Dossier Apoptose

(Vadim Doro1J7ucA) #1

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Lucas regardait le corps. Il ne laissait jamais ses émotions transparaître
tellement sa vie professionnelle l’avait confronté aux drames. Le policier
pouvait prendre son calme apparent pour de l’indifférence ingrate mais
son attitude cachait en réalité un bouleversement profond.
En quelques secondes il revoyait son enfance, sa mère jeune, leurs
disputes lorsqu’il était adolescent. Les regrets, aussi, de l’avoir tant
négligé, plus tard, quand il était lancé dans sa vie effrénée de journaliste
globe-trotter. Les larmes vinrent malgré ses efforts pour les refréner. Il
les essuya discrètement et commença à regarder autour de lui.
Tout était dévasté. Tout avait été fouillé. Les tableaux avaient été
décrochés, les tiroirs sortis et vidés par terre. Les photos de famille,
les courriers, les effets personnels gisaient en vrac sur le sol. Les
coussins des canapés du salon et le matelas de la chambre étaient
éventrés. Par contre, il n’y avait pas de tags, apparemment pas de
vandalisme.
Ces gens-là cherchaient quelque chose, pensa-t-il. Il se dirigea
vers le secrétaire Louis XVI et compris tout de suite. Le meuble était
« explosé », en morceaux! Derrière, le petit coffre était ouvert, vide!

Un des enquêteurs s’approcha :
— Le motif est le vol, c’est évident! Plusieurs cambriolages ont
été enregistrés dans les immeubles luxueux du centre-ville ces trois
derniers mois. Une bande bien organisée, mais nous mettrons la main
dessus! Elle avait des bijoux dans ce coffre?

— Quelques-uns...

— Vous pourrez venir au commissariat pour la déclaration s’il
vous plaît? Voici mes coordonnées. Toutes mes condoléances!

Des brancardiers étaient en train d’évacuer la dépouille. Lucas
voyait sa mère partir, un pan de sa propre vie s’en allait. Il se
sentait très las.

***


Dans toute l’Europe, la presse se déchaînait. Les tabloïdes Anglais
sortaient des titres énormes.
En Belgique, l’article de Lucas Kuiper avait fait l’effet d’une
bombe mais seul un petit quotidien régional Wallon avait repris
le sujet avec une approche critique raisonnée sur les dépêches de
Singapour Press et Reykjavik Network.
En France, un seul organe de presse avait traité le « Projet
Apoptose » comme digne d’intérêt. La plupart des autres journaux
Européens, étant subventionnés par les états, concluaient au complot
ourdi par des paranoïaques.

Sur les réseaux sociaux, les gens se déchaînaient. C’était un
déluge de protestations plus ou moins agressives. Certains étaient
prêts à faire une nouvelle révolution. D’autres se déclaraient disposés
à descendre dans les rues.

Mais, à ce moment, Lucas était inquiet pour une autre raison : La
police l’avait prié de se rendre au domicile de sa mère. Le Tram lui
semblait bien lent. Jamais il n’avait remarqué qu’il y avait autant
d’arrêts sur cette ligne!

Depuis le seuil, il aperçut l’incroyable désordre. Un policier controla
ses papiers et le conduisit dans le salon. Sa mère était allongée, face
contre le tapis, sans vie.

— Probablement un cambriolage. Il n’y a pas de traces
d’effraction. Le ou les intrus se sont fait ouvrir la porte sous un faux
prétexte, vérification du compteur ou autre. Ils ont dû l’immobiliser
pour fouiller l’appartement. Son cœur n’a pas résisté. Désolé.
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