Les Echos - 06.03.2020

(sharon) #1

Les Echos Vendredi 6 et samedi 7 mars 2020 ENTREPRISES// 21


mécénat


Martine Robert
@martiRD

Ils sont tolérants car passionnés,
les mécènes de l’Opéra de Paris.
Pourtant, ils auraient de quoi
être découragés par les multi-
ples grèves contre la réforme des
retraites : celles-ci ont fait partir
en fumée l’équivalent d’une
année de dons.
L’Association pour le rayon-
nement de l’Opéra de Paris
(Arop) a collecté 17,4 millions
d’euros de mécénat en 2019. Et
même 23,7 millions d’euros si
l’on inclut les places et program-
mes achetés, les espaces loués et
les frais techniques payés, le
mécénat de compétences...
Un résultat spectaculaire, qui
n’a rien à envier aux levées de
fonds à l’américaine. On le doit à
l’engagement des grands
patrons qui se sont succédé à
la présidence de l’association

depuis quarante ans (Jérôme
Seydoux, Michel David-Weill,
Claude Janssen, Henry Raca-
mier, Léon Cligman, Jean-Louis
Beffa et, actuellement, Jean-
Laurent Bonnafé), mais aussi à
celui de son directeur depuis
vingt-cinq ans Jean-Yves Kaced,
entouré de 35 collaborateurs.
Tous ont contribué à ce que
l’Arop compte aujourd’hui près
de 4.500 membres.
Lors du gala des 40 ans de
l’association le 27 février au
palais Garnier – avec, au menu,
un récital de grands solistes
accompagnés par le chœur et
l’orchestre de l’Opéra de Paris,
un dîner chic et un bal jazz –, le
maître des lieux, Stéphane Lis-
sner, n’a pas ménagé ses remer-
ciements : « 18 millions de fonds
privés équivalant à 40 % de notre
budget de production. L’Arop
s’est toujours trouvée au rendez-
vous de nos grands projets. »

Accueil des jeunes
Et d’énumérer : les nouvelles
productions, l’accueil réservé
aux jeunes avec des avant-pre-
mières dédiées et des places à
10 euros, l’opération familiale
«Ma première fois à l’Opéra», la
création de l’Académie, le lance-
ment de la 3e Scène (digitale)...
« Sans l’Arop, nous n’aurions pu
aller aussi loin dans l’innovation,

le rayonnement international,
l’ouverture à d’autres publics »,
s’est-il félicité.
Comme l’a rappelé Jean-Lau-
rent Bonnafé, par a illeurs
patron de BNP Paribas, « l’Arop
est l’une des plus importantes
associations de mécènes dans
l’opéra et la danse ». Si l’Opéra de
Paris entretient son répertoire,
le mécénat finance la création.
Demain, l’Arop relèvera d’autres
défis comme le chantier de la
salle modulable ou l’accompa-
gnement des danseurs au long
de leur carrière...

Tourner la page
des grèves
Car la reconversion profession-
nelle des ballerines après 42 ans,
est un sujet sur lequel l’Arop
peut être utile. « La concentra-
tion, la discipline, la patience, le
sens de la perfection dont font
preuve ces artistes sont autant de
qualités et valeurs intéressantes
pour entreprendre à terme
d’autres projets professionnels »,
confie Jean-Laurent Bonnafé
aux « Echos ».
Il veut aider l’Opéra de Paris à
repartir le plus vite possible
après ces annulations de specta-
cles en série pour cause de grève,
qui l’ont éloigné de son public.
« Il faudra mobiliser fortement
les mécènes. Tout le monde a

envie que la page se tourne, de la
meilleure façon possible, et pour
tous », poursuit-il.
La force de l’Arop est la diver-
sité de ses propositions qui per-
met à chaque donateur de trou-
ver sa cause à défendre : une
classe de petits violons dans une
école difficile, la restauration de
la Ceinture de lumière du palais
Garnier ou de ses loges, une
tournée du Ballet à l’étranger...
Ainsi l’Académie de l’Opéra a pu
s’élargir aux j eunes artisans d’art
grâce à la Fondation Betten-
court tandis que le programme
« Dix mois d’école et d’opéra » a
d’emblée séduit les fondations
Total et Engie.
L’association s’est d’ailleurs
dotée de tous les moyens pour
récolter de l’argent, lançant une
fondation, un fonds de dotation,
des cercles pour la musique fran-
çaise (Berlioz), le Ballet (Noverre),
l’Académie, la 3 e Scène ... Une
panoplie de nature à attirer socié-
tés et particuliers, grands dona-
teurs et amis, jeunes adhérents et
futurs testateurs, français ou
étrangers...
Le moins que l’on puisse dire
est que l’Arop ne chôme pas. Lors
de la saison passée, elle a orga-
nisé pas moins de 6 événements
en moyenne par semaine!
Objectif : convertir chaque
spectateur en donateur...n

Gala des 40 ans de l’Association pour le rayonnement
de l’Opéra de Paris le 27 février dernier au Palais Garnier.

INNOVATION


L’association compte
4.500 mécènes, particuliers
ou entreprises. Elle n’a cessé
de soutenir la création
et l’innovation, contribuant
pour 40 % au budget de
production de l’institution.

L’A rop œuvre depuis


40 ans au rayonnement


de l’Opéra de Paris


Marie-Josée Cougard
@CougardMarie


Orangina Schweppes, propriété du
géant familial japonais Suntory
(20 milliards d’euros de chiffre
d’affaires) depuis 2009, profite du
déclin des colas en France pour
affirmer sa différence et lancer des
boissons qui se veulent de plus en
plus naturelles.
« Les colas font face à une décrois-
sance structurelle avec la perte de
266 millions de litres sur six ans.
L’heure est désormais à la simplicité,
la transparence et la diversité avec
des boissons moins sucrées, simples,
transparentes et toujours plus natu-
relles »,
dit le groupe.
Les consommateurs boudent
certains produits parce qu’ils ne les
jugent pas assez sains. Les chiffres
du marché, qui a reculé de -2,2 % en
volume en 2019 et gagné +3,2 % en
valeur reflètent cette tendance. On
achète moins mais de meilleure
qualité. L’encadrement des promo-
tions imposé par la loi sur l’alimen-
tation a également pesé sur


BOISSONS


Le groupe japonais
creuse le sillon du
naturel et du bien-être
en lançant sa première
gamme de boissons
bio 70 % moins sucrée
que la moyenne
du marché.


Orangina Schweppes
revoit l’ensemble de
ses recettes dans cette
direction, et « verdit »
ses emballages.


et Volfoni. « L’objectif est d’accélérer le
développement en franchise autour de
marques complémentaires. Nous vou-
lons proposer aux entrepreneurs de
diversifier leur activité dans un même
périmètre géographique », souligne
Cédric Lacout, directeur général de
Bertrand Expansion. Une solution
alternative à l’ouverture d’un seul
concept dans des villes éloignées
pour que les restaurants ne se canni-
balisent pas entre eux, ce qui compli-
que la gestion quotidienne.
Le groupe cherche à séduire de
futurs patrons de PME susceptibles
d’avoir une centaine de salariés et
qui, sinon, auraient plutôt investi
dans l’hôtellerie ou la distribution.
Et à fidéliser ses franchisés actuels
qui auraient pu être tentés d’aller
chercher ailleurs des possibilités
d’expansion. D’ores et déjà, quatre
candidatures, avec en moyenne
deux enseignes chacune, ont été
acceptées.
Tandis qu’au global, de 35 à 40
ouvertures concernant les quatre
griffes sont programmées par an,
voire, à terme, 50. « Chaque marque
contribuera en fonction du niveau
d’évolution où elle se situe », remar-

Clotilde Briard
@ClotildeBriard


Quand on a des marques fortes et un
portefeuille large, il serait dommage
de ne pas capitaliser dessus. Groupe
Bertrand veut donc passer à la vitesse
supérieure en incitant les franchisés,
actuels ou à venir, à développer plu-
sieurs enseignes dans une même
zone. L e numéro d eux de la restaura-
tion en France lance ainsi Bertrand
Franchise, un guichet unique pour
les candidats à l’ouverture d’établis-
sements sous les noms d’Hippopota-
mus, Léon de Bruxelles, Au Bureau


RESTAURATION


Le numéro deux de la
restauration crée un
guichet unique d’en-
trée pour les candidats
à l’ouverture d’établis-
sements liés à quatre
de ses marques,
Hippopotamus,
Léon de Bruxelles,
Au Bureau et Volfoni.


Le gin haut de gamme a le vent en poupe
dans le monde. C’est le segment du
marché des alcools qui va croître le plus
(+13,3 % par an d’ici à 2023, contre +2,9 %
pour les scotchs et 5 % pour les rhums).
Pernod Ricard, qui en a fait une de ses
priorités, vient de prendre une participa-
tion
« significative » mais non majoritaire
dans le gin japonais haut de gamme


chise, ayant réalisé chacun en
moyenne un chiffre d’affaires de
1,9 million d’euros en 2019 contre
1,8 million en 2018. Il prévoit une
vingtaine d’ouvertures cette année.
Marque du Groupe Flo un peu
mal en point lors du rachat de ce der-
nier en 2017 par Groupe Bertrand,
Hippopotamus a repris, de son côté,
des couleurs. Il dispose de 120 res-
taurants dont 60 en franchise pour
un chiffre d’affaires total de 206 mil-
lions d’euros. Son nouveau concept
de steakhouse à la française vient
d’intégrer son 36e site et continue à
se déployer. Lorsqu’il s’agit de réno-
vation, les progressions s’affichent à
deux chiffres.
Léon de Bruxelles, nouveau venu
dans le portefeuille de Groupe Ber-
trand qui en est propriétaire depuis
décembre dernier, avait jusqu’à pré-
sent une culture de restaurants en
propre avec seulement 13 franchises
sur 80 établissements réalisant
125 millions d’euros de ventes. La
donne va donc changer. Et un nou-
veau concept doit arriver dès avril.
L’objectif pour cette enseigne à la
clientèle fidèle est de l’élargir et de la
rajeunir.n

améliorer la composition de ses
boissons.
Longtemps réticent à l’alumi-
nium, le groupe dit avoir
« changé de regard depuis
l’entrée en vigueur de la
loi sur l’économie circu-
laire ». Il développera
la consigne du verre et
la récupération des
canettes sur le thème
du « métal recyclable à
l’infini ». « Le gros chal-
lenge est le plastique »,
dit Héloïse Tarraud, res-
ponsable RSE. Le PET
recyclé présent à 20 %
dans les bouteilles pas-
sera à 50 %. « En 2030
notre objectif est de ne
plus du tout utiliser de
plastique vierge non recy-
clable issu du pétrole. » Il
sera sur dix ans rem-
placé par le PET recyclé,
ou recyclé enzymatique
ou encore par du plasti-
que végétal.
Orangina Schweppes,
qui a quatre usines en
France, a réalisé un chif-
fre d’affaires de 908 mil-
lions d’euros en 2019, en
baisse de 2 %. Le groupe,
qui vendait 26 % de ses
boissons en promotion,
a pâti de la mise en
œuvre de la loi sur l’ali-
mentation. Les promo-
tions ne représentent
plus que 21 % de son chif-
fre d’affaires.n

Orangina Suntory se met au bio


avec les eaux de thé MayTea


Groupe Bertrand se lance


dans la franchise multi-enseignes


Lancées sous la marque
MayTea, les eaux de thé ont
70 % de sucre de moins que la
moyenne des boissons sur le
marché. Pho to Orangina

Pernod Ricard va construire sa deuxième


distillerie en Asie


artisanal KI NO BI lancé en 2014.
L’objectif pour les fondateurs est
de bâtir une nouvelle distillerie dans
la région de Kyoto, afin de « faire face
à la demande ». Pour le groupe
français ce sera la deuxième en Asie.
La première, à 100 % propriété de
Pernod Ricard, sortira de terre en 2021.
C’est une distillerie de whisky.

les ventes en volume. Orangina
Schweppes revendique une part de
marché de 34 % (hors colas), tou-
jours leader à 43 % des ventes.
Afin de répondre aux attentes,
le père de la petite bouteille ronde
se met au bio. Il lance « les eaux de
thé » sous la marque MayTea,
créée en 2016 et leader du seg-
ment. Composées comme May-
Tea à 85 % de feuilles de thé infu-
sées, sans conservateurs ni
colorants ou arômes artificiels, et
sans édulcorants, les eaux de thé
ont 70 % de sucre de moins que la
moyenne des boissons sur le mar-
ché. Contre 50 % de moins pour
les autres produits MayTea. Elles
seront en rayon en mai au prix de
1,99 euro le litre.

Retour de l’aluminium
Le groupe proposera deux nouvel-
les recettes d’Oasis, qui se veulent
composées à 100 % d’ingrédients
naturels et moins sucrées (-30 %
par rapport à 2006). Sa marque la
plus vendue, Oasis Tropical, a été
revue dans ce sens en 2019. O’Ver-
ger, composée de fruits (46 %) et
d’eau de source, enrichit sa gamme
d’un pomme-ananas-passion.

Orangina, à force d’être
« secoué » va même perdre l’ordre
de ses lettres pour s’appeler Ora-
grina pendant quelques mois le
temps d’une édition limitée. Pulco
aura sa canette 33 cl. Orangina
Schweppes investit chaque année
5,5 millions d’euros en R & D pour

Le groupe
va développer
la consigne du verre
et la récupération
des canettes.

Martine Robert

que Christelle Grisoni, directrice
générale de Bertrand Restauration
et Groupe Flo.

Jouer la complémentarité
Po ur séduire les entrepreneurs,
Groupe Bertrand table sur la diver-
sité des propositions avec une ensei-
gne dédiée à la viande, Hippopota-
mus, une autre aux produits de la
mer, Léon de Bruxelles, la troisième
jouant les pubs-brasseries dans
l’esprit anglo-saxon, Au Bureau, et la
dernière, misant sur la carte ita-
lienne, Volfoni.
Au Bureau compte aujourd’hui
145 restaurants, dont 130 en fran-

Le groupe cherche
à séduire de futurs
patrons de PME
susceptibles d’avoir
une centaine de
salariés et qui, sinon,
auraient plutôt investi
dans l’hôtellerie
ou la distribution.
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