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33Selon les témoignages, trois Européens avaient été vus au monastère
Ganden Jangtsé à Mundgod, dans la province du Karnataka. Après
un voyage éreintant, ils arrivèrent enfin au but.
Les trois Français étaient là, parfaitement à l’aise et décontractés!
Ils ne parurent pas surpris de voir Alain et le journaliste. Au contraire,
ils les accueillirent avec une joie communicative.
Ils étaient logés dans un très grand appartement mis à leur
disposition dans une aile du bâtiment. Le vaste salon était meublé
de larges sofas et un piano à queue d’un autre âge occupait le centre
de la pièce.— Soyez les bienvenus! Asseyez-vous et reposez-vous. Désirez-
vous des boissons?La curiosité de l’homme de presse le taraudait :— Du Thé, merci! Mais que faites-vous dans ce coin perdu?— Nous cherchions un endroit tranquille— Mais pourquoi ici?— Parce qu’ici règnent la tolérance, la sérénité qui
permettent de prendre du recul. Nous avions besoin tous les trois de
réfléchir posément sur nos origines. On en avait marre des préjugés,
des gens intelligents, des réunions, des conventions, des préventions,
des sollicitations, des versions de traduction, bref, de la population !!— Et vous pensez rester combien de temps?— On ne sait pas! Peut-être longtemps!— Mais vos familles!Il relu longtemps cette phrase, puis, délaissant sa divagation,
referma le cahier et revint au concret : Il fallait absolument qu’il
trouve un autre appartement. Consulter les annonces immobilières
l’ennuyait. Suzanne lui avait promis de chercher pour lui, bien qu’elle
préférât qu’il vienne chez elle.Il était déjà 23 heures et il se sentait très seul. Malgré l’heure
tardive il l’appela.
— Excuse-moi de te déranger Suzy mais est-ce que je pourrais
venir chez toi ce soir? Je ne me sens pas très bien!
— Bien sûr!
— Je vais prendre le bus. De nuit, c’est moins surveillé que le
métro.
— Je t’attends. Ne sonne pas, Cédric dort. Tu te souviens du
code? Tu as ta clé?
— Oui, à tout de suite.***Gros titres de la presse : Trois paléontologues de la faculté de
Lille section EVO-ECO-PALEO de Villeneuve-d’Ascq ont disparu!
Depuis une semaine, ils n’ont pas assuré leurs cours et ne sont pas
revenus chez eux! Ces hommes passionnés avaient parcouru le
monde entier, travaillant inlassablement sur des sites répartis sur
tous les continents.
Leurs thèses sur les origines de la race humaine avaient bouleversé
les théories admises jusque-là et leur avaient valu pas mal d’inimitié
dans ce milieu de spécialistes.
Contacté par un ami journaliste, Alain accepta volontiers de faire
l’enquête avec lui car il connaissait cette équipe qu’il appréciait
beaucoup pour son franc parlé.
En quelques semaines leur recherche les orienta vers le Tibet. Une
fois sur place, il ne fut pas trop difficile de retrouver leurs traces.