Les Echos - 21.02.2020

(vip2019) #1
LES ECHOS WEEK-END – 23

LE CONSEIL DEL’ARCTIQUE


tensions ».ÀRovaniemi enFinlande, le
secrétaire d’État américain MikePompeo a
carrément mis les pieds dans le plat :«Jusqu’ici,
le Conseil de l’Arctiqueafait son travail, mais
nous sommes confrontésàune nouvelle ère
de défis et le moment estvenu d’accroîtrela
vigilance.Nous devons nous tenir mutuellement
responsables et nous ne devons pas laisser ce
forum êtrevictime de subversion d’États arctiques
ou non »,a-t-il asséné. Dans sa ligne de mire :
la Russie et son attitude jugée«agressive»
et«provocante »envers les navires étrangers
empruntant le passage duNord-Est;etsurtout
la Chine,avec qui le bras de fer commercial
battait alors son plein.Pour ce fidèle deTrump,
l’empire du Milieu nepeut prétendre au statut
de«paysprochedel’Arctique »et s’avère bien
trop entreprenant dans cette région comme
ailleurs :«Voulons-nous que l’océan Arctique
se transforme en une nouvelle mer de Chine
méridionale,faite de militarisation et de
revendications territoriales concurrentes?»
«Nombre de participants ont étéchoqués par
ces critiques. Même si certains estimaient qu’il
disait tout haut ce que beaucoup pensaient tout
bas »,rapporte AlexandreTaithe. Leur stupeur
ne fut pas moins grande quand, trois mois plus
tard, DonaldTrump proposait au Danemark de
racheter le Groenland, ce territoire autonome

grand comme quatre fois laFrance maispeuplé
de seulement 56 000 habitants, gorgé de
minerais et de terres rares de plus en plus
convoités. Lapidaire, la réaction du Danemark
n’alaissé aucune margeàlanégociation...
Libres de prendre leur indépendance quand
ils s’estimeront prêts(sans doute pasavant
plusieurs années), les Groenlandais ont compris
qu’elle se déroulerait forcément sous le
parapluie de l’oncle Sam... D’ailleurs, le consulat
américainàNuuk, fermé depuis plus de
cinquante ans, est sur lepoint de rouvrir.
«Les États-Unis n’ont clairement pas l’intention
de laisser ce territoire, stratégique d’un point de
vue militairecomme économique, leur échapper »
souligne Marc Lanteigne, coauteur d’un récent
manuel sur la sécurité en Arctique.

UN TABOU:LASÉCURITÉ MILITAIRE
Toutes ces tensionspourraient logiquement
trouver leur résolutionau seinduConseilde
l’Arctique, cette instanceintergouvernementale
crééeen1996 par les huit pays arctiques,àla
faveur dela perestroïka(voir encadrép. 24).
«Onl’a unpeu oublié, mais ce sontlesRusses
qui sontàl’originede cette structure, sagenèse
remontantau fameuxdiscoursdeGorbatchevà
Mourmansk en 1987qui n’étaitautre qu’un
appelàl’aideàsesvoisins pourl’aideràen

Le traitéinternational quiaaccordéàla Norvège
la souverainetédecet archipel–dont l’île du
Spitzbergabritelaplusgranderéservemondiale
de semences –enéchange d’un droit
d’exploitation desressourcesàtous ses
signataires,fêteses 100 ans dans un climattendu.
Le ministredes Affaires étrangères russe,Sergueï
Lavrov,aenvoyédébutfévrier une lettreàson
homologue norvégienne, Ine EriksenSoreide,lui
reprochant de limiter l’utilisation deshélicoptères,
de créerdes zonesdelimitation depêche et
d’étendreles zonesnaturellesprotégées :autant
de coupsdecanif selon lui au traitéde1920.
Depuis lesannées 1930,laRussieexploitele
charbon duSvalbardetcompteencore
aujourd’huiprèsde 300résidentssur lesplus
de 2000 querecense cetarchipel démilitarisé.
Près d’une vingtaine de nations ont en outre
desstations derecherche àNy-Alesund(dont
la France),même lesChinois ont envoyédes
scientifiquesàYellow RiverStation.Lessources
de tensionsvont de lapêche du crabedes neiges
aux thèmesdes projetsderecherche, en passant
par le statut desrésidents... Une nouvelle
conférencesur leSvalbardaura-t-elle lieu?

LE ROMAN DU SVALBARD


Vueducamp
d’EastGrip,projet
international
lancéen2 015
qui entendforer
la calotteglaciaire
au nord-est
du Groenland.
Sonbut :étudier
lescourants
glaciaires
et leur impact
sur le climat.
Extrait de la série
«Afrozenhistory
of climate
change»d’Anna
Filipova.

ANNA


FILI


POVA

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