Les Echos - 09.03.2020

(Steven Felgate) #1

20 // ENTREPRISES Lundi9mars 2020Les Echos


«Transformation du modèle de l’assurance
et de la protection des personnes face aux
nouveaux défissociétaux et économiques »

Evénement co-organiséavec :

Mercredi18mars2020à19h

Thomas Saunier
Directeur Général de
Malakoff Humanis
Antoine Lissowski
Directeur général de
CNP Assurances

Informationsetinscriptions:
http://www.lesechos-prospective.fr

AnneFeitz
@afeitz


Il yaune deuxième vie après la
crise.Quatre ans aprèsavoir été
racheté par le conglomérat
indien Mahindra,qui arepris
76 %deson capital fin 2015, le
célèbre designer automobile
italien Pininfarina mise sur la
voiture électriquepour s’offrir
une nouvelle jeunesse.L’ancien
créateur fétiche desPeugeotet
des Agnelli vient d’annoncerun
partenariatavec les équipemen-
tiers allemandsBosch etBente-
ler, qui ont conçu ensemble une
plateforme modulairepour
véhicules électriques.
«Nous disposons ainsi d’une
offrecomplèteàproposer aux
constructeursqui partentdezéro
dans lesvoituresàbatterie,
depuis la conception jusqu’au
début de la production enpassant
parledéveloppement»,explique
le directeurventesetmarketing
de la société, GiuseppeBonollo.
Les trois partenaires visent les
véhicules de segmentCouD,
c’est-à-direlehaut du panier.
Si la firme deTurin espère
ainsi séduire touttype de cons-
tructeur,son offre est déjà bien
adaptée auxstart-up de l’électri-
que qui se lancent unpeupar-
tout dans le monde. Le turc
TOGG ou le vietnamienVin-
Fast, parexemple,ont déjàfait
appelàses services. Ainsi que le
californienKarma.Son action-
naire, Mahindra,amême
décidédecréer lui-même un
constructeurqu’il détient à
100 %, baptisé«Automobili
Pininfarina»:il vient de lancer
une«hypercar»électrique(à
plus de2millions d’euros),la
Battista.


Luxeetélégance
«Automobili Pininfarinaest l’un
de nos clients,explique Silvio
Pietro Angori,ledirecteur géné-
ral de PininfarinaSpA.Nous
avons un contrat de licence avec
eux:ils peuvent utiliser notre
nom si nous concevons le design
et l’ingénierie de leursvoitures.
Dans le cas de la Battista, c’est
également nous qui lafabri-


AUTOMOBILE


Le dessinateur
desFerrari compte
de nombreuses
start-up de la
voitureàbatterie
parmi ses clients.


La nouvelle vie


de Pininfarinaavec


la voitureélectrique


busettramwayalégèrement fléchi
(–1,9 %),à3,32 milliards devoya-
geurs. Il aurait gagné 2,6%hors effet
grève,laquelleapesésur lesventes
de billetterieàhauteur de 59 mil-
lions. La RATPaaussi dû payerdes
indemnitésàIle-de-France Mobili-
tés(IDFM), l’autoritéorganisatrice
des transports en région parisienne,
du fait du service non assuré durant
le mouvement social. Enfin, elle a
provisionné dans ses comptes 2019
le remboursement auxvoyageurs
pour décembre d’une partie de leur
passeNavigo (103 millions).LaSNCF
apris en charge, comme prévu, une
portionducoût et IDFMafinale-
ment acceptéde mettreaussila
main auporte-monnaie. La facture
aainsi été allégéepour la RATP.

Importants
investissements
En 2019, le groupedetransports a
aussiinvestiavecIDFM et laSociété
du GrandParis 2,1 milliards d’euros.
«Une somme jamais atteinte »,a
souligné Catherine Guillouard.
Dans le détail, 954 millions ont été
affectésàlamodernisation du
réseauetdes infrastructures–avec
une priorité donnée au RER –,

métro de Riyad, en Arabiesaoudite.
«LeMoyen-Orientdevient pour
nous une zone très importante,souli-
gne la patronne de la RATP.En Asie-
Pacifique, nous sommes par ailleurs
en train de planter de petits drapeaux
pour le futur,avec, enAustralie, la
signature d’un partenariat avec le
groupeJohn Holland pourrépondre
ensembleàdefutursappels d’offres. »
Le groupesepositionneaussià
Singapour.
Pour 2020, la RATP ne livre pas
de prévisions, mais indique qu’elle
va«poursuivresadynamique de
développement en Ile-de-France ».
Hors de la région parisienne,«prio-
rité seradonnéeaux mobilisations
sur les contrats déjà gagnés »,même
si le groupedevrait continuer à
répondreàdes appels d’offres.
La grèves’étantpoursuivie en jan-
vier,l’impact sur le résultat net de
2020 devrait encore être de 40 mil-
lions. En cas de développement
de l’épidémie de coronavirus, la
RATPpourrait, en outre, être con-
trainte de limiter le trafic sur son
réseau, ce quiaffecteraitànouveau
ses comptes. Mais,pour l’heure, la
direction seveut confiante quant à
l’évolution de la situation.n

Cela fait partie des sujets entourant
la mobilité sur lesquels le futur
maire deParisdevrafaire entendre
sa voix dans les prochains mois.
L’automatisation du réseau de
métro doit-elle être accélérée?
Mercredi, lors du débat organisé
sur LCI entre tous les candidats,
AgnèsBuzyn(LREM) et CédricVil-
lani(ex- LREM) se sont montrés les
plus offensifs sur le sujet.«Ilfaut
rapidement automatiser des lignes
de métro »,aaffirmé la première,
qui estime que quatrelignespour-
raient l’être en six ans. Elleaaccusé
la maire actuelle,Anne Hidalgo
(PS), de ne pasavoir travaillé main
dans la mainaveclarégion sur les

enjeux de transport public.Cédric
Villaniaquantàlui mis enavant les
«débitsplusimportants »rendus
possibles grâceàcette technologie.
La VilledeParis estloind’être la
seule décisionnaire sur ces ques-
tions, mais sonavis peut peser.
Elle dispose de5siègessur 29 au
conseil d’administration d’Ile-de-
FranceMobilités (IDFM), l’autorité
organisatrice des transports en
régionparisienne. La région en
compte 15, d’où la nécessitépour le
maire de meneravec elle un dialo-
gueconstructif.

Tous les travers
Le dossier de la ligne13(Saint-De-
nis -Asnières-Gennevilliers–Châ-
tillon-Montrouge), dontleprincipe
d’automatisationadéjàété acté, est
sur le haut de la pile. IDFM attend
dans le courant de cette année la
remise de«l’étude approfondie »
commandée en 2019àla RATP sur
son automatisation.«L’étudeporte
sur le coût de l’opération et sur le

calendrier »,précise unporte-pa-
role d’IDFM. Le chiffre d’environ
700 millions d’euros circule déjà,
sans compter l’achatdenouvelles
rames de métro. La ligne 13 com-
bine tousles travers :ultra-saturée,
elle fait aussi«faceàdes difficultés
d’exploitation dufait de la présence
d’une fourche».L’automatisation
permettraitdeles atténuer.
Pour l’heure, seulesles lignes1et
14 sont entièrement automatisées.
La ligne4a,elle, engagé sa mue.
D’autres, outre la 13,pourraient sui-
vre si un consensuspolitiquese
dégage. Sur ces lignes, les métros
circulentàlavitesse de 40 km/h, au
lieu de 25pour les autres sur le
réseau francilien,etpeuvents’ysuc-
céder,aux heures depointeàdes
intervalles de 85 secondes. Un pro-
grès incontestablepour les passa-
gers. La transformation d’une ligne
prend cependant du temps:celle de
la 4, engagéeàlami-2018, ne devrait
pasêtre achevéeavant la fin 2022.
—E. Di.

L’automatisation de la ligne


du métroattendson calendrier


La RATP doit remettre
dans le courant de l’année à
Ile-de-France Mobilités une
étude approfondie sur le coût
et le calendrier de l’opéra-
tion. Celle-cis’inscrit au cœur
des sujetsdemobilité dans la
campagne des municipales.

TRANSPORTS


Elsa Dicharry
@dicharry_e

La grèvedes agents de la RATP
contre la réforme des retraites, en
décembre dernier,avait fait craindre
un déraillement des comptes du
groupepublicpour 2019.Ceux-ci
ont finalementbien résisté. Le chif-
fre d’affairess’est établià5,7 mil-
liards d’euros l’an dernier,enhausse
de 2,5%sur un an. Le résultatnet a,
lui, reculé de près de 35 %,à131 mil-
lions, mais est resté dans levert.
«Nousavons failli faireune excel-
lenteannée, maislagrève aeuun
impact négatif de 186 millions sur le
chiffr ed’affairesetde150 millions
sur lerésultat net. Elle se finit quand
même en positif,cequi montre
l’avance que nous avions accumulée
jusqu’à la fin novembre»,acom-
menté CatherineGuillouard,la
PDGdelaRATP.
L’activités’est bientenue en Ile-de-
France,avec, pour l’établissement
public(Epic) de tête,unchiffre
d’affaires de 4,4 milliards d’euros. Le
trafic sur les réseaux de métro, RER,

lLe groupeaenregistré l’an dernier unbénéfice net de 131 millions d’euros.


lLe mouvement social de décembre contre la réforme des retraites


atout de mêmepesé sur son résultatàhauteur de 150 millions.


La RATP boucle une bonne


année 2019 malgré la grève


606millions dans le prolongement
et la modernisation de lignesde
métro et tramway, 170 millions dans
la modernisation des espaces et de
l’informationvoyageurs, et 400 mil-
lionspour le seul prolongement
vers le sud de la ligne de métro 14 en
direction de l’aéroport d’Orly.
Le chiffre d’affaires des filiales du
groupe aprogressé de 11,5 %, à
1,35 milliard en 2019. Celaporte«à
23 %leur part dans lechiffred’affaires
consolidé, en croissancede 1point par
rapportà2018»,souligne le direc-
teur financier, Jean-YvesLeclercq.
RATP Dev,consacréaux activités
hors de l’Ile-de-France,aprogressé
de 10,4%grâceaugain de nouveaux
contrats enFrance(Angers, Brest,
Saint-Malo, Creil) etàl’étranger
(Etats-Unis, Italie)ainsi qu’au
démarrage de l’exploitation du

1,


MILLIARD
Le chiffred’affaires desfiliales
du groupeaprogresséde11,5%
en 2019.

quons.»A150 exemplaires pré-
vus, ils’agitd’une fabrication
quasi artisanale.
«Nousvoulons utiliserlapuis-
sance de la marque pour nous
développer»,insiste Silvio Pietro
Angori. Mêmeàquatre-vingt-
dix ans, l’ancien studio, qui a
dessiné danslepassé nombre de
Ferrari, Alfa Romeo,Peugeot,
Citroën ou Maserati(et lesAuto-
lib’ dugroupeBolloré), jouit
encore d’une image solide,
incarnant le luxeetl’élégance.
L’automobile représente
encore 80%deses revenus
(105 millions d’euros en 2018),
dont 55%dans l’ingénierie.
Mais, depuis cinq ans,lasociété,
qui emploie 650personnes,
remporte de plus en plus de con-
tratsendehors du secteur,
visant principalement les autres
moyens de mobilité(trains,
bateaux, télécabines) ou les pro-
jets d’architecture.

Ralentissement
«Nousvoulons aussi nous déve-
lopper dans le numérique et
l’expérience client »,insiste le
dirigeant, espérant que cette
activité, qui représente
aujourd’hui7%de ses revenus,
passeraà15%d’iciàtroisans.
En espérant que la firme de
Turin ne souffrira pas tropdela
crise. Après sa reprise par
Mahindra, quiainvesti environ
150 millions d’euros dans
l’acquisition,Pininfarinaavait
spectaculairement renouéavec
lesbénéfices en 2017 et 2018
(2,2 millionsderésultat net en
2018),après une longuepériode
de quatorze ans consécutifsde
pertes. Mais la société, qui
publierases résultatsannuels le
23 mars,asubi, l’an dernier,la
fin de certains contrats et le
ralentissementdusecteur.Elle
prévoyait àlami-novembreune
baissedes revenus de 12%etun
déficit opérationnel sur 2019. Et
la crise quis’annonce ne laisse
pasaugurerd’immensesamé-
liorations cetteannée.n

«Nousvoulons
aussi nous
développer dans
le numérique
et l’expérience
client. »
SILVIO PIETRO ANGORI
Directeur général
de PininfarinaSpA
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