La marge de l’entreprise s’est éle-
vée à 21,1 % après une augmenta-
tion de près de 14 % du bénéfice
opérationnel, à 5,3 milliards. Son
léger tassement par rapport aux
21,4 % du premier trimestre 2018
tient « pour l’essentiel aux taux de
change », a indiqué le directeur
financier.
La hausse de 8,8 % du profit net
reflète l’application de la nouvelle
norme IFRS 16 sur la comptabili-
sation des loyers (des magasins,
surtout, dans le cas de LVMH) qui
a alourdi de 145 millions le résultat
financier. Le traditionnel acompte
sur dividende de décembre est, lui,
annoncé à 2,20 €. - C. L. C.
NOTRE CONSEIL
l
CONSENSUS : nous ne
donnons pas de conseil
sur LVMH, propriétaire d’Investir.
Sur les 24 avis d’analystes rassem
blés par FactSet, 13 sont positifs sur
la valeur et 9 neutres (MC).
Prochain rendezvous : en octo
bre, chiffre d’affaires à neuf mois.
Unedemandechinoise
toujoursforte
*HorsHawaï. Source:LVMH.
Croissanceinterneau premier
semestre 2019,en %
Europe
Etats-Unis*
Japon
Asie
(hors Japon)
+10%
+8%
+10%
+18%
LUXE-BIENS DE CONSOMMATION
Hermès Int. La France et la Chine
ont accéléré au deuxième trimestre
passé, a encore accéléré, la
guerre commerciale entre
Washington et Pékin continuant
d’épargner les produits de luxe.
Ces derniers bénéficient de la
politique visant à favoriser la
consommation intérieure, grâce
à des baisses de taxes TVA et de
droits de douane. Avec les autres
pays d’Asie-Pacifique (hors
Japon), qui connaissent égale-
ment « une progression à deux
chiffres », l’activité d’Hermès
dans cette zone a bondi de 18,6 %
au deuxième trimestre, à devises
constantes, après une progres-
sion de 16,9 % au premier (soit
- 17,7 % sur six mois), malgré les
manifestations à Hongkong.
A côté de cette zone asiatique très
importante, qui a généré 1,7 mil-
liard d’euros sur six mois, ou 51 %
des ventes totales d’Hermès, les
marchés matures s’en sont aussi
très bien sortis, dans la continuité
du premier trimestre : l’activité en
Europe (hors France) s’est déve-
loppée de 8,8 % au premier semes-
tre, de 9,8 % au Japon et aux
Amériques (les Etats-Unis princi-
palement).
Le sellier a réalisé au total un
chiffre d’affaires proche de
3,3 milliards sur six mois, en aug-
mentation de 12 % hors effets de
change. En dépit de cette solide
hausse, il précise que sa marge
opérationnelle au 30 juin devrait
être « légèrement inférieure » au
taux record de 34,5 % dégagé au
premier semestre 2018, à cause
d’un effet défavorable des couver-
tures de change. Dans une séance
plus porteuse, mardi, pour les
valeurs automobiles que pour les
défensives, l’action a battu un nou-
veau record avant de s’essouffler.
« Les bonnes nouvelles sont dans les
cours », a commenté le courtier
Bernstein dans une note. - C. L. C.
NOTRE CONSEIL
l
CONSERVER : l’action est
toujours un luxe, à 40 fois
les bénéfices estimés pour 2020,
mais la régularité et la solidité des
performances en font une valeur
de fond de portefeuille idéale.
Objectif : 700 € (RMS).
Prochain rendezvous : le 11 sep
tembre, résultats semestriels.
D
es trois industriels du
luxe cotés au Cac 40, le
sellier a été le premier à
donner le ton, mardi matin.
Comme d’habitude, il s’est agi
d’un chiffre d’affaires seul, les
résultats étant prévus pour la
rentrée. La publication a montré
un rythme de croissance toujours
très solide, sans rupture entre le
premier et le deuxième trimestre.
LE CUIR TOUJOURS SOLIDE
On note simplement une accélé-
ration pour la division Vêtements
& Accessoires (passée de 13,4 % à
16,9 % d’un trimestre à l’autre, à
taux de change constants) et un
coup de frein pour l’horlogerie
(de 22,3 % à 7,6 %). Quant au
métier principal d’Hermès, la
maroquinerie, il a conservé une
croissance d’un peu plus de 12 %,
comme au cours de l’année 2018
et au premier trimestre 2019.
Par marché, la France a repris de
l’élan dans les trois derniers mois
(+ 6,2 %) après un début d’année
pénalisé par les gilets jaunes.
La Chine, objet de toutes les
inquiétudes des investisseurs l’an
LUXE-BIENS DE CONSOMMATION
Kering Gucci ralentit beaucoup
plus que prévu
Washington et Pékin, et achètent
de plus en plus les produits de
luxe dans leur pays, où les taxes,
de surcroît, ont baissé. Selon
Jean-Marc Duplaix, le directeur
financier, « l’environnement
macroéconomique est de plus en
plus difficile aux Etats-Unis ». De
plus, « la marque Gucci est devenue
moins visible. Nous n’avons pas eu
d’animation particulière ou d’opé-
ration marketing ».
L’action Kering a perdu jusqu’à
10 %, vendredi matin, malgré une
croissance toujours solide d’Yves
Saint Laurent, une amorce d’amé-
lioration pour le maroquinier Bot-
t e g a Ve n e t a a u d e u x i è m e
trimestre et une marge opération-
nelle... record pour Gucci et le
groupe lui-même. Le bénéfice
opérationnel de la marque ita-
lienne a bondi de presque 27 %, à
1,9 milliard d’euros, générant une
marge de 40,6 %. En conséquence,
le résultat de Kering a augmenté
de 25 %, à 2,3 milliards, la rentabi-
lité passant de 27,9 % à 29,5 %.
Le bénéfice net du groupe, cepen-
dant, a été divisé par quatre. Si la
plus-value sur le désengagement
de Puma avait gonflé ce résultat
au premier semestre 2018, le
règlement du litige entre Gucci et
le fisc italien a coûté 1,25 milliard
cette année. - C. L. C.
NOTRE CONSEIL
l
CONSERVER : la rentabi
lité est à un sommet, mais
le ralentissement de Gucci « risque
de nourrir les inquiétudes sur
l’amplitude de la normalisation à
attendre au second semestre »,
comme l’analyse une note de Citi.
Objectif : 530 € (KER).
Prochain rendezvous : en octo
bre, chiffre d’affaires à neuf mois.
V
oilà bien un an que la
Bourse s’interroge sur la
« normalisation », selon le
terme de Kering et des analystes,
de la croissance de Gucci, excep-
tionnelle lors des deux exercices
passés : elle a frôlé 45 % en 2017,
puis 37 % en 2018 (à devises
constantes), alimentant la revalo-
risation boursière du groupe. La
performance de la marque
italienne est déterminante pour
Kering, dont elle assure 63 % du
chiffre d’affaires et près de 80 %
du bénéfice opérationnel.
Or la publication au 30 juin a mon-
tré, jeudi soir, un ralentissement
plus marqué qu’escompté de
Gucci. Son chiffre d’affaires, de
4,6 milliards d’euros sur six mois,
avait progressé de 20 % (à changes
constants) au premier trimestre.
Mais l’augmentation est tombée à
12,7 % au deuxième trimestre,
quand les analystes tablaient sur
14 % à 15 %. Ils comparent aussi ce
rythme à celui de Vuitton, qui a
grimpé autour de 20 %.
De plus, la marque de Florence a
connu un coup d’arrêt aux Etats-
Unis, illustré par un repli de ses
ventes de 2 % dans le pays sur le
semestre, après une progression
de 5 % au premier trimestre. Le
retournement du deuxième tri-
mestre a suscité bon nombre de
questions lors de la réunion
téléphonique, d’autant que la
demande a été soutenue en
Europe de l’Ouest (+ 13 % sur six
mois) et en Asie (+ 23 %).
Les touristes chinois sont moins
nombreux aux Etats-Unis, du fait
de la guerre commerciale entre
La margeopérationnelle
remonte
En %
2016 2017 2018 1
er
sem.
2019
13,
14,4 14,
14,
Unecroissanceportéepar
le cuiret le textile
Evolutiondu CA à changeconstant
au 1
er
semestre2019,en %
Maroquinerie-sellerie
Vêtementset accessoires
Soie
Parfums
Horlogerie + 14,
15,
12,
3,
4
Source
: société.
La« normalisation»
deGuccisepoursuit
Evolutiondu CA à données
comparablesau 1ersemestre2019,
en %
Source: Kering.
Groupe
Gucci
Bottega Veneta
Yves Saint Laurent
Autres marques
(dont Balenciaga)
15,
16,
16,
20,
−3,
RÉSULTATS SEMESTRIELS
lLES PRÉVISIONS
CHIFFRE D’AFFAIRES 2019 EST. EN M€ (VAR.) :
53.000 (+ 13,2 %)
RÉSULTAT NET 2019 EST. EN M€ (VAR.) :
7.250 (+ 14,1 %)
lLA VALORISATION
BNPA 2019 ; 2020 EST. EN € : 14,34 ; 15,
PER 2019 ; 2020 (NOMBRE DE FOIS) :
26,2 ; 23,
COURS EN € (EXTRÊMES 52 SEMAINES) :
376,15 (392,75242,30)
lLES RÉSULTATS
CHIFFRE D’AFFAIRES 1ER SEMESTRE 2019
EN M€ :
25.
VARIATION PUBLIÉE ; COMPARABLE :
+ 15,3 % ; + 12 %
RÉSULTAT OPÉRATIONNEL COURANT
EN M€ (VAR.) :
5.295 (+ 13,9 %)
MARGE OPÉRATIONNELLE SEMESTRIELLE
2018 ; 2019 :
21,4 % ; 21,1 %
RÉSULTAT NET SEMESTRIEL EN M€ (VAR.) :
3.268 (+ 8,8 %)
RÉSULTATS SEMESTRIELS
lLES PRÉVISIONS
CHIFFRE D’AFFAIRES 2019 EST. EN M€ (VAR.) :
25.250 (+ 2,4 %)
RÉSULTAT NET 2019 EST. EN M€ (VAR.) :
2.450 (+ 4,3 %)
lLA VALORISATION
BNPA 2019 ; 2020 EST. EN € : 3,60 ;
PER 2019 ; 2020 (NOMBRE DE FOIS) :
21,4 ; 19,
COURS EN € (EXTRÊMES 52 SEMAINES) :
77,20 (77,3059,72)
lLES RÉSULTATS
CHIFFRE D’AFFAIRES 1ER SEMESTRE 2019
EN M€ :
12.
VARIATION PUBLIÉE ; COMPARABLE :
+ 1,2 % ; + 1,7 %
RÉSULTAT OPÉRATIONNEL COURANT
EN M€ (VAR.) :
1.858 (+ 4,2 %)
MARGE OPÉRATIONNELLE SEMESTRIELLE
2018 ; 2019 :
14,3 % ; 14,7 %
RÉSULTAT NET SEMESTRIEL EN M€ (VAR.) :
1.035 (– 14,1 %)
RÉSULTATS SEMESTRIELS
lLES PRÉVISIONS
CHIFFRE D’AFFAIRES 2019 EST. EN M€ (VAR.) :
15 700 (+ 14,9 %)
RÉSULTAT NET 2019 EST. EN M€ (VAR.) :
3 300 (– 11,2 %)
lLA VALORISATION
BNPA 2019 ; 2020 EST. EN € : 26,13 ; 28,
PER 2019 ; 2020 (NOMBRE DE FOIS) :
18,3 ;
COURS EN € (EXTRÊMES 52 SEMAINES) :
477,55 (539,80351,70)
lLES RÉSULTATS
CHIFFRE D’AFFAIRES 1ER SEMESTRE 2019
EN M€ :
7 638,
VARIATION PUBLIÉE ; COMPARABLE :
+ 18,8 % ; + 15,3 %
RÉSULTAT OPÉRATIONNEL COURANT
EN M€ (VAR.) :
2 252,7 (+ 25,3 %)
MARGE OPÉRATIONNELLE SEMESTRIELLE
2018 ; 2019 :
27,9 % ; 29,5 %
RÉSULTAT NET SEMESTRIEL EN M€ (VAR.) :
579,7 (– 75,3 %)
RÉSULTATS SEMESTRIELS
lLA VALORISATION
BNPA 2019 ; 2020 EST. EN € : 14,45 ; 16,
PER 2019 ; 2020 (NOMBRE DE FOIS) :
44,4 ; 39,
COURS EN € (EXTRÊMES 52 SEMAINES) :
641,20 € (652462,40)
lLES RÉSULTATS
CHIFFRE D’AFFAIRES 1ER SEMESTRE 2019
EN M€ :
3.284,
VARIATION PUBLIÉE ; COMPARABLE :
+ 15,1 % ; + 12 %
lLES PRÉVISIONS
CHIFFRE D’AFFAIRES 2019 EST. EN M€ (VAR.) :
6.750 (+ 13,1 %)
RÉSULTAT NET 2019 EST. EN M€ (VAR.) :
1.525 (+ 8,5 %)