4 |international MARDI 3 MARS 2020
0123
En Californie, la bataille
pour la deuxième place
du Super Tuesday
Derrière Sanders, la lutte est intense pour
passer les 15 % et obtenir des délégués
san francisco correspondante
L
a Californie a longtemps été
négligée dans le processus
de désignation du candidat
démocrate à l’élection présiden
tielle. Les primaires s’y tenaient
tard dans la saison, les jeux
étaient faits bien avant. Les élec
teurs voyaient les candidats pas
ser en coup de vent, généralement
pour des collectes de fonds à Hol
lywood ou dans la Silicon Valley.
En 2016, la primaire avait eu lieu
le 7 juin. Elle avait été remportée
par Hillary Clinton devant Bernie
Sanders (53 %46 %) dans une qua
siindifférence, l’exFirst Lady
étant assurée de se qualifier grâce
au soutien des superdélégués.
Pour l’élection 2020, les démocra
tes de Californie ont voulu peser
dans le processus de sélection. En
septembre 2017, l’Assemblée de
l’Etat a adopté un texte avançant
le scrutin de trois mois : la « loi sur
la primaire en prime time ».
Le 3 mars, il sera difficile d’igno
rer la Californie, même si les ré
sultats tomberont probablement
bien après les programmes en
prime time. Le Golden State est le
géant du Super Tuesday ; 415 délé
gués doivent être désignés, soit
plus de 30 % du total en jeu ce
jourlà (1 357). Les experts s’atten
dent à une participation de quel
que 10 millions d’électeurs
(8,5 millions en 2016). Selon le se
crétaire d’Etat de la Californie,
Alex Padilla, responsable de l’or
ganisation du scrutin, 40 % d’en
tre eux ont déjà renvoyé leur bul
letin en profitant de la procédure
de vote anticipé.
Sortie de rockstar pour Sanders
Bernie Sanders est en terrain
conquis. Dans un Etat aussi pro
gressiste (Hillary Clinton a de
vancé Donald Trump de 4,2 mil
lions de votes), le sénateur du
Vermont jouit d’une aura non
démentie. En 2016, 79 000 per
sonnes avaient même voté pour
lui à la présidentielle, inscrivant
son nom dans la catégorie « indé
pendant », bien qu’il ait aban
donné sa candidature. Le dernier
sondage du Public Policy Insti
tute of California lui attribue 32 %
des voix. Il est suivi par l’ancien
viceprésident Joe Biden (14 %), la
sénatrice du Massachusetts Eli
zabeth Warren (13 %) et l’ancien
maire de New York Michael
Bloomberg (12 %).
Le message du candidat « socia
liste » résonne particulièrement
dans un Etat où certaines des
plus grandes fortunes du monde
côtoient une population étran
glée par la crise du logement, au
point que les villes ont com
mencé à ouvrir des parkings
pour que les « working poors »,
les travailleurs pauvres, puissent
dormir dans leur voiture.
A San José, au cœur de la Silicon
Valley – « l’autre Silicon Valley », a
souligné Ro Khanna, élu de la Ca
lifornie au Congrès, celle des
ouvriers latinos de la construc
tion et des emplois précaires –,
Bernie Sanders a signalé qu’il
n’avait pas l’intention d’arrondir
les angles pour amadouer les cen
tristes. « Le candidat qui gagnera
en Californie sera probablement
celui qui remportera l’investiture
démocrate, atil lancé. Chan
geons la culture politique des
EtatsUnis. Faisons en sorte d’avoir
la plus grande participation dans
l’histoire de la Californie. »
Sa voix a été submergée sous les
vivats : « Bernie! Bernie! » Après
une sortie de rockstar sur le mor
ceau Power to the People, de John
Lennon, le sénateur de 78 ans est
parti pour l’étape suivante ; un
meeting de 17 000 personnes à
Los Angeles, ouvert par le rappeur
Chuck D, de Public Enemy.
Bernie Sanders craint néan
moins de pâtir du système de pri
maires qui, en Californie, impose
aux indépendants – ces électeurs
qui ne déclarent aucune préfé
rence lors de leur inscription sur
les listes électorales – de deman
der expressément à participer au
scrutin. Selon les estimations, ils
sont 5 millions dans l’Etat et tous
n’ont pas fait la démarche à temps.
« Adresse à la nation »
Derrière le sénateur du Vermont,
la bagarre est intense pour obte
nir 15 %. Selon le règlement du
Parti démocrate, qui n’obtient
pas 15 % est éliminé de la réparti
tion des délégués. Parmi ses
415 délégués, la Californie dis
pose de 144 sièges à répartir au
niveau de l’Etat, et 271 autres al
loués aux candidats circonscrip
tion par circonscription. Si Ber
nie Sanders est le seul à dépasser
le score de 15 %, grâce à l’émiette
ment du centre, il sera gratifié
des 144 délégués de l’Etat. La
même configuration pourrait se
reproduire dans les circonscrip
tions. M. Sanders pourrait ga
gner une large majorité des délé
gués sans avoir une majorité des
voix comparable.
Elizabeth Warren, qui était en
tête début janvier dans le Golden
State, a perdu du terrain après
s’être métamorphosée de candi
date surqualifiée, ayant « un
plan » pour tout, à belligérante
ne laissant rien passer. Joe Biden,
qui a reçu le soutien du maire de
Los Angeles Eric Garcetti, espère
récupérer les voix de Pete Butti
gieg, le jeune centriste qui a
abandonné la course lundi. S’il
n’est pas trop tard : 46 % des élec
teurs ont déjà voté.
Michael Bloomberg, lui, joue
son vatout. Il a reçu le soutien de
deux maires afroaméricains :
London Breed, à San Francisco, et
Michael Tubbs, 29 ans, figure
montante du Parti démocrate, à
Stockton. Il a dépensé 60 millions
de dollars en publicités vantant
son expérience à la mairie de New
York et son enfance dans une fa
mille modeste du Massachusetts.
M. Bloomberg est celui qui s’est
emparé le plus vite du thème de
l’impréparation de l’administra
tion Trump contre le coronavirus.
Dimanche soir, il s’est offert trois
minutes de publicité sur les chaî
nes grand public NBC et CBS, un
message qualifié « d’adresse à la
nation » comme s’il était déjà pré
sident. Il rappelle au passage qu’il
finance la faculté de santé publi
que de l’université Johns Hopkins
de Baltimore. Et déclare que le
premier devoir d’un président est
de « rassurer ».
corine lesnes
Les rebelles contreattaquent à Idlib
dans le sillage des frappes turques
Les forces d’Assad perdent du terrain, alors que la Russie est restée en retrait depuis jeudi
beyrouth correspondant
C
omme un boomerang,
l’attaque aérienne qui a
causé la mort de trente
trois soldats turcs, jeudi 27 février,
dans la province d’Idlib, se re
tourne contre le camp loyaliste.
Non seulement les représailles
d’Ankara ont infligé de très lour
des pertes, humaines et matériel
les, à l’armée syrienne et à ses sup
plétifs, mais elles ont permis aux
rebelles antiAssad, qui avaient
perdu beaucoup de terrain ces
dernières semaines dans leur der
nier réduit, de repartir à l’offen
sive. Cette contreattaque bénéfi
cie pour l’instant du feu vert im
plicite de la Russie, protectrice du
régime Assad et arbitre du chaos
syrien, dont l’aviation est restée
en retrait depuis jeudi.
Selon l’Observatoire syrien des
droits de l’homme, la pluie de
missiles lâchés par les batteries
d’artillerie et les drones turcs sur
les positions progouvernemen
tales ont fait plus d’une centaine
de mor ts en trois jours.
Parmi ces victimes figurent
vingt et un miliciens chiites pro
iraniens, membres des brigades
Zeinabiyoun et Fatemiyoun,
composées respectivement de
Pakistanais et d’Afghans. Ces
hommes ont été enterrés diman
che, en Iran.
La milice libanaise Hezbollah,
autre béquille des forces réguliè
res syriennes, de retour sur le
champ de bataille après plusieurs
mois d’éclipse, a perdu pour sa
part au moins douze combat
tants. Il s’agit d’une des journées
les plus sanglantes pour le mouve
ment, depuis son déploiement en
Syrie, en soutien des troupes régu
lières, en 2012. Les funérailles de
ces hommes ont donné lieu à un
vaste rassemblement de militants
et de sympathisants du parti de
Dieu, dimanche, dans la banlieue
chiite de Beyrouth.
Violents troubles
« Des centaines de positions, de
blindés et d’installations de l’ar
mée syriennes ont été touchées
avec succès, a commenté, sur
Twitter, Danny Makki, un analyste
syrien indépendant. C’est une ca
tastrophe pour l’armée syrienne,
qui a démontré une incapacité
complète à contrer les drones trucs
et qui paraît maintenant paralysée
à Idlib. » Dimanche, une colonne
de blindés, envoyée en renfort
vers le champ de bataille, a été no
tamment anéantie par des tirs
provenant d’avions sans pilote
turcs. Dixneuf soldats syriens ont
péri dans les explosions. « Nous
sommes obligés de dissimuler les
véhicules militaires et de réduire au
strict minimum les déplacements
sur les lignes de front, témoigne le
journaliste russe Evgeni Poddub
nii, de la chaîne Russia24, embar
qué dans la région d’Idlib avec les
troupes russes. Les drones turcs
travaillent jour et nuit. Tout est de
venu plus dur. A moins que le ciel
soit débarrassé de ces drones, il
sera difficile pour l’armée syrienne
de tenir le terrain », ajoute l’envoyé
spécial, dans une vidéo postée sur
la messagerie Telegram.
De fait, les rebelles, un agrégat
de factions, dominé par le groupe
djihadiste Hayat Tahrir AlCham,
n’ont pas tardé à profiter de
l’aubaine. Dans un mouvement
très probablement coordonné
avec l’armée turque, les antiAs
sad ont regagné une quinzaine de
hameaux et de villages du djebel
Zawiya, une région montagneuse
du sud de la province d’Idlib,
qu’ils avaient abandonnée quel
ques jours plus tôt.
« A la minute où l’aviation russe
disparaît du ciel, on s’aperçoit que
les forces proAssad n’arrivent pas
conserver leurs gains territoriaux,
observe Sinan Hatahet, un com
mentateur proche de l’opposi
tion. Les dynamiques du début de
l’insurrection réapparaissent. » Le
sursaut rebelle à Idlib se double
de violents troubles dans la pro
vince de Deraa, à la pointe sud de
la Syrie. Des hommes armés y ont
mené, durant le weekend, plu
sieurs attaques contre des posi
tions de l’armée, obligeant celleci
à déployer des tanks dans la ville
de Sanamayn.
Bien que reconquise en juillet
2018 par les proAssad, la région
de Deraa reste un foyer d’instabi
lité récurrent. En vertu de l’accord
de reddition patronné alors par la
Russie, de nombreuses localités
ont pu conserver une forme
d’autonomie, ce qui a permis aux
factions rebelles de garder une
partie de leur arsenal.
Les opposants redoutent que
l’embellie soit de courte durée.
Les Russes sont sous la pression
de leurs alliés syrien et iranien
pour couper court à la démons
tration de force d’Ankara. « Cet
Erdogan est un fou, fulmine Taleb
Ibrahim, un analyste prorégime,
joint par téléphone à Damas. Il
veut déclencher une guerre régio
nale avec la Russie et l’Iran. S’il
continue à pousser et que l’armée
syrienne ne parvient pas à défen
dre son territoire, Moscou sera
obligé de réagir. »
benjamin barthe
La riposte militaire et migratoire
d’Erdogan, acculé en Syrie
La Grèce a refusé ce weekend le passage des réfugiés massés à sa frontière
istanbul correspondante
M
ettant sa menace à
exécution, le prési
dent turc, Recep
Tayyip Erdogan, a
ordonné, dimanche 1er mars, l’in
tensification des frappes aérien
nes sur la province d’Idlib, dans
le nordouest de la Syrie, afin de
venger la mort de ses soldats.
Une contreattaque qui bénéficie
pour l’instant d’un feu vert im
plicite de la Russie, qui contrôle
le ciel syrien et qui est restée en
retrait.
Le président turc doit se rendre
jeudi 5 mars à Moscou pour discu
ter avec Vladimir Poutine de l’esca
lade des tensions dans la région.
« Ce sera sans aucun doute une ren
contre difficile, mais les chefs d’Etat
confirment leur volonté de régler la
situation à Idlib », a déclaré diman
che le porteparole du Kremlin,
Dmitri Peskov.
La Turquie a perdu cinquante
quatre militaires en février, dont
trentetrois ont été tués jeudi, au
cours d’une frappe aérienne me
née par des avions syriens et rus
ses. En représailles, une nouvelle
opération militaire, nommée
« Bouclier de printemps », a été
lancée. Elle vise à récupérer la
dernière poche de la rébellion,
enjeu d’une bataille acharnée en
tre les forces loyales à Bachar Al
Assad, soutenues par la Russie, et
les rebelles syriens épaulés par la
Turquie.
Dimanche matin, l’aéroport mi
litaire de Nayrab, non loin d’Alep, a
été lourdement bombardé par des
drones turcs. Au cours de cette at
taque, un des appareils a été
abattu. Peu après, la Turquie a ef
fectué, depuis sa province du Ha
tay, limitrophe de la Syrie, des tirs
de missiles antiaériens, abattant
deux avions de combat syriens
Soukhoï Su24 et détruisant plu
sieurs systèmes de défense aé
rienne. En raison de ces tirs, les
compagnies turques ont dû inter
rompre leurs vols commerciaux
vers le Hatay.
Parallèlement, la Syrie a an
noncé la fermeture de l’espace aé
rien aux avions et aux drones, sus
ceptibles désormais d’être abattus
sans sommation. Selon des ex
perts militaires à Istanbul, les dro
nes turcs pouvaient jusqu’ici voler
dans le ciel d’Idlib. Leur présence
était prévue par les accords de Sot
chi, conclus en 2018 entre les pré
sidents Poutine et Erdogan.
L’offensive déclenchée par
M. Erdogan est double, militaire à
Idlib, humanitaire le long des
frontières occidentales de la Tur
quie, vers lesquelles des milliers
de réfugiés ont convergé ces der
niers jours. Ces derniers sont mus
par l’espoir d’entrer en Grèce, que
ce soit par voie terrestre, via la ville
d’Edirne en Thrace orientale, tout
près de la Grèce et de la Bulgarie,
ou maritime depuis les côtes de la
mer Egée vers les îles grecques.
La vengeance d’Erdogan
Furieux du manque de soutien de
l’OTAN et de l’Union européenne
à sa campagne de Syrie, le prési
dent turc se venge en essayant de
renvoyer vers le Vieux Continent
une partie des réfugiés actuelle
ment hébergés sur le sol turc, soit
plus de 4 millions de personnes
dont 3,6 millions de Syriens.
Délivré au plus haut niveau de
l’Etat, le message est sans détour.
« Nous avons modifié notre politi
que, nous n’empêcherons pas les ré
fugiés de quitter la Turquie.
Compte tenu de nos ressources et
de notre personnel, limités, nous
sommes rivés sur la marche à sui
vre pour parer à un nouvel afflux
venu de Syrie au lieu d’empêcher
ceux qui ont l’intention de migrer
vers l’Europe », a rappelé, diman
che, Fahrettin Altun, le chef de la
communication de la présidence.
Ce revirement inquiète les diri
geants européens. La présidente
de la Commission européenne,
Ursula von der Leyen, a exprimé,
samedi, sa « préoccupation » face à
un éventuel afflux de migrants
vers la Grèce et la Bulgarie. « Nous
sommes prêts à fournir un appui
supplémentaire, notamment par
l’intermédiaire de Frontex [l’Agence
européenne de gardefrontières et
de gardecôtes] aux frontières ter
restres », atelle affirmé.
Partis de différentes villes de
Turquie par bus, minibus, taxi et
parfois même à pied, des milliers
d’hommes, de femmes et d’en
fants, pour beaucoup des ressor
tissants afghans, ont décidé de
tenter l’aventure, convaincus par
les officiels, par les médias au ser
vice du pouvoir et par les réseaux
sociaux, que les portes de l’Eu
rope leur sont ouvertes.
La voie terrestre est la plus fré
quentée. Treize mille personnes
au moins étaient massées, sa
medi soir, le long de la frontière
turcogrecque, longue de 204 ki
lomètres, selon l’Organisation in
ternationale pour les migrations.
Le plus souvent, elles sont arri
vées là avec l’aide des municipali
tés dirigées par l’AKP, le parti isla
moconservateur au pouvoir, les
quelles ont été promptes à orga
niser le transport.
Dimanche aprèsmidi, dans le
quartier historique de Fatih, à Is
tanbul, tenu par l’AKP, des centai
nes de migrants, ont embarqué à
bord de bus flambant neufs, garés
en file indienne à quelques centai
nes de mètres du bâtiment qui
abrite la préfecture de police. « Des
associations syriennes ont payé », a
confié un jeune Syrien originaire
d’Alep, qui, après quatre ans passés
en Turquie, a décidé de se lancer,
espérant « aller jusqu’à Berlin ».
Cependant les bus ne vont qu’à
Edirne et, après avoir marché jus
qu’au postefrontière de Pazarkule
(Kastanies côté grec), la désillu
sion est grande. La traversée du
poste turc se fait facilement, mais
les migrants se font refouler côté
grec, ce qu’ils n’avaient pas prévu.
La situation est particulièrement
tendue à Pazarkule, dont l’accès,
côté turc, vient d’être fermé aux
journalistes. Ces derniers ont
filmé sans relâche, samedi, les
heurts survenus entre les mi
grants et la police grecque, quand
de jeunes hommes, bloqués dans
la zone tampon, ont allumé des
feux et jeté des pierres sur les poli
ciers et les militaires grecs en fac
tion de l’autre côté. En représailles,
les forces de l’ordre ont fait usage
de gaz lacrymogènes et de grena
des assourdissantes.
Peu d’arrivées par la mer
Décidés à tenter le tout pour le
tout, certains se risquent à tra
verser le fleuve Evros, qui sépare
la Turquie de la Grèce. Quand ils y
parviennent, ils sont interpellés
à coup sûr. Plusieurs dizaines de
personnes se sont ainsi fait arrê
ter par les gardefrontières grecs,
dont les patrouilles ont été ren
forcées.
Les tentatives de passage via la
mer Egée sont moins nombreu
ses. Selon Athènes, environ cinq
cents personnes sont arrivées de
Turquie par canot pneumatique
dimanche aprèsmidi, à Lesbos
surtout. Dans cette île aux capa
cités d’accueil largement dépas
sées, des résidents locaux en co
lère ont refusé d’autoriser les
nouveaux arrivants – y compris
les familles avec de jeunes en
fants et des bébés – à débarquer
de leur canot.
marie jégo
La présidente
de la Commission
européenne
a exprimé sa
« préoccupation »
face à un
éventuel afflux
de migrants
P R I M A I R E S D É M O C R A T E S
LES EXPERTS S’ATTENDENT
À UNE PARTICIPATION
DE QUELQUE 10 MILLIONS
D’ÉLECTEURS, CONTRE
8,5 MILLIONS EN