Libération - 06.03.2020

(vip2019) #1

2 u http://www.liberation.fr f facebook.com/liberation t @libe Libération Vendredi 6 Mars 2020


de l’Elysée. Panique à bord? Dès mercredi,
la petite musique du «il semble peu probable
malheureusement» que la France y échappe
et «nous nous préparons activement» est
montée d’une octave par la voix de la porte-
parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye.
«On se prépare», nous assure, à son tour, le
ministre de la Santé, Olivier Véran (lire ci-
contre). Jeudi, l’exécutif a soigneusement
envoyé ce signal : nous sommes à la tâche.

«PAS DE VENT DE PANIQUE»
Cela commence par éviter de commettre
tout impair dans la communication de crise.
«Il faut jouer la carte de la transparence,
insiste le conseiller d’un ministre au cœur du
dispositif. En temps de crise, c’est un élément
phare de la gestion.» Et dans ce domaine,
Emmanuel Macron s’efforce de démontrer
qu’il est aux commandes : visite des person-
nels hospitaliers, conseils de défense consa-
crés à la lutte contre l’épidémie... Jeudi, il a
ouvert les portes de l’Elysée à plusieurs «ac-
teurs de la recherche publique et privée enga-
gés dans la lutte contre le Covid-19». «Nous
sommes réunis [...] d’abord pour essayer de

«I


l y a un moment où [...] une épidémie
est de toute façon inexorable.»
Parole du chef de l’Etat jeudi, alors
que le nombre de cas de coronavirus enfle
chaque jour. On compte 423 cas positifs
confirmés depuis début janvier (138 nou-
veaux cas jeudi, soit la plus forte hausse de-
puis l’arrivée du Covid-19 dans le pays).
Sept personnes sont décédées. Les
deux dernières victimes sont une personne
de 73 ans originaire de l’Oise et une autre de
64 ans, de l’Aisne. La liste des territoires
touchés s’allonge (Guyane, Corse, Haut-
Rhin...). Toutes les régions de métropole
sont touchées.
Les faits sont là : la France est désormais l’un
des principaux foyers du nouveau virus en
Europe, avec l’Allemagne et l’Italie (la plus
touchée). Et se rapproche inéluctablement
du cap du stade 3, celui de l’épidémie, avec
un virus qui circule et devient transmissible
sur l’ensemble du territoire : dans «une ou
deux semaines maximum», selon un expert

Par LILIAN ALEMAGNA
et CATHERINE MALLAVAL

ÉDITORIAL


Par
ALEXANDRA
SCHWARTZBROD

Bienfaits


Cette épidémie de corona-
virus est une véritable
catastrophe sanitaire et
économique. Et d’autant
plus angoissante que l’on
n’en voit pas la fin. Impos-
sible de savoir avec certi-
tude si l’arrivée des beaux
jours, avec la hausse des
températures, parviendra
à enrayer la spirale haus-
sière des contaminations.
Impossible de savoir non
plus si le virus ne va pas
muter, perspective haute-
ment anxiogène. L’inquié-
tude de la population est
donc légitime, tout comme
le branle-bas de combat
des pouvoirs publics. Mal-
gré tout, si le Covid-19 finit
par être terrassé, et on ne
peut guère imaginer qu’il
en soit autrement, cette
crise aura quand même
eu des aspects positifs.
Oui, oui, vous avez bien lu :
positifs. Depuis combien
de temps le personnel hos-
pitalier lançait-il des
appels au secours désespé-
rés, réclamant davantage


de moyens pour mener
à bien sa mission? Sans
obtenir de réactions du
gouvernement, ou alors
a minima? Des mois, voire
des années. Aujourd’hui,
l’hôpital est en première
ligne, il prouve jour après
jour ce que des personnels
dévoués et professionnels
sont capables de faire en
période de crise. Démon-
trant ainsi à quel point
il est crucial de renforcer
cet outil clé dans la bonne
marche de la société. Idem
pour les vaccins. Il était de-
venu de bon ton de se dire

anti-vaccins, anti-recher-
che médicale, mieux valait
s’en remettre aux bienfaits
des plantes. Ceux-ci sont
incommensurables, nous
sommes d’accord, mais si
un vaccin est un jour mis
au point contre le Covid-
ou un virus connexe,
plante ou pas plante, ce
sera la ruée! Et le savon
dans les toilettes des éco-
les? Qui s’en souciait avant
le coronavirus? Il a suffi de
quelques alertes pour que
les distributeurs soient à
nouveau remplis. Et l’on ne
parle même pas du rôle po-
sitif joué par les réseaux so-
ciaux dans la collaboration
entre scientifiques (lire
page 26), ni même de la né-
cessaire réflexion à enta-
mer très vite sur bienfaits
et méfaits de la mondiali-
sation. En chamboulant
nos pratiques quotidien-
nes, individuelles et collec-
tives, ce virus révèle ce que
nous avons de pire (la peur
de l’autre) mais aussi, heu-
reusement, de meilleur.•

ÉVÉNEMENT


RÉCIT


Covid-


La France


ne se voile plus


la phase


Avec 138 nouveaux cas jeudi, on compte


désormais 423 contaminations et 7 morts


sur le territoire. Toutes les régions


métropolitaines sont touchées et les


autorités se préparent à passer en phase 3


dans une à deux semaines.

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