Dossier Apoptose

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la vérité... Il se rendit compte brutalement que sa présence était un

paradoxe. Mais il était trop tard pour reculer, Tardieu venait de le

rejoindre.

Tout sourire, décontracté, il vint s’asseoir à côté de Joubert.

— Bien! Nous serons à l’antenne dans sept minutes. Je

commencerai par expliquer le thème de ce soir puis je vous présenterai

et ensuite, avant d’entrer dans le vif du sujet, nous accueillerons un

contradicteur, vous savez que c’est le principe de l’émission, il s’agit

du Professeur Barnadel.

À ce nom, Joubert eut grand mal à réprimer sa réprobation. Il

s’attendait à être confronté à un contradicteur mais il n’aurait jamais

pensé être face à Jean-Bernard Barnadel. C’était un de ces pseudo-

scientifiques du CNRS qui obtiennent leur poste par « publications

itératives » dans les revues à comité de lecture.

Il avait publié un nombre incalculable de résultats copiés sur

les travaux des autres. Il avait même écrit des rapports totalement

inventés. Il se présentait en spécialiste des épidémiologies. En fait

c’était un « chercheur » qui était absolument nul. Sans aucun talent,

il avait su progresser dans ce monde d’intrigues en allant toujours

dans le sens de la hiérarchie et des relais d’influences au sein du

CNRS, institution qui pourtant aimait se présenter en structure de

haute qualité.

Il devait jubiler à l’avance de se faire valoir en public contre

Joubert! Alain ne le craignait pas, mais il fallait s’attendre à beaucoup

de mauvaise foi!

Le « top » de début arrivait, les cameramen se mettaient en position,

le journaliste prenait la pose, l’indication « On air » s’alluma. C’était

parti!

Resté seul, Alain examina ce que lui avait laissé Tardieu :

**_- Quels arguments permettent de suspecter une machination
étatique à partir de vos recherches?

• Quelles preuves a-t-on de l’impact réel sur la durée de vie?


• Pourquoi avez-vous été licencié?


• Etc._**

Toutes les questions obligeaient de se justifier, aucune ne posait le

vrai problème de savoir si le programme en question était en cours de

mise en place ou non, et, si oui, quelles en seraient les conséquences.

— Monsieur Joubert? Vous venez s’il vous plaît?

Alain suivi la maquilleuse jusqu’à la loge. C’était bien la première

fois qu’il « se maquillait »! Mais il fallait bien en passer par là. La

jeune femme était assez bavarde et il n’avait pas envie de parler. Il

avait besoin de penser. Il dut lui paraître très impoli mais c’était le

dernier de ses soucis!

Lorsqu’il pénétra sur le plateau, il fut complètement ébloui

par la gabegie de lumière. Au bout de quelques instants ses yeux

s’adaptèrent et il put distinguer le studio.

Pendant qu’un technicien lui mettait son micro-cravate, il

parcourut la pièce du regard. Les parois délimitant l’espace étaient

de couleur pastel soulignée de courbes plus vives, le plafond occupé

par les portiques était jonché de projecteurs. Au centre, les fauteuils

étaient cernés par un rail en demi-cercle sur lequel circulait une

caméra télécommandée depuis la régie.

Pour compléter cette « arène », un prompteur faisait face au

présentateur et, au-delà, une trentaine de sièges étaient disposés en

gradins. Cette débauche technique et les décors, c’était pour lui,

comme une usine pour bonimenteurs. Et pourtant il était là pour dire