Les Echos - 09.03.2020

(Steven Felgate) #1
teuil de maire, évoque aussi un sujet
qui revient de façon r écurrente dans
l’actualité locale, à savoir la création
d’un RER métropolitain. Un projet
évalué à 450 millions d’e uros et qui
permettrait un report sur le train
« de 40.000 déplacements quotidiens
actuellement effectués en voiture »,
indique le candidat écologiste.
Nathalie Appéré, la maire socia-
liste sortante d e Rennes et candidate
à sa réélection, fait plutôt le choix
de 5 lignes de tramway sur roues qui
irrigueraient mieux la métropole et
seraient reliées à plusieurs des sta-
tions de métro. Le coût de cette
mesure est évalué par l’Institut
Montaigne à 263 millions d’euros
d’investissement. Charles Compa-
gnon, le candidat divers droite, pré-
conise, lui, des lignes de bus express
à fréquence augmentée. Dans le
prolongement de ces différents pro-
jets de mobilité, les candidats veu-
lent tous que les habitants puissent
se déplacer avec un maximum de
sécurité dans une ville où les agres-
sions et incivilités sont nombreuses.
D’où la promesse de Carole Gandon
de tripler le nombre des caméras de
vidéoprotection tout en embau-
chant 30 policiers municipaux sup-
plémentaires. Son concurrent C har-
les Compagnon veut en doubler
l’effectif. Il souhaite créer 65 postes
supplémentaires, un investisse-
ment évalué à 2,6 millions d’euros
par an.n

grandes villes passées au crible


A Rennes, les candidats rivalisent


d’idées sur les projets de transport


Stanislas du Guerny
—Correspondant à Rennes

La mobilité est, plus que jamais, un
véritable point noir dans la métro-
pole r ennaise, qui a ccueille
5.300 résidents supplémentaires
par an. Forte de 447.000 habitants,
elle vit quotidiennement au rythme
des encombrements, notamment
aux abords du technopôle, dont
les activités – création de 1.
emplois nets par an – se concentrent
en majorité à Cesson-Sévigné,
une commune très proche du
centre-ville.
Les candidats à l’élection munici-
pale font donc du transport l’un de
leurs thèmes principaux de campa-
gne. Carole Gandon, la tête de liste
de La République En marche
(LREM) à Rennes, propose la créa-
tion d’une ligne de bus autour de la
rocade de contournement de la v ille,
pour relier les communes sans que
les usagers soient obligés de transi-
ter par Rennes. Une mesure chiffrée
aux alentours de 200 millions

La démographie rennaise,
en hausse, entraîne de
sérieux problèmes de
mobilité. Une seconde ligne
de métro va être ouverte en
décembre prochain sans
pour autant régler l’ensem-
ble des difficultés de
déplacement.

Laurent Marcaillou
—Correspondant à Toulouse

Les transports sont au centre de
la campagne électorale à Tou-
louse. Logique dans une agglomé-
ration qui a gagné 15.000 habi-
tants par an, où les automobilistes
ont passé 158 heures dans les bou-
chons en 2019, selon le spécialiste
de GPS TomTom. Favori des son-
dages face à une gauche éparpillée
sur trois listes, le maire sortant,
Jean-Luc Moudenc (LR), soutenu
par LREM, le PR et l’UDI, met en
avant son projet de troisième
li gne de métro desservant les
zones aéronautiques, qui avait
contribué à le faire élire en 2014.
Le dossier étant prêt, l’élu pro-
met de construire cette longue
ligne de 27 km entre Colomiers et
Labège d’ici à 2025 pour un coût
de 2,7 milliards d’euros, porté à
3 milliards avec le prolongement
de la ligne B. Une somme considé-
rable qui obligera la métropole à
restreindre les autres investisse-
ments, a prévenu la Chambre
régionale des comptes, même si
la municipalité a augmenté les
impôts de 15 % en 2015. Le maire
fait du métro le marqueur de l’élec-
tion, affirmant que la ligne ne sera
pas construite s’il n’est pas réélu.
Evitant le piège, son challenger
écologiste Antoine Maurice, lea-
der d’Archipel citoyen (EELV, LFI,
Place publique...) , n’est pas opposé
à cette nouvelle ligne de métro,

Le candidat écologiste
Antoine Maurice (EELV-
LFI) et la socialiste Nadia
Pellefigue, tête de liste
PS-PCF-PRG, se sont
ralliés au projet de
troisième ligne de métro
du maire, Jean-Luc
Moudenc (LR soutenu
par LREM).

mais estime qu’elle ne suffira pas à
décongestionner le périphérique.
« Nous lancerons un plan d’urgence
avec des lignes d’autobus et des pis-
tes cyclables sécurisées », promet-il.
La socialiste Nadia Pellefigue,
tête de liste PS-PCF-PRG et vice-
présidente de la région Occitanie,
est favorable à la troisième ligne
de métro et propose de prolonger
aussi la ligne A jusqu’à la première
couronne. Pour diminuer la circu-
lation, elle veut construire 7 par-
kings relais aux portes de la ville.
A nouveau candidat, l’ancien
maire socialiste Pierre Cohen
(2008-2014), passé à Génération.s,
est l’un des rares à vouloir repor-
ter le projet de métro. A la place,
un réseau de trams-trains pour
inciter les habitants de la péri-
phérie à ne pas prendre leur voi-
ture, et prolonger le tramway.

Des millions pour le vélo
La métropole toulousaine n’arrive
qu’au huitième rang des 11 villes de
plus de 200.000 habitants pour la
Fédération française des usagers
de la bicyclette. Archipel citoyen
veut aménager 1.000 kilomètres
de voies en y consacrant pas moins
de 500 millions sur dix ans. Plus
modeste, la socialiste Nadia Pelle-
figue annonce 400 kilomètres de
voies express vélo en y consacrant
240 millions sur le mandat, une
mesure chiffrée à 96 millions par
l’Institut Montaigne.
Pas en reste, Jean-Luc Moudenc
promet 13 lignes express vélo pour
aller au travail. Elles sont déjà pré-
vues dans le plan Mobilités 2020-
2030 de la métropole, qui pro-
gramme un réseau cyclable de
370 km à travers 54 communes,
dont 60 % restent à construire. Le
syndicat des transports Tisséo
estime son coût à 250 millions,
l’Institut Montaigne à seulement
56 millions.n

Toulouse : promesses


tous azimuts pour


réduire les bouchons


la ville de pierre, Nicolas Florian et
ses deux principaux concurrents
s’opposent sur l’urbanisme. Pierre
Hurmic promet le « zéro artificiali-
sation » du sol en construisant sur
ce qui l’est déjà, ou bitumé. Tout
comme Thomas Cazenave, il est
contre le grand projet d’aménage-
ment d’une nouvelle artère com-
merçante et d e logements, R ue Bor-
delaise, reliant la gare à la Garonne.

200 kilomètres
d’autoroutes à vélo
Sur les déplacements, l’heure est
aux mobilités douces avec l’objectif
qu’elles représentent : « 80 % des
déplacements » pour Nicolas Flo-
rian quand Pierre Hurmic veut leur
réserver « 50 % de l’espace » sur réa-
ménagements de voirie. Il promet
également « un plan d’urgence Vélo
métropolitain » de 350 millions
d’euros. Thomas Cazenave est plus
précis avec 200 millions d’euros
investis dans « 200 kilomètres
d’autoroutes à vélo » à l’échelle de la
métropole pour amener les Borde-
lais à effectuer 25 % de leurs dépla-
cements à vélo, contre 8 %
aujourd’hui. Une infrastructure
dont le coût dépasse 50 millions
d’euros, selon les calculs de l’Insti-
tut Montaigne. Un chiffrage infé-
rieur à « celui du candidat sans doute
car ce dernier anticipe des problèmes
de foncier coûteux et difficilement
estimables dans cet exercice ».
En revanche, le tramway ne
recueille plus l’unanimité des
débuts. Nicolas Florian se dit « fier
d’avoir, avec 78 kilomètres, le plus
long réseau d e France », quant Pierre
Hurmic, également élu à la métro-
pole, raille le clientélisme et « le
tramway des maires ». En revan-
che, tous les candidats tombent
désormais d’accord sur le futur
« RER métropolitain », qui utilise-
rait le réseau ferroviaire TER exis-
tant autour de l’agglomération.n

Frank Niedercorn
@FNiedercorn
—Correspondant à Bordeaux

La mobilité d’abord, mais le loge-
ment juste derrière. A Bordeaux, les
deux sujets sont au centre des
débats pour les élections municipa-
les. Sur les bords de la Garonne,
encore plus qu’ailleurs, l’enjeu des
déplacements est intimement lié à
celui de l’immobilier. Les embarras
de la circulation, notamment sur la
rocade, constituent depuis des
années un problème pour les Bor-
delais. Ils se sont aggravés avec le
boom spectaculaire des prix pous-
sant une partie des habitants loin d e
leur lieu de travail. Nicolas Florian,
qui a succédé à Alain J uppé, p romet
d’imposer 35 % de logements
sociaux dans les futurs program-
mes et aux promoteurs « des prix de
sortie à 3.000 euros le mètre carré sur
les nouvelles opérations ».

Volonté partagée
de végétaliser la ville
Pierre Hurmic, le candidat EELV,
qui talonne le maire sortant dans
les sondages, veut aller plus loin
avec un taux de 50 %. Pour descen-
dre en dessous de cette barre des
3.000 euros par mètre carré, Tho-
mas Cazenave, le candidat LREM,
veut lancer un emprunt de 300 mil-
lions d’euros sur 80 ans grâce à la
Caisse des Dépôts. Objectif : acqué-
rir du foncier et construire
7.000 logements.
Derrière la volonté partagée de
planter des arbres et de végétaliser

Dans une agglomération
régulièrement embouteillée
et qui a vu les prix
de l’immobilier s’envoler,
la mobilité et le logement
constituent deux thèmes
phares d’une campagne
électorale très ouverte.

La flambée de


l’immobilier au cœur de


la campagne à Bordeaux


très importante dans la campa-
gne. Johanna Rolland propose
notamment la gratuité des trans-
ports en commun le week-end et
une baisse de 20 % du prix des
abonnements. L’Institut Montai-
gne estime à 17 millions d’euros le
manque à gagner annuel.
La candidate d’Europe Ecologie


  • Les Verts, Julie Laernoes, entend
    pour sa part instaurer la gratuité
    pour les moins de 26 ans, quand la
    tête de liste de La République En
    Marche, Valérie Oppelt et la candi-
    date LR fixent cette limite à 11 ans.
    La place du vélo fait aussi l’objet de
    propositions généreuses. Si Nan-
    tes est classée deuxième grande
    ville cyclable par la Fédération des
    usagers de la bicyclette, la part du
    vélo dans les déplacements reste
    modeste. Johanna Rolland a donc
    décidé de porter à 100 millions
    d’euros le budget dédié au vélo et
    aménagements cyclables, soit un
    quasi-doublement par rapport au
    mandat précédent.
    Très engageantes financière-
    ment, les propositions sur la réno-
    vation thermique des logements
    sont un peu occultées par les
    sujets précédents. L’actuelle maire
    annonce la rénovation de 10.
    logements plus 15.000 dans le parc
    social. Si elle était élue le 22 mars,
    l’écologiste Julie Laernoes trans-
    formerait 10.000 l ogements
    chauffés au fioul et les 3 % des loge-
    ments du parc social les moins
    performants, un programme
    que l’Institut Montaigne chiffre à
    48 millions d’euros.
    Autre mesure phare décryptée
    par le think tank : les 600 places en
    centre de loisirs et 700 places en
    crèche promises par Johanna Rol-
    land, qui planifie également la
    construction de 6 écoles et l’exten-
    sion de 23 autres. Il en coûterait
    66 millions selon les experts.
    —Service régions


L’agression d’un conducteur de
tramway, la vente à peine dissimu-
lée de stupéfiants ou les fusillades
entre trafiquants rivaux ont ins-
tallé la question de la sécurité au
premier plan dans la course à la
mairie de Nantes, ce qui n’était pas
le cas il y a six ans. Johanna Rol-
land, maire PS sortante et candi-
date à sa réélection, ne nie pas le
problème, tout en affirmant que le
sujet est avant tout du ressort de
l’Etat et que la ville reste sous-do-
tée en effectifs de police nationale.
L’édile s’engage à créer 102 pos-
tes de policiers municipaux, en
plus des 115 actuels. Cet effectif
comprendrait 32 agents spécifi-
quement affectés à une nouvelle
police métropolitaine des trans-
ports en commun. Selon les cal-
culs de l’Institut Montaigne, ce
quasi-doublement de la police
municipale représenterait un sur-
coût annuel de 4,7 millions
d’euros.

Doubler le parc
de caméras
Très offensive sur le sujet, la candi-
date LR Laurence Garnier porte-
rait l’effectif à 230 policiers en cas
d’élection. Selon les mêmes bases
de calcul, il faudrait alors prévoir
un budget annuel additionnel de
5,3 millions. Elle envisage aussi de
doubler le parc de caméras, à 200
unités, soit selon l’Institut Montai-
gne, un budget additionnel de
7,7 millions d’euros sur le mandat.
Comme dans les autres grandes
villes françaises, l’environnement
et la question connexe des dépla-
cements occupent aussi une place

Les candidates à la mairie
de Nantes rivalisent de
propositions, certaines
proposant de doubler les
effectifs de la police
municipale.

A Nantes, bataille


autour des effectifs de


la police municipale


d’euros d’investissement par l’Insti-
tut Montaigne, l’équipe de la candi-
date l’estimant pour sa part autour
de 150 millions d’e uros.
La démographie progressant
autant à Rennes que dans les com-
munes suburbaines, les
18.300 logements neufs livrés
entre 2 015 et 2018 l’ont été pour moi-
tié d ans l a périphérie, c e qui
engorge quotidiennement l’ensem-
ble de la rocade de contournement.

La seconde ligne de métro en
cours d’achèvement – 1,3 milliard
d’euros d’investissement – sera opé-
rationnelle en décembre prochain.
Si celle-ci contribue à limiter le trafic
routier rennais, Carole Gandon veut
aller plus loin en créant de nouvelles
stations dans les autres communes
pour tenter de freiner l’usage de la
voiture.
Favorable à « la gratuité des trans-
ports en commun », notamment
pour les jeunes de moins de 25 ans,
Matthieu Theurier, le candidat
Europe Ecologie Les Verts au fau-

Forte de
447.000 habitants, la
métropole rennaise
accueille chaque
année 5.
nouveaux résidents.

Les Echos Lundi 9 mars 2020 FRANCE// 03

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