Les Echos - 06.03.2020

(sharon) #1
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liards de dollars d’e ncours outre-
Atlantique et plus de 1.000 milliards
en Europe, ils sont devenus une
force incontournable des marchés
financiers. Leurs faibles coûts de
gestion et leur simplicité d’usage en
ont fait des produits favoris des
investisseurs, mais leur croissance
rapide durant une décennie de
hausse des marchés a également
soulevé des questions quant à leur
capacité à faire face sans encombre
à des épisodes de tensions élevées.

« Les ETF ont rempli
leur rôle »
« Les ETF ont rempli leur rôle » , se
félicite Antoine Lesné, stratégiste
chez SPDR. « Malgré des journées
très denses avec des volumes d’échan-
ges record, ils ont tenu leur promesse
d’offrir de la liquidité aux investis-
seurs » , insiste-t-il. De fait, les inves-
tisseurs tendent à faire davantage

appel aux ETF en période de forte
volatilité. Les volumes d’é changes
suivent ainsi l’évolution de l’indice
de volatilité des marchés financiers,
le VIX. Il faut dire que leur facilité
d’usage les rend i déaux p our mettre
en œuvre rapidement une nouvelle
allocation entre classes d’actifs, une
caractéristique particulièrement
appréciée des investisseurs en
période de stress. Alors que les
volumes ont augmenté de 43 % sur
le marché des dettes à haut rende-
ment la semaine passée, ils ont
bondi de 248 % sur les ETF suivant
cette classe d’actifs.

Aide à la détermination
des prix
Au -delà des volumes record de
parts de fonds indiciels cotés
échangées sur les marchés, les ETF
ont également connu des ventes
sèches, que ce soit sur les actions ou
les obligations à haut rendement.
Les ETF actions ont ainsi enregistré
des sorties nettes de 27 milliards de
dollars la semaine passée, alors que
les ETF sur le crédit européen et le
haut rendement américain ont affi-
ché des s orties de 1,8 milliard d e dol-
lars. Dans ces situations, des parts
de fonds sont détruites, ce qui signi-
fie que les actions ou dettes (le sous-
jacent) qui forment l’indice répli-
qué par l’ETF sont directement
cédées sur les marchés. Une
situation qui pourrait accentuer les
mouvements baissiers,
notamment sur des actifs peu liqui-
des comme la dette à haut rende-

ment, mais qui ne semble pas s’être
produite la semaine dernière.
« Les ETF ont aidé à la détermina-
tion des prix (price discovery) pour
certains actifs sous-jacents moins
liquides comme les obligations à
haut rendement » , estime ainsi
Arnaud Gihan, en charge de la
gamme iShares chez BlackRock.
« Durant les périodes de tension,
l’écart de valorisation entre les parts
d’ETF et les actifs sous-jacents
s’accroît, mais reste faible » , précise-
t-il. L’écart est resté proche des
niveaux atteints lors des derniers
épisodes de tensions sur les mar-
chés, notamment celui de fin 2018.
Cette différence de valorisation, qui
correspond au « coût de la liqui-
dité » acquitté par l’investisseur
pour se débarrasser sans délai de
ses titres, s’est par ailleurs résorbée
dès le début de semaine avec le
rebond éphémère de l’appétit pour
le risque.

4
À NOTER
Si les ETF actions ont
enregistré en net des sorties
importantes de 27 milliards
de dollars la semaine passée,
tous n’ont pas été délaissés
par les investisseurs.
Les ETF actions ESG ont,
quant à eux, continué
à attirer des capitaux, affichant
1,2 milliard de collecte
sur la période.

La crise teste la solidité du marché des ETF


Bastien Bouchaud
@BastienBouchaud


Les fonds indiciels cotés (ETF) ont
passé une nouvelle épreuve du feu
la semaine passée. Les i nvestisseurs
ont acheté et vendu des montants
record d’ETF, jusqu’à 128 milliards
de dollars en une seule journée,
vendredi dernier, p our l e plus grand
d’entre eux, le SPY de SPDR, qui
réplique l’indice a méricain
S&P 500. Avec plus de 4.400 mil-


Les fonds indiciels cotés ont
enregistré des volumes
d’échanges record la
semaine passée, sans
montrer de signe de
faiblesse particulier. De
quoi rassurer face à
l’emprise croissante de ces
produits sur les marchés
financiers.


ampleur? « C’est la question à un
million de dollars » , répond
l’experte. Les intérêts de Moscou
et de l’Opep ne sont pas totalement
alignés. La Russie est moins
dépendante du pétrole que les
pays du Golfe : elle équilibre ses
finances publiques dès que le
brent dépasse les 42 dollars,
quand l’Arabie saoudite est en
déficit sous la barre des 83 dollars.

Plus fort recul depuis 2008
Et les variations du rouble, qui
recule en même temps que les
cours du brut, atténuent la perte
de revenus d’exportation pour la
Russie. En conséquence, Moscou
rechigne à réduire la production,
d’autant que les grands pétroliers
du pays comme Rosneft militent
pour un relâchement de quotas.
La gravité de la crise sanitaire
pourrait toutefois pousser Mos-
cou à s’aligner sur ses alliés. La
demande mondiale devrait chuter
de 2,7 millions de barils p ar jour au
premier trimestre, prévoit Wood
Mackenzie (dont 2,3 millions en
Chine), le recul le plus sévère
depuis la crise de 2008. Face à cet
effondrement, l’offre mondiale,
elle, continue à progresser dans
les pays qui ne sont pas liés aux
quotas à l’Opep : Etats-Unis, Nor-
vège, Brésil... Et la situation pour-
rait encore s’aggraver. Certains
analystes, dont ceux de Goldman
Sachs, prévoient un recul de la
consommation mondiale sur
l’ensemble de 2020. « Personne ne
connaît l’intensité de l’impact du
virus sur la demande, ni combien de
temps durera l’épidémie, même si
l’activité chinoise montre des signes
de reprise progressive » , soulignent
les analystes d’Energy Aspects.
Pour eux, le sommet de l’Opep vise
surtout à « fixer un prix plancher »
pour le brut en enrayant la chute,
et non à provoquer un rebond des
cours. « Alors que les stocks mon-
diaux gonflent de jour en jour, cette
réunion n’aboutira pas à ses mesu-
res suffisantes pour équilibrer le
marché » , estime Rystad Energy.n

Vi ncent Collen
@VincentCollen

Au x grands maux les grands
remèdes. L’Opep a décidé de frap-
per fort, jeudi, pour stopper la
chute des cours du pétrole provo-
quée par la crise sanitaire. Quitte à
forcer la main de son allié russe.
Les 13 pays exportateurs propo-
sent de réduire leur production de
1,5 million de barils par jour jus-
qu’à la fin juin, soit environ 1,5 % de
la production mondiale. Cette pro-
position doit encore être approu-
vée par la Russie et neuf autres
Etats alliés au cartel depuis trois
ans. L’Opep assumerait les deux
tiers de l’effort (1 million de barils),
le solde (un demi-million) reve-
nant aux dix autres pays.
« La recommandation de l’Opep
envoie un message fort au marché,
décrypte Ann-Louise Hittle, ana-
lyste chez Wood Mackenzie. Elle
montre que le groupe de produc-
teurs compte sérieusement s’atta-
quer aux excédents. » Les 1,5 mil-
lion de barils s’ajouteraient aux
2,1 millions qui ont déjà été retirés
du marché depuis le début de
l’année. Au total, l’offre mondiale
serait ainsi amputée de quelque
3,6 millions de barils.

La Russie moins
dépendante du pétrole
Les marchés ont mollement réagi.
En fin d’après-midi, le brent cédait
0,4 %, à moins de 51 dollars le baril.
Les cours ont chuté de 24 % depuis
le début de l’année. Car la réponse
de Moscou, indispensable pour
que l’accord entre en vigueur, ne
devrait pas intervenir avant ce
vendredi. Le Kremlin acceptera-
t-il une réduction d’une telle

Les 13 pays exportateurs
proposent à leur allié
russe de réduire la
production de 1,5 million
de barils par jour pour
enrayer la chute des cours
du brut. L’accord de
Moscou se fait attendre.

L’ Opep tente de frapper


un grand coup


De New York à Paris, les banques

accélèrent leurs plans de secours

Anne Drif,
et Romain Gueugneau


La première place financière euro-
péenne est touchée au cœur. HSBC
a dû évacuer jeudi matin des dizai-
nes de ses employés du pouls finan-
cier de Londres, au dixième étage
de son immeuble de Canary Wharf.
Un édifice de verre qui héberge
10.000 salariés.
L’alerte est venue d’un analyste
recherche déclaré positif au coro-
navirus la nuit précédente. Dans la
foulée, la banque sino-britannique
a demandé aux salariés entrés en
contact avec lui de t ravailler d e chez
eux. Si elle est logée au dixième
étage, l’équipe de recherche tra-
vaillait en étroite collaboration avec
les équipes de trading du quatrième
étage pour conseiller des clients
institutionnels ou vendre des titres.
« Nous nettoyons l’étage en pro-
fondeur o ù nos c ollègues t ra-
vaillaient et partageaient l’espace »
,
mais « sur la base des conseils médi-
caux et officiels, l’immeuble reste
ouvert et opère de manière nor-
male »
, a déclaré la banque.


Les banques françaises
à la manœuvre

S’il s avaient déjà limité les déplace-
ments, tous les grands établisse-
ments s e hâtent de mettre en œuvre
leurs plans de secours. Les salariés
sont confinés dans des environne-
ments dédiés ou travaillent à domi-
cile. « Nous sommes en train d’aug-
menter le rythme de nos tests face au
coronavirus »
, déclare ainsi Gold-
man Sachs.
Jeudi, la banque américaine
transférerait une partie de ses équi-


pes de t rading vers un immeuble d u
sud de Londres, rapporte le
« Financial Times ». JP Morgan, C iti
et Morgan Stanley se préparent à
transférer eux aussi une partie de
leurs effectifs vers des sites de
secours d ans différents quartiers de
Londres et de New York. Une
grande banque américaine à Paris
fait de même.

Des régulateurs à l’écoute
Alors que la Banque centrale euro-
péenne a demandé aux banques
d’avoir des plans de secours, les
banques françaises sont également
à la manœuvre. « Nous mettons en
place en France les mêmes rotations
d’ équipes qu’à Hong Kong pour cer-
taines fonctions » , explique une p or-
te-parole de Natixis. Plus de 80 %
des collaborateurs sont également
équipés d’outils leur permettant de
travailler depuis leur domicile.
« Les opérateurs de marché à Hong
Kong peuvent travailler à distance et
le même dispositif sera prochaine-
ment déployé en France, avec un
niveau de sécurité identique à celui
disponible lorsqu’ils sont a u
bureau. » Crédit Agricole CIB dit
« avoir pris des mesures de précau-
tion. Il s’agit notamment de répartir
les équipes sur d es sites distincts dans
les activités de marché ».
Le dirigeant d’une autre banque
française abonde. « A Hong Kong,
on limite les contacts entre les per-
sonnes qui travaillent à différents
étages, pour les mélanger le moins
possible et éviter tout risque de pro-
pagation » , dit-il. Certaines équipes
sont ainsi coupées e n deux, avec des
horaires de travail distincts. Mais
« on ne peut pas tout faire à distance
non plus. Certains produits nécessi-
tent une infrastructure technique et
une organisation spéciales ».

Traiter des opérations de mar-
ché à domicile pose en effet des pro-
blèmes de sécurité et de contrôle, à
partir des accès Internet person-
nels. « Nous avons enregistré un
quasi-doublement des messages et
une multiplication par plus de qua-
tre des volumes de fichiers échangés
depuis le déclenchement de la crise
du coronavirus en Asie » , constate
ainsi David Gurlé, le fondateur de la
messagerie cryptée Symphony, un
concurrent de Bloomberg. Ses ser-
vices sont utilisés par 336 grandes
banques dans le monde et offrent

un accès de n’importe quel point
connecté. Les établissements veu-
lent parer à toute éventualité. Selon
le « FT », les banques américaines
ont demandé à leurs superviseurs
d’assouplir les règles de
surveillance du trading à distance.
« Sur la question d u trading,
nous n’avons jamais réglementé cela,
même si nous serions enclins à
recommander que ce soit très préci-
sément encadré et contrôlé par les
établissements qui l’autorise-
raient », commente de son côté
l’ACPR.n

lHSBC a déclenché un plan d’évacuation de son immeuble de Londres après la déclaration d’un cas positif


au coronavirus dans ses équipes de recherche.


lLes grandes banques multiplient les stratégies de confinement.


HSBC a dû évacuer jeudi matin des dizaines de ses employés du pouls financier de Londres, au dixième étage de son immeuble
de Canary Wharf. Un édifice de verre qui héberge 10.000 salariés. Photo Kevin Coombs/Reuters

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Vendredi 6 et samedi 7 mars 2020 Les Echos

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