Les Echos - 09.03.2020

(Steven Felgate) #1

Les Echos Lundi 9 mars 2020 ENTREPRISES// 21


traversée du désert, jusqu’à frôler la
faillite au début des années 2000.
En optant pour Le Coq Sportif, le
Cojo a mis en avant le virage vers le
made in France entamé par le
groupe depuis son rachat par le
fonds d’investissement suisse Aire-
sis. « C’est une marque engagée en
faveur d’un sport durable et inclusif,
qui a fait le choix d’un ancrage terri-
torial en France et participe à un
héritage social et industriel fort », a
justifié Tony E stanguet, le patron d e
Paris 2024.

Résurrection
du berceau historique
Depuis 2010, Le Coq a réinvesti son
berceau historique de Romilly-sur-
Seine, dans l’A ube, abandonné au
profit d’une délocalisation en Asie à
la f in d es années 1980. Une centaine
de personnes travaillent désormais
sur place pour confectionner cer-
taines de ses collections. C’est ici
que sera réalisée une partie des
quelque 420.000 pièces prévues
dans le contrat, qui renforcera les
projets d’agrandissement du site.
Le groupe prévoit de doubler sa
surface et son nombre d’employés
d’ ici à la fin 2021, tout en augmen-
tant son approvisionnement
auprès de fournisseurs locaux (il
revendique 600 emplois directs et
indirects dans l’Hexagone).
« Ce contrat assurerait notre déve-
loppement pour les quinze prochai-
nes années », expliquait, à la fin
2018, Marc-Henri Beausire, le
patron. Après avoir renoué
des partenariats avec le Tour de
France, des clubs de football (dont
Saint-Etienne) ou encore la Fédéra-
tion française de rugby, « Le Coq va
pouvoir explorer tous les sports,
poursuit-il. Les JO serviront de bri-
se-glace pour notre R&D. »
Un moyen de rattraper son
retard sur les géants mondiaux du
sport dans le segment perfor-
mance, sur un t errain où il n e se bat
pas vraiment à armes égales avec

son chiffre d’affaires de 130 mil-
lions d’euros (dont 60 % en France).
Le Cojo a toutefois mis un bémol
à la fête en laissant la possibilité
aux fédérations de conserver leur
équipementier propre pour les
tenues de compétition, en échange
d’une contribution à un fonds de
solidarité (qui alimentera les fédé-
rations les moins riches). Certains
des sportifs ou équipes les plus en
vue pourraient donc disputer les
épreuves sous une autre tunique. A
Tokyo, cet été, les basketteurs et les
footballeurs seront par exemple en
Nike, les a thlètes en Asics, l es h and-
balleurs en Adidas, les judokas en
Mizuno... A moins que le coronavi-
rus ne vienne chambouler l’organi-
sation des JO d’ici là.n

cours des chaînes de production
des industriels au plus près de
leur circuit de commercialisation
local, en Europe, aux Etats-Unis
ou en Asie, un virage accéléré par
la crise sanitaire, explique Thi-
bault Basquin, managing direc-
tor d’Ardian Buyout. L’objectif
est de produire sur des circuits
plus courts, de mieux maîtriser la
traçabilité des produits et la qua-
lité des fournisseurs, plutôt que de
concentrer toute sa production
dans une zone géographique en
particulier. Cette logique est
essentielle pour les produits de
chimie verte. »
DRT, qui réalise l’essentiel de
son chiffre d’affaires à l’interna-
tional, est bien positionné puis-
qu’il gère deux usines aux Etats-
Unis, pas moins de quatre en
France, et d’autres en Inde et en
Chine.

Forte croissance
Aux côtés des branches f amilia-
les et de Tikehau, la société lan-
cée dans les années 1930 par six
sylviculteurs a connu une forte
croissance sous le contrôle
d’Ardian.
En l’espace de deux ans, DRT
a enregistré une croissance de
plus de 25 % de son chiffre
d’affaires p our a tteindre
550 millions d’euros de reve-
nus. Ses résultats (près de
70 millions d’euros d’Ebitda en
2017) ont connu une progres-
sion similaire. Ardian l’avait
déjà racheté sur la base de
quinze fois l’Ebitda.
Sous la direction de Laurent
Labatut, DRT a fortement
investi dans son outil industriel,
avec plus de 150 millions redé-
ployés, en particulier dans les
Landes, pour accroître ses capa-
cités de production. « Comme
DRT, Firmenich est très investi
dans la recherche et développe-
ment, à laquelle il consacre plus
de 10 % de son chiffre d’affaires
annuel », se félicite le PDG de
l’entreprise française.n

Anne Drif
@ANNDRIF


La pépite française de la chimie
verte DRT rejoint la première
division du géant des arômes. Et
retrouve un ADN familial. Le
fonds d’investissement Ardian
cède le contrôle de la société des
Landes au poids lourd suisse
familial Firmenich. L’entreprise
de 1.500 salariés, dont les pro-
duits issus de la résine de pin
entrent dans la composition
d’élastomères, d’adhésifs, ou
encore des produits pharma-
ceutiques, se voit valorisée plus
de 1,7 milliard d’euros dans le
cadre des discussions menées
par Citi et Rothschild & Co. C’est
la plus grosse acquisition jamais
réalisée par Firmenich depuis s a
fondation à Genève en 1895.
La société helvétique dame
ainsi le pion à ses concurrents
Givaudan, IFF et Symrise, avec
qui elle se livre une compétition
acérée. Forte de 4 milliards de
francs suisses de chiffre d’affai-
res, elle s’ouvre avec la société
des Landes un nouveau pan
industriel des ingrédients verts
destinés aux secteurs de la cons-
truction et de l’agriculture. Avec
DRT, Firmenich, dont il est un
client depuis trente ans, va pou-
voir sécuriser une partie de son
approvisionnement.
« Cette acquisition européenne
s’inscrit dans le redéploiement en


CHIMIE


Le poids lourd
mondial des arômes
Firmenich réalise
la plus grosse
acquisition de son
histoire en rache-
tant le français,
spécialiste des
dérivés du pin,
plus de 1,7 milliard
d’euros.


Le chimiste DRT passe


sous pavillon suisse


nous n’avons plus que 11 navires à
l’ancre et d’ici à fin mars nous aurons
un remplissage de la flotte à 100 % »,
assure-t-il. « Les entrepôts sont vides
en Europe et les usines repartent en
Chine. Aucun port n’a été paralysé,
tous nos bureaux chinois sont ouverts
et notre personnel est au travail. C’est
factuel », insiste le dirigeant.
En revanche, Rodolphe Saadé se
dit vigilant par rapport à la situation
en Europe. Si en Italie, où Ceva est
très implanté, « notre organisation

fonctionne », la situation sur le
Vieux Continent pourrait devenir
« plus complexe ».
Il est, en tout état de cause, trop
tôt pour établir la facture globale
des effets négatifs de cette crise
sanitaire sur les comptes du
groupe. Pour l’heure, le patron de
CMA CGM savoure les résultats de
l’exercice 2019 publié vendredi. « La
marge opérationnelle de l’activité
maritime est en hausse constante,
pour atteindre au quatrième trimes-

tre 4,7 %, soit la meilleure marge du
secteur », se félicite Rodolphe
Saadé. Et ce, malgré des volumes
transportés stables par rapport à la
même période de l’année précé-
dente et un chiffre d’affaires en
baisse de 9,5 %.
Au total, sur l’année passée, le
groupe de transport et de logistique
a réalisé un chiffre d’affaires de
30,3 milliards de dollars (26,8 mil-
liards d’euros), porté par l’intégra-
tion de Ceva (7,1 milliards de dollars).

A périmètre constant, l’activité res-
sort en légère baisse de 0,8 %. L’excé-
dent brut d’exploitation (Ebitda)
s’élève à 3,8 milliards, soit une marge
sur chiffre d’affaires à 12,4 %, en
hausse de 7,5 %.
En revanche, le résultat net est en
perte de 229 millions, contre un
bénéfice de 34 millions en 2018, du
fait de l’application de la norme
comptable IFRS 16 et de la perte de
Ceva, à hauteur de 140 millions.
Pour 2020, le groupe se prépare « à
mettre les capacités qu’il faudra pour
assurer le rattrapage » après cette
crise, indique Rodolphe Saadé. Le
dirideant prévoit, en outre, de tirer
parti du nouveau plan de réduction
de ses coûts maritimes de 1,3 mil-
liard de dollars.n

cette fois la période de fermeture a été
de cinq semaines », raconte le diri-
geant. Ce qui n’aura pas été sans
conséquence sur l’activité du
groupe marseillais. Mais limitée,
assure Rodolphe Saadé.
Les volumes transportés ont
baissé de 7,7 % en février et « nous
avons compté jusqu’à 17 navires à
l’ancre sur une flotte de 550 navi-
res », détaille-t-il. Ceva, l’activité de
logistique terrestre du groupe a, lui
aussi, été affecté. Ce qui repoussera
dans le temps le redressement
attendu de cette filiale, dont le siège
a été transféré depuis la Suisse à
Marseille.

« Les volumes repartent
à la hausse »
La situation a aussi conduit Ceva à
réaliser des prestations inédites.
Pour un grand constructeur auto-
mobile américain en mal de pièces
détachées, par exemple, l’entreprise
a ainsi affrété une cinquantaine
d’avions afin de transporter rapide-
ment de Shanghai à Los Angeles les
pièces en question. De même, « des
grands distributeurs européens nous
demandent des solutions pour ache-
miner le plus rapidement possible les
produits dont ils pourraient man-
quer », relève Rodolphe Saadé.
Mais, pour le patron de CMA
CGM, contrairement au sentiment
de peur qui prévaut un peu partout,
c’est bien d’un retour à la normale
qu’il faut parler. Au moins pour la
Chine. « Nous le mesurons par rap-
port au remplissage de nos navires.
Les volumes repartent à la hausse,

Antoine Boudet
@Aboudet


Lorsque l’on est marin, on s’attend à
essuyer des tempêtes. On s’y prépare
et on y fait face, sauf cas extrême où,
là, il vaut mieux rentrer au port ou se
mettre à l’abri d’une baie protégée.
Pour CMA CGM, le quatrième arma-
teur mondial dans le transport mari-
time de conteneurs, l’épidémie de
coronavirus qui est apparue d’abord
en Chine avant de s’étendre au
monde n’aura été, à ce stade, qu’un
bon coup de tabac, selon son PDG,
Rodolphe Saadé.
« Chez CMA CGM, chaque année
nous nous préparons au fait que,
pour le Nouvel An chinois, le pays
ferme pendant deux semaines. En
2020, la date de célébration est tom-
bée le 25 janvier et les importateurs
avaient, comme d’habitude, com-
mandé massivement avant. Mais du
fait de l’épidémie de coronavirus,


TRANSPORTS


L’armateur français
prévoit de remplir
à nouveau la totalité
de sa flotte au départ
de Chine à la fin mars.


En revanche, il est
vigilant sur les consé-
quences de l’évolution
de l’épidémie
de Covid-19 en Europe.


L’armateur CMA CGM constate un retour


à la normale en Chine


En 2019, le groupe de transport et de logistique a réalisé un chiffre d’affaires de 26,8 milliards d’euros.

« La marge
opérationnelle
de l’activité
maritime est en
hausse constante,
pour atteindre
au quatrième
trimestre 2019
4,7 %, soit
la meilleure
du secteur. »
RODOLPHE SAADÉ
PDG de CMA CGM

Qilai Shen/Bloomberg

ABNAMRO FUNDS
Unesociétéd’investissementàcapitalvariable(SICAV)
Siègesocial:49,avenueJ.F.KennedyL-1885Luxembourg
RegistredeCommerceetdesSociétésdeLuxembourg:B78762-(La«Société »)
AVIS AUX ACTIONNAIRES DU COMPARTIMENT DE LA SOCIÉTÉ
«ABN AMRO Funds Henderson European Equities »
Liquidation du compartiment«ABN AMRO Funds Henderson European Equities»delaS ociété
(le«Compartiment »)
Le 25 février 2020, le conseil d’administration de la Société (le«Conseil d’administration »)apris
la décision de liquider le Compartiment en raison d’une vague massive de rachats, conformément à
l’Article32desstatutsdelaSociété,envertudesquels«LeC onseild’administration,danslecadredes
limitationsetdesconditionsprescritesparlaloi,jouitdel’autoritéabsoluedestatuersurl’efficacitéet
lesconditionsdecequisuit:1)soitlaliquidationpureetsimpled’uncompartiment[...]».
Étant donné que la gestion efficace du Compartiment n’est plus assurée, le Conseil d’administration
prévoitdeliquiderleCompartimentàcompterdu23mars2020(la«Date de liquidation »).
Dans ce contexte, le Conseil d’administrationadécidé de procéderàlac lôture définitive des
souscriptions,rachatsetconversionsd’actionsàcompterdu16Mars2020.
Lesrachatsserontdéfinitivementclôturésàcompterdu18mars2020.
Les frais juridiques, des services de conseil et/ou administratifs associésàlap réparation etàla
réalisationdelaliquidationserontassumésparlasociétédegestiondelaSociété
Tout produit de la liquidation ne pouvant être distribué aux Actionnaires sera déposé en leur nom
auprèsdelaCaissedeConsignationdeLuxembourg.
Àl’exceptiondesfraisassociésàlaventedechacundesinvestissementsdansleCompartiment,ce
dernierneseverraimputeraucunsfraissupplémentairesautitredelaliquidation.Afindegarantirle
bon déroulement de la liquidation et de veilleràceque les délais soient respectés, le Compartiment
peutêtreamenéàprocéderàlav enteprogressivedesesactifsavantlaliquidation.
NousinvitonslesActionnairesàs’adresseràleurconseillerfinancierconcernantlesconséquences
queladiteliquidationaurasurleursopérationsfinancières.
Conformément aux dates susmentionnées, les actifs du Compartiment seront liquidés dans les plus
brefsdélais,cequisignifiequeleurspolitiquesd’investissementettouterestrictiond’investissement
applicablepourraientneplusêtrerespectées.
Luxembourg,le9Mars2020
LeConseild’administrationdelaSociété

Un autre lot
encore en jeu

Le Cojo a repoussé
la désignation
de l’équipementier
qui habillera
les 50.000 bénévoles
et 12.000 relayeurs
de la flamme olympi-
que pour Paris 2024.
Parmi les candidats,
Lacoste, qui vient donc
de perdre son statut
d’équipementier
de l’équipe de France
olympique, tentera
peut-être de s’offrir
un lot de consolation.

AVIS FINANCIERS


Comment Le Coq Sportif veut s’appuyer


sur l’équipe de France olympique


Pierre Demoux
@pdemoux

Le Coq Sportif peut chanter. L’équi-
pementier a été désigné jeudi soir
par le comité d’organisation des
Jeux Olympiques de Paris 2024
(Cojo) pour habiller les sportifs des
équipes de France durant les épreu-
ves. Ce partenariat, qui inclut aussi
les tenues de représentation (céré-
monies, podiums), démarrera dès
2021 – ce qui signifie que la marque
sera présente sur les épreuves dès
les Jeux d’hiver de Pékin 2022.
Une consécration pour Le Coq
Sportif et le symbole de son renou-
veau. Le gallinacé avait déjà fourni
l’équipe de France olympique
entre 1912 et 1972, prémices d’une
période faste qui l’avait vu partici-
per à certaines grandes heures du
sport tricolore ( les e xploits de Pouli-
dor et de Hinault sur le Tour de
France, l’épopée des Verts de Saint-
Etienne, la victoire de Yannick
Noah à Roland-Garros...). Puis il
avait perdu son lien avec le sport de
haut niveau et connu une longue

HABILLEMENT


La marque tricolore
a remporté l’appel
d’offres du comité
d’organisation
des Jeux Olympiques
de 2024 pour fournir
les tenues des sportifs
français à partir
de 202 1.

420


MILLE PIÈCES
sont prévues dans le contrat
signé avec le comité
d’organisation des JO 2024.
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