Les Echos - 06.03.2020

(sharon) #1
ce que réclamaient les groupes de
presse qui, en fin d’année passée,
avaient déposé des plaintes contre
le géant américain pour abus de
position dominante et dépendance
économique, après son refus
d’appliquer une nouvelle loi instau-
rant un droit voisin pour la presse.
Ils ont aussi obtenu gain de cause
pour que la négociation soit limitée
à une durée entre trois et six mois
pour que Google ne soit pas tenté d e
la faire traîner en longueur.
« 100 % des questions posées par
l’Autorité l’ont été à Google »,
raconte une source ayant assisté
aux échanges qui ont duré plus de
trois heures et demie. Générale-
ment, l’avis des enquêteurs de
l’Autorité est suivi par l’institution
dans sa décision finale, qui pourrait
intervenir « dans quelques jours »,
a-t-il été dit lors de la séance.

8 milliards de visites
Po ur ne pas tomber dans le champ
de la loi, Google avait proposé aux
éditeurs, soit de renoncer au paie-
ment, soit d’enlever les courts
extraits de leurs articles en ligne et
les illustrations. Ce que ceux-ci ont
qualifié de « non-choix », estimant
que le second cas revenait à dégra-
der la présentation des contenus
aux internautes, donc l’audience,
donc la publicité potentielle qu’ils
peuvent en retirer...
Lors de la séance, les défenseurs
des groupes de presse ont exposé,
démonstration à l’appui, que Goo-
gle assurait 50 % de l’audience des
éditeurs de presse, et que de telles
pratiques, alors même que la presse
est en difficulté, constituaient un
abus de position dominante.
« La loi n’impose pas une rémuné-
ration pour l’affichage de liens, et les

Fabienne Schmitt
@FabienneSchmitt


Les éditeurs de presse peuvent
pousser un « ouf » de soulagement.
Jeudi, ils ont remporté une pre-
mière manche dans leur combat
pour obtenir une rémunération de
Google pour l’indexation de leurs
articles. Selon nos informations,
lors d’une séance à l’Autorité de la
concurrence, les services d’instruc-
tion de l’institution ont considéré
qu’il ne pouvait être exclu que Goo-
gle ait abusé de sa position domi-
nante vis-à-vis d’eux.
Ceux-ci ont ainsi suggéré au col-
lège de l’Autorité d’adopter des
mesures conservatoires en vue
d’enjoindre Google « d’entrer en
négociation de bonne foi
» avec les
éditeurs de presse pour la formula-
tion « d’une offre juste et équilibrée »
de reprise de leurs contenus, selon
une source proche du dossier. C’est


PRESSE


Une séance s’est tenue
jeudi à l’Autorité
de la concurrence dans
le cadre du différend
opposant le géant
américain et les
journaux français.


Ces derniers récla-
ment une rémunéra-
tion pour l’indexation
de leurs articles dans
son moteur de recher-
che, conformément
à une loi votée l’an
dernier.


Droits voisins : les éditeurs de presse


marquent un point face à Google


éditeurs de presse européens tirent
déjà une valeur significative des
8 milliards de visites qu’ils reçoivent
chaque mois des internautes qui font
des requêtes sur Google », plaide de
son côté le géant américain.
Dans leur combat, les éditeurs de
presse avaient reçu le soutien
d’Emmanuel Macron et un front
européen s’était dessiné contre Goo-
gle ces derniers mois.

A la surprise générale, le géant
américain avait fini par revenir vers
les éditeurs de presse, mi-janvier, et
leur avait proposé de rémunérer
leurs contenus, avait révélé le « Wall
Street Journal ».

Des échanges
mais pas de négociation
Mais sa proposition ne concernant
que certains éditeurs, « Le

Monde », « Le Figaro », « Les
Echos »... etc., ceux-ci l’avaient
refusé. « Nous voulons un journa-
lisme de qualité, c’est important
pour la démocratie et cela contribue
à soutenir l’industrie de l’informa-
tion , assure jeudi Google aux
« Echos ». Nous discutons avec des
partenaires et recherchons les
moyens d’élargir nos travaux en
cours avec les éditeurs en nous

appuyant sur nos programmes tels
que Google Actualités. » Pour leur
part, les éditeurs regrettent
qu’aucune proposition susceptible
d’entrer dans un cadre respectant
la loi ne soit faite par Google.
Un tel espoir pour eux ne serait
manifestement autorisé q u’après la
décision finale de l’Autorité de la
concurrence. Si tant est qu’e lle soit
positive pour eux...n

Pour ne pas tomber dans le champ de la loi, Google avait proposé aux éditeurs, soit de renoncer au paiement, soit d’enlever les courts
extraits de leurs articles en ligne et les illustrations. Un « non-choix », selon les éditeurs. Photo Charles Platiau/Reuters

COMMUNIQUÉ
OBSERV ATOIRETHÉMISBANQUE/EIGHTADVISORY

Défaillanc esd’entreprises :unelégèr eprogressio nenatt endant leCovid-19


*L’observatoireprend uniquementencomptelesentreprisesdontlechiffred’affairesestsupérieurà1milliond’euros.

ÉVOLUTION
ENTRE2018
ET2019.

NOMBRED’OUVERTURESDEPROCÉDURESCOLLECTIVES*

Ouverturesdesprocédures
(RJ- S auvegarde)-Totalde srégions^20152016201720182019 T32019 T42019

EntreprisesavecunCA>20M€ 59 57 59 58 75 19 18

EntreprisesavecunCA>15M€et<20M€ 108 81 73 82 104 27 28

EntreprisesavecunCA>1M€ 1915 1582 1392 1415 1425 329387

«Avecuneprogressiondeseulement1%des
défaillances d’entreprises sur l’année 2019,
onpourraitpenserquetoutvabien,sou-
ligneBenoît Desteract, Directeur Général de
ThémisBanque.Mais depuis juillet 2019, on
note un evraie progression des défaillances
d’entreprises.Ellesaugmententpetitàpetit,
touslestrimestres,avecun eaccélérationen
janvier2020de+10%dedéfaillances.»

Xavier Bailly,associé du cabinet de conseil
opérationnel et financier Eight Advisory,
obser ve aussi cette tendance«sur des sec-
teurs dont onadéjà parlé, commeladistri-
bution, l’aéronautique, l’automobile et des
nouveaux,notamment celui de l’hôtelle-
rie-restauration,déjàtouchéaum omen tdes

grèvesàParis et enrégion Parisienne. Nous
sommes aujourd’hui dans unesuccession
de facteurs imprévisibles et incertains. Le
maître-mot est l’anticipation,insiste Xavier
Bailly.En cette période,notrequotidien est
d’essa yerd’évaluer les risques liés au Coro-
navirus.Nousnevo yonspa sencor ed’entre-
prise ayant basculé, pour autant, la bonne
gestionimposedeseposerlesbonnesques-
tions. Nous procédonsàdes analyses d’im-
pact sur le chiffred’affaires, larentabilité,
et le cash de l’entreprisequi est essentiel
afin d’ assurer le court-termeaum oment de
la cr ise et de disposer de suffisamment de
temp spourgérerlemoye netlong-terme.»

Virginie Verfaillie-Tanguy,présidente de

l’ARE-L’AssociationpourleRetournement
des Entreprises-confirm eque la promo-
tiondel’anticipationestaucœurdelamis-
sion de l’association.«L’ARE regroupe des
professionnels,quej’aicoutumed’appeler
des urgentistes ou desmédecins des en-
treprises, qui sont des auditeurs,avocats,
managers de transition, administrateurs ju-
diciaires... Nousavons àlaf ois un rôl epol i-
tique-noust ravaillonsencemome ntsurla
transpositiondeladirectiveeuropéennesur
l’harmonisation du traitement des créan-
ciers-etunrôleessentieldanslapromotion
desbonnespratiqueseninformantleschefs
d’entreprisesdesmodalitésdepréventionet
en les alertant sur lanécessité d’anticiper »,
précise-t-elle.

+1%
AU NIVEAU
NATIONAL

HAUTS-
DE-FRANCE
-3%

GRAND EST
-15%

ÎLE-DE-FRANCE
-9%

CENTRE-
VALDELOIRE
-27%

PAYS DELA LOIRE
+13%

BRETAGNE
+3%

AUVERGNE -
RHÔNE-ALPES
+21%

NOUVELLE-
AQUITAINE
-5%

PACA
+5%

OCCITANIE
+21%

BOURGOGNE-
FRANCHE-COMTÉ
+32%

NORMANDIE
-26%

HIGH-TECH & MEDIAS


Les Echos Vendredi 6 et samedi 7 mars 2020

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