Les Echos - 06.03.2020

(sharon) #1
mouvement est déjà lancé aux Etats-
Unis depuis 2013, mais il va s’accélé-
rer en 202 0. Nous allons entrer dans
une phase de croissance de l’activité
M&A. »
Selon Clipperton, auteur d’une
étude consacrée aux DNVB, mal-
gré un ralentissement des investis-
sements à l’échelle mondiale
(1,63 milliard en 2019 contre
3,3 milliards en 2018), ce type
d’entreprises est toujours très
attractif. On y observe le même
phénomène que pour les sociétés
tech avec des tours de table moins
nombreux, mais de plus en plus
importants pour les heureuses
élues. Depuis 2015, l’étude note que
17 opérations ont excédé l es
100 millions de dollars. « Malgré la
relative chute des investissements
avec laquelle il faut être prudent,
nous ne sommes pas dans une bulle,
assure Stéphane Valorge. Les fon-
damentaux sont bons et ce que les
DNVB réalisent reste complexe.
Faire un produit, le marketer, le dis-
tribuer et dialoguer avec le client
peut être un modèle très rentable s’il
est bien exécuté. »

Des fonds français
en première ligne
C’est bien la particularité de ce
« tout-en-un » qui attire autant les
fonds. D’ailleurs, la part de finance-
ment des DNVB sur le segment des
entreprises de biens de consomma-
tion sur Internet est en constante
hausse d epuis 2013. En Europe et en
2018, elles comptent pour 25,8 % du
volume investi, contre 5,9 % cinq
ans plus tôt. Et 20 % de ces biens de
consommation n’ont pas encore été

indispensable p our leurs financiers
tricolores. Car, à l’échelle euro-
péenne, on trouve s ix fonds hexago-
naux parmi les 14 structures les
plus actives. Eutopia est le premier
d’entre eux, avec 57 % de son porte-
feuille consacré aux DNVB, mais on
trouve aussi Alven, Experienced
Capital, Kima Ventures, 360 Capital
Partners et Partech.

Le doute après
l’hypercroissance
A eux six, i ls regroupent les pépites
les plus en vue de ce modèle : Feed
et ses repas complets en poudre,
Joone et ses couches santé, Polène

et sa haute maroquinerie ou Typo-
logy et ses produits cosmétiques.
Mais attention, c e ne sont pas f or-
cément les entreprises les plus sou-
tenues d’un point de vue financier
qui génèrent le plus r apidement des
revenus. Un modèle propre aux
DNVB, où Casper a, par exemple,
atteint l es 4 00 millions de dollars de
chiffre d’affaires annuel avec seule-
ment 4 00 millions levés. E n compa-
raison, il aura fallu plus de 1,5 mil-
liard à Deliveroo pour s’approcher
de ce résultat. Cette hypercrois-
sance est caractéristique de ce type
d’entreprise lorsqu’elle réussit à
trouver son marché.

Pourtant, une fois cette marche
gravie, le plus dur reste à venir,
estime Stéphane Valorge : « Après
avoir utilisé leur communauté
pour grandir, elles doivent conqué-
rir de nouveaux clients, et c’est à ce
moment que l’équation économi-
que peut devenir compliquée. » A
moins que ce soit le moment
choisi par de grands groupes éta-
blis pour mener des acquisitions
tactiques et peu coûteuses,
comme dans le cas de FoodChéri
repris par Sodexo et de Quitoque
par Carrefour. Un exemple qui
devrait se reproduire davantage
en 2020.n

Guillaume Bregeras
@gbregeras


Le coup n’est pas passé loin. En
revoyant son introduction au
NYSE largement à la baisse début
février, Casper a fait transpirer
tous les investisseurs des DNVB
(digital native vertical brand) à tra-
vers le monde. Les doutes sur la
rentabilité du modèle du vendeur
américain de matelas ont été mis
au jour par des analystes déjà
échaudés par les WeWork, Uber et
Lyft. Si la plupart de ces marques,
dont l’originalité a été de se cons-
truire sur Internet, sont encore
loin de concrétiser leur parcours
par une IPO, de plus en plus d’entre
elles s’e n rapprochent ou attirent le
regard prédateur des grands grou-
pes, note Stéphane Valorge, direc-
teur général de Clipperton : « Le


INTERNET


Après un léger recul
des investissements
à l’échelle mondiale
dans ces entreprises
nées sur Internet, une
phase de consolidation
serait imminente.


Introductions
en Bourse, rachats,
les sorties devraient
s’accélérer en 2020
et au-delà, selon une
étude menée par
Clipperton.


Les marques


nées sur Internet


entrent dans


une nouvelle ère


En revoyant son introduction au NYSE largement à la baisse début février, Casper a fait transpirer
tous les investisseurs des DNVB à travers le monde. Photo Richard B. Levine/Newscom/Sipa

LEGALTECH


Le service de recouvre-
ment de créances
B to B vient de lever
1 million d’euros pour
accompagner
100.000 clients d’ici
à la fin de l’année.


retard de paiement est signalé
publiquement via une indexation
sur Google. De quoi évidemment
casser la réputation de l’entreprise
récalcitrante. A condition toutefois
que Rubypayeur soit correctement
référencé sur le moteur de recher-
che afin que la société ciblée appa-
raisse en première page.
Pour travailler sa visibilité, la
jeune pousse peut désormais comp-
ter sur Andréa Bensaid, fondateur
de l’agence Eskimoz, leader du réfé-
rencement naturel qui a levé en
février dernier 17 millions d’euros.
Le dirigeant fait partie des investis-
seurs qui viennent d’entrer au capi-
tal de la legaltech à l’occasion d’un
tour de table de 1 million d’euros.
AngelSquare, communauté de
business angels experts de l’amor-
çage, le « family office » Caméléon
Invest et d’autres investisseurs pri-
vés participent également à cette
première levée de fonds.

75 % de succès en phase
amiable
L’appro che de signalement des
retards de paiement démarque
Rubypayeur des services de recou-
vrement digitaux existants (Legals-
tart, GCollect, Recouvr’up...). Et elle
serait particulièrement efficace,
avec un taux de succès en phase
amiable de 75 %. « En un an, la barre
des 1.000 clients actifs a été dépassée,
indique Alexandre Bardin. La
créance moyenne est d e 5.000 euros. »
En pleine croissance, la start-up se
rémunère au succès en prélevant

5 % sur les sommes récupérées. Un
taux trois à quatre fois moins élevé
que ceux pratiqués par les acteurs
traditionnels et qui rend possible
l’accès au service à des TPE pour des
créances inférieures à
1.000,00 euros.
Un modèle innovant mais sim-
ple, des premiers résultats promet-
teurs et un potentiel de marché
élevé, avec seulement 2 milliards
recouvrés sur 56 milliards d’euros
d’impayés par an... C’est ce qui a
conduit les investisseurs à soutenir
Rubypayeur. La jeune pousse de
cinq personnes va pouvoir étoffer
son équipe et intensifier ses efforts
commerciaux. Sa stratégie d’acqui-
sition repose en grande partie sur
l’affiliation.
Trois familles d’acteurs partenai-
res sont visées : des cabinets
d’expertise comptable qui ont la
possibilité d’intégrer dans l eur offre
le recouvrement de créances, des
sites juridiques (LegaLife, Rocket
Lawyer...) et des logiciels de factu-
ration (Portail Auto-Entrepreneur).
« La moitié de notre volume d’affai-
res provient de ces partenaires, qui
sont pour le moment plusieurs dizai-
nes », précise Alexandre Bardin.
La start-up a également conclu un
accord avec Creditsafe, groupe mon-
dial d’information commerciale et
financière. Ses clients peuvent ainsi
avoir accès à des rapports de solvabi-
lité pour un prix accessible (8 euros
HT par entreprise étudiée). D’ici un
an, Rubypayeur espère toucher
100.000 utilisateurs actifs.n

Rubypayeur intensifie ses efforts


commerciaux en 2020


Bruno Askenazi


Et si le « name and shame » était la
solution pour faire pression sur les
mauvais payeurs et les inciter à
régulariser l a situation en évitant de
recourir a ux tribunaux? La
méthode est au cœur de Ruby-
payeur, une legaltech lancée par
Alexandre Bardin en janvier 2019.
Si à l’issue d e la procédure de recou-
vrement amiable, le débiteur n’est
toujours pas décidé à payer, le


« En un an, la barre
des 1.000 clients
actifs a été
dépassée.La
créance moyenne
est de
5.000 euros. »
ALEXANDRE BARDIN
Fondateur et PDG
de Rubypayeur

Les chiffres clés


101

DNVB EN FRANCE
La France est l’un des pre-
miers pays dans le monde
à générer ce type d’entrepri-
ses. Elles sont 87 au Royau-
me-Uni et 361 aux Etats-
Unis, selon Clipperton.

3 , 3

MILLIARDS DE DOLLARS
ont été investis dans les
DNVB en Europe et en Amé-
rique du Nord en 2018.
C’est l’année record.

42

OPÉRATIONS DE M&A
ont impliqué des DNVB, dont
quelques françaises, comme
Sézane ou Quitoque.

COVID-19

Entreprisesetorganisations:

commentanticiper?Quellessontvos

responsabilités?

Informationseti nscriptions:
http://www.lesechos-formation.fr/covid-19.htm
 0185583295
[email protected]

Conférence-liveleMardi24mars2020

attaqués, selon le banquier d’affai-
res : « Il faut regarder quels sont les
acteurs arrivés à maturité et quels
types de transaction financière cela
va engendrer... Des introductions en
Bourse, des rachats, mais aussi des
positions prises par les acteurs du
private equity. »
Cette nouvelle ère dans laquelle
entrent les D NVB, notamment f ran-
çaises, est une phase critique et

START-UP


Les Echos Vendredi 6 et samedi 7 mars 2020

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